Comment allier numérique et jeu de cartes pour intégrer des notions scientifiques ? Sylvain Caberty, professeur de SVT au collège Corneille de Tours (37) et Thomas Gualdi, professeur de SVT et illustrateur scientifique à Belfort (90) ne manquent pas d’inspiration. Ces enseignants ont conçu un plateau de jeu utilisable au collège pour « structurer les connaissances des élèves » à propos de la tectonique des plaques. En lien avec le logiciel en ligne Tectoglob 3D, ce jeu de 40 cartes permet aux élèves de travailler sur différents sites géologiques. Les collégiens deviennent « de vrais chercheurs d’informations avec une rigueur que l’on ne retrouve pas forcément d’habitude », remarque Sylvain Caberty.
En quoi consiste ce jeu de cartes Tecto’logic ? A qui s’adresse-t-il ?
Tecto’logic est une production APBG (Association des professeurs de biologie et de géologie) sous la forme d’un jeu de cartes permettant de travailler sur les observations/arguments des phénomènes se déroulant au niveau des limites de plaques tectoniques. Il est associé à un logiciel libre Tectoglob3D.
Une première version de ce jeu a été faite il y a quelques années pour travailler avec Tectoglob de Jean-François Madre, une version rudimentaire pour mes élèves. Quand Philippe Cosentino de l’académie de Nice a sortie en 2019, Tectoglob3D, je me suis dit qu’il fallait entièrement revoir le jeu. J’ai donc demandé à un collègue qui avait déjà fait des dessins dans la campagne #ChoisisSpéSVT en 2018-2019 de m’aider à réaliser les illustrations de ce nouveau jeu.
Le jeu se compose de 40 cartes « observation » qui sont en fait des éléments que l’on trouve dans le logiciel, d’une carte des plaques tectoniques mondiales et d’un plateau de jeu sur lequel ils doivent déposer les cartes. Il s’adresse clairement aux collégiens de cycle 4.
Dans quel esprit l’avez-vous conçu ? Pour quels objectifs ?
Depuis plus de 10 ans, je conçois et utilise des jeux de cartes avec mes collégiens et à chaque fois, cela fonctionne ! Ils travaillent en jouant ou jouent et travaillant. Le plaisir est présent et cela permet souvent de fixer des notions qu’une activité plus traditionnelle n’aurait pas réalisées.
Les objectifs pédagogiques sont détaillés après mais clairement, l’objectif numéro un est de motiver les élèves grâce à une activité différente.
Quel est le rôle de l’enseignant pendant le jeu ?
Il faut expliquer le fonctionnement du jeu de cartes, des plateaux et du logiciel Tectoglob3D. L’enseignant a donc une phase d’explications en amont assez importante. En général, on travaille ensemble sur un site géologique.
Quand ils ont bien compris les possibilités et les règles, les élèves sont libres de choisir parmi une dizaine de site définis à l’avance et d’appliquer la même méthodologie au niveau d’un autre relief géologique (dorsale ou fosse océanique, chaine de montagnes). Une fois le plateau complété, ils appellent le professeur pour une vérification des informations trouvées. Ils peuvent ainsi travailler sur plusieurs sites en fonction de leur vitesse d’exécution.
A quel moment les élèves aboutissent à la trace écrite ?
Suite à ma validation des informations trouvées, ils ont devant eux les bonnes observations sous formes de cartes avec des visuels et quelques informations. Ils peuvent donc maintenant rédiger leurs observations, déduire le fonctionnement de ce site géologique et conclure sur la présence d’un relief particulier. Cette phase est facilitée du fait d’avoir fait ce travail sur le jeu avant de rédiger. Avant, j’essayais de le faire directement à partir du logiciel mais c’était beaucoup plus complexe pour les élèves. Cette étape intermédiaire est importante pour structurer leur pensée et la trace écrite est de bien meilleure qualité ! Tout l’avantage d’un jeu !!
Comment vos élèves s’approprient le jeu ? Que retiennent-ils ?
Au début, avant les explications, il faut un certain temps pour appréhender l’utilisation du jeu et d’un logiciel en même temps. Cela fait beaucoup d’informations. Quand ils ont compris, j’ai un grand nombre d’élèves qui sont de vrais chercheurs d’informations avec une rigueur que l’on ne retrouve pas forcément d’habitude. Cette activité arrive en fin de chapitre donc elle leur apprend une méthodologie au niveau de la rédaction, leur montre qu’ils peuvent être en réussite dans certaines activités et les fait travailler en même temps. Cela leur permet de mieux structurer leurs connaissances sur cette partie qui peut sembler complexe au vu des échelles de temps, de surface et de profondeur terrestre. Cela donne du sens aux notions scientifiques vues en amont.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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