Après les nouvelles mesures de durcissement prises par Olivier Véran le 23 septembre pour freiner la diffusion du virus, les allègements de protocole dans les écoles semblent encore plus irréalistes. Sur Twitter des enseignants manifestent leur incompréhension. Des syndicats aussi.
Et du coup rien sur les écoles…
Comment peut-on interdire tout rassemblement de plus de 10 personnes dans une zone et en même temps autoriser l’entassement dans une salle exigüe de plus de 25 personnes toute la journée ? Comment peut on interdire tout rassemblement temporaire de plus de 1000 personnes et réunir régulièrement plus de 1000 élèves et professeurs dans des centaines de lycées ? Ces questions sont posées par des enseignants sur les réseaux sociaux.
» Et du coup rien sur les écoles, collèges, lycées, fac. Donc en zone alerte maximale on continue d’aller à l’école 9h/jour mais pas dans les bars », réagit une principale sur Twitter. « On était 38 par classe avant dans mon lycée et c’est toujours le cas actuellement. On était dans les moins touchés par le virus chez moi on est passé en zone rouge depuis la rentrée des classes et pas avant ». « Magique ? Bars et restaurants considérés comme de hauts lieux de contamination sans doute car aérosolisation maximale et pas de masque en buvant/mangeant. Mais cantines et selfs en écoles, collèges et lycées sans masque en buvant/mangeant… pas de risque. Logique. Ou magique ? », disent des professeurs.
Les syndicats enseignants avaient déjà soulevé le problème avant le tour de vis du 23 septembre. Les propos de JM Blanquer, » Le nouveau protocole va permettre d’avoir moins de classes fermées », le fait que les cas avérés ne soient plus considérés comme porteurs de risque, la réduction des précautions au seul port d’un masque de qualité douteuse, tout cela a suscité des réactions. Ainsi Stéphane Crochet , secrétaire général du Se-Unsa « Les annonces surprises du jeudi soir du ministre de la Santé, les mises à jour de protocole le dimanche soir, ça n’aide pas les professionnels à pouvoir expliquer les décisions ». Dans le Café pédagogique , Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu disait : « C’est comme avec le nuage de Tchernobyl : le virus s’arrête à la porte des écoles. En France on fait l’autruche… On a l’impression d’une navigation à vue dans un but uniquement économique : préserver les entreprises, faire en sorte que leurs salariés viennent travailler ».
« Une gestion cynique »
Des syndicats de personnels de direction montent aussi au créneau. Ainsi ID FO, dans un courrier au ministre du 23 septembre signale des « zones d’ombre » dans les établissements. » Des questionnements subsistent dans les mesures de précaution à prendre lors des cours d’EPS », écrit Franck Antraccoli, secrétaire général… Un grand nombre d’activités d’EPS sont sources de contacts et la plupart ne permettent pas (de) distanciation ». ID FO souligne aussi que les prêts d’AED, qui se multiplient avec la progression de l’épidémie dans les établissements, sont illégaux. Enfin le syndicat demande la pause sur les demandes institutionnelles, notamment PIX.
Le Snupden Fsu, dans un communiqué du 22 septembre, dénonce une gestion « cynique » de la crise sanitaire. » Depuis le mois du juin, les avenants aux protocoles publiés diminuent chaque fois un peu plus les mesures visant à protéger les personnes… Les choix actuels visent à faire fonctionner l’Ecole, coûte que coûte avec des personnels chaque semaine un peu plus désabusés. Il n’y a pas d’argent pour l’Ecole, pas de nouveaux personnels à recruter pour alléger les tâches, rassurer, permettre un meilleur apprentissage ? Il n’y a pas assez de remplaçants ? Pas grave : hop ! On change les règles, le ministre apparaît dans les médias, on adapte les normes sanitaires et on voit si ça tient dans les établissements. Règles et management parfaitement cyniques ».
Réactions inappropriées
Le temps de réagir est probablement venu pour l’institution scolaire. Or les seules réactions diffusées pour le moment semblent inappropriées. Il y a eu le sermon adressé aux AED par la rectrice d’Orléans -Tours. Maintenant c’est la Dasen de Côte d’Or qui sermonne les enseignants. Dans un courrier adressé aux professeurs des écoles le 22 septembre, elle explique « qu’une situation en particulier est fortement porteuse de décisions d’évictions sanitaires… Il s’agit des moments de convivialité qui sont partagés entre collègues ». « Pas de repas à 5 ou 6 sur une même table ». Des contaminations ont probablement lieu à ces occasions mais comment ne pas entendre les risques que pensent prendre les enseignants au quotidien dans leur classe avec des enfants non masqués ?
F Jarraud