« Quand JM Blanquer dit que c’est une rentrée dans la joie, elle s’est certes faite mais dans une forme de gravité ». Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, la première fédération syndicale de l’enseignement, souligne « le déni des besoins des établissements » à cette rentrée. La FSU manifeste ses inquiétudes pour les projets ministériels : réforme de l’éducation prioritaire, « évolution » du métier enseignant, évaluation des établissements.
« On constate un déni des besoins des établissements. Des dénis sociaux… Le ministre ne prend pas la mesure des besoins pour le rattrapage scolaire et des besoins sociaux dans la situation actuelle ». Le bilan de la rentrée présenté par la première fédération syndicale de l’enseignement porte surtout des inquiétudes.
Une analyse critique des dédoublements
Le Snuipp Fsu, syndicat du premier degré, décrypte les effets des dédoublements. « Ce dédoublement des classes de CP et de CE1 s’accompagne d’un encadrement des pratiques et un pilotage de l’enseignement par les évaluations nationales standardisées. Les enseignantes et enseignants sont mis sous pression pour appliquer des prescriptions qui interprètent et réduisent les programmes nationaux, et qui nient la professionnalité de celles et ceux dont la responsabilité est justement de mettre en oeuvre ces programmes », estime le Snuipp. « La note de la DEPP de novembre 2019 montre que les écarts entre les élèves d’Éducation prioritaire et les autres augmentent entre le début de CP et le début de CE1. Ainsi, en un an, l’écart s’est creusé d’environ 3 % en fluence (lecture oralisée), en compréhension de phrases comme en écriture de mots et de syllabes. Pour les élèves de REP+, la DEPP constate même que les performances langagières, notamment en vocabulaire délaissé au profit du déchiffrage, se dégradent entre le début de CP et le début de CE1 ».
Guislaine David souligne que « le protocole sanitaire ne permet pas de réduire les fermetures d’école » du fait du brassage des élèves et des classes chargées. « Rien n’est mis en place » pour adapter les apprentissages à la situation de cette année. « ON aurait pu recruter des personnels ou mettre en place des maitres + pour faire face aux besoins des élèves ».
Une revalorisation mal partie
Pour le Snes, le sydnicat du 2d degré, « Le ministère prévoit de compenser les absences de personnels par des heures supplémentaires, mais l’enveloppe de l’an dernier n’a été consommé qu’au tiers, les enseignantes étant dans l’impossibilité de travailler plus. La situation est particulièrement tendue dans les collèges, qui accueillent 18 000 élèves supplémentaires, et devraient mettre en place la remédiation suite au confinement à l’aide d’heures supplémentaires en devoirs faits » Pour F Rolet, « les effectifs lourds aggravent aussi la situation sanitaire ».
Pour le Snuep Fsu, S Gérardin s’inquiète des effets de la crise économique sur l’enseignement professionnel. La question des stages devient cruciale. « Il fait que l’administration prenne des décisions : réduire la durée des stages ou les différer à la fin de ‘lannée ». Le sydnicat voudrait récupérer des heures données aux dispositifs de la réforme des LP pour les affecter aux disciplines pour le rattrapage.
« On est dubitatif sur ce que JM Blanquer veut dire avec « la transformation du métier enseignant », souligne B Teste. L’enveloppe de 400 millions annoncée par JM Blanquer est insuffisante pour revaloriser les premiers échelons, verser une prime d’équipement, payer les formations durant les congés et les remplacements en interne ». Pou rlui si on part sur l’idée d’un nouveau métier pour justifier la revalorisation « on est mal parti ».
Il souligne aussi l’écart entre les annonces et la réalité. « Il y a un écart entre les dotation des Devoirs faits annoncées et ce que les établissements ont ». La FSU proteste aussi contre la possibilité de sortir des élèves de 6ème des cours pour qu’ils fassent des maths ou du français. « C’est revenir 30 ans en arrière », dit B Teste.
La réforme de l’éducation prioritaire suivie de près
Alors que JM BLanquer a lancé la réforme de l’Education prioritaire, la FSU organisera le 28 janvier des Etats généraux de l’éducation prioritaire. « Le ministère s’exonère d’un véritable bilan de l’EP comme cela était pourtant prévu lors de la refondation de 2014, ce bilan devait avoir lieu en 2019. Parallèlement il a repoussé la révision de la carte et résume l’EP aux dédoublements des classes de CP et de CE1. Les récents rapports de la cour des comptes, Azéma-Mathiot, Lafon-Roux, s’ils reconnaissent la nécessité d’avoir une politique d’EP, remettent en cause les principes qui existent actuellement, en préconisant une politique d’EP à 2 vitesses qui ne serait plus nationale, en envisageant de déshabiller les territoires d’EP au prétexte de répondre aux besoins des territoires ruraux. La FSU est par ailleurs bien consciente que les transformations envisagées notamment dans le rapport Azéma-Mathiot pourraient entraîner un renoncement à tout cadre national pour l’ensemble du système éducatif (gestion des moyens, mais aussi gestion des personnels, des carrières, de la mobilité…) ».
La Fsu suit de près l’expérience menée dans l’académie d’Orléans Tours de réaffectation des moyens de l’éducation prioritaire en tenant compte d’un indicateur d’éloignement et d’u indice social comme le demande le rapport Mathiot-Azéma. ‘ »Le résultat fait office de démonstration : certains collèges de REP et REP+ se voient rétrogradés dans des catégories moins dotées, derrière de petits collèges ruraux éloignés. »
François Jarraud