Qu’est ce qui est le pire pour l’Ecole française : le confinement ou le déconfinement ? Regards sur l’éducation 2020 pointe les nombreux points faibles qui font que l’Ecole française était mal préparée à faire face au confinement. Mais pour l’OCDE la France est aussi en difficulté avec le déconfinement. L’organisation souligne aussi l’impact économique de la crise sanitaire et ses conséquences pour l’Ecole qui pourraient être plus graves qu’ailleurs…
Une Ecole mal préparée au choc
« À la fin du mois de juin, la France avait connu 13 semaines de fermeture effective d’écoles sous une forme ou une autre, contre 14 semaines en moyenne dans les pays de l’OCDE… Chaque semaine de fermeture d’école a représenté environ 24 heures de temps d’instruction obligatoire au niveau primaire pendant lesquelles les élèves n’ont pas été physiquement scolarisés », rappelle l’OCDE.
L’organisation ne se prononce pas sur l’efficacité de l’enseignement à distance qui a été improvisé par les enseignants durant ces 13 semaines. Mais l’OCDE peut montrer que l’Ecole française était parmi les moins bien préparées au choc sanitaire.
« Les compétences des élèves et des enseignants en matière de TIC étaient essentielles pour maintenir la continuité de l’enseignement », rappelle l’OCDE. « C’était un handicap important pour la France tant l’utilisation des outils numériques dans les apprentissages était loin d’être courante avant la crise sanitaire ». En France seuls 36% des enseignants déclaraient dans Talis 2018 inviter les élèves à utiliser les TIC contre 53% en moyenne dans l’OCDE. Sur les 34 pays de l’organisation, la France est au 29ème rang. Seuls 17% des enseignants français avaient participé à des cours en ligne en 2018 contre 36% dans l’OCDE.
Avant la publication de Regards sur l’éducation l’OCDE avait publié d’autres données signalées par le Café pédagogique en juin. Concernant le téléenseignement, seulement 45% des enseignants du secondaire français se disent aptes dans Talis à enseigner avec le numérique contre 67% pour la moyenne de l’OCDE , ce qui nous met dans les 3 derniers pays. C’est pire pour le temps passé à communiquer avec les parents où seules les écoles belges font pire que nous. On est encore avant dernier pour la participation des enseignants au travail collaboratif juste derrière la république slovaque.
Une Ecole mal préparée au déconfinement
Regards sur l’éducation souligne d’autres motifs d’inquiétude tout à fait actuels concernant le déconfinement. Pour que celui-ci se passe bien, il faut maintenir des règles de distanciation. On sait que ce n’est pas ce que la France a décidé de faire et on sait aussi pourquoi. L’OCDE note « les pays avec des classes plus petites auront plus de facilité à respecter la distanciation sociale ». Or avec 23 élèves par classe en moyenne au primaire et 25au collège la taille des classes en France est nettement supérieure à la moyenne de l’OCDE (21 au primaire et 23 au collège).
Quel impact économique sur l’éducation ?
Selon l’OCDE, « bien qu’il existe une incertitude quant à l’impact global probable de la pandémie COVID-19 sur les dépenses d’éducation, les gouvernements vont être confrontés à des décisions difficiles concernant la répartition des ressources entre les différents secteurs publics. Des fonds publics risquent d’être injectés en priorité dans l’économie et le secteur de la santé », aux dépens de l’éducation. Or la dépense d’éducation est déjà inférieure en FRance à la moyenne de l’OCDE : 8% des dépenses publiques contre 11% en moyenne.
Regards sur l’éducation n’en dit pas plus. Mais une autre étude de l’OCDE, signalée par nous en aout, montre que la France est parmi les pays de l’OCDE qui ont le plus mal fait face à l’épidémie sur le plan sanitaire et économique. En ce qui concerne la baisse du PIB la France arrive au 5ème rang mondial et au 3ème en Europe avec un recul de 19% au second trimestre (Etats Unis 9% Japon 10% Allemagne 12%). Les résultats ne sont pas meilleurs en ce qui concerne les décès.
L’OCDE craint une redémarrage très brutal du chômage des jeunes peu diplômés en France. Le pire de la crise sanitaire est-il devant nous ?
François Jarraud
Dans le Café :