Alors que l’OCDE doit publier une nouvelle édition des « Regards sur l’éducation », que dit-elle de l’Ecole française ? Chaque année la sortie des « Regards sur l’éducation » est un moment fort amenant le gouvernement français à prendre en compte les remarques de l’organisation internationale. On ne sait pas encore sur quels points l’OCDE mettra l’accent cette année. Mais l’organisation ne fait pas mystère de son regard sur le système éducatif français. Elle a publié cet été ses « Perspectives des politiques de l’éducation », avec une analyse précise de l’Ecole française. Et à coup sur la question des réponses à apporter aux inégalités scolaires sera sur la table…
Inégalités sociales…
Pour l’OCDE, la principale caractéristique de l’Ecole française ce sont les inégalités. « En 2018, les élèves de 15 ans obtiennent au PISA un score moyen légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE dans les trois domaines principaux de l’étude. Cependant, les élèves français de milieux socioéconomiques défavorisés sont cinq fois plus nombreux que ceux de milieux favorisés à ne pas atteindre le niveau minimal de lecture. Ils sont également surreprésentés dans les filières d’Enseignement et Formation Professionnelle », écrit l’OCDE.
Ainsi , « la stabilité apparente de la performance moyenne (dans Pisa) sur la période 2000-2018 masque des évolutions divergentes selon les élèves. Entre 2000 et 2009, le niveau de performance des meilleurs élèves a eu tendance à augmenter, alors que celui des élèves les plus faibles a au contraire baissé. Cette augmentation des inégalités dans la performance ne s’est pas accentuée sur la période allant de 2009 à 2018 ».
et structurelles
Ces inégalités sont structurelles comme le note la remarque sur l’enseignement professionnel. « En France, au niveau du second cycle du secondaire (niveau lycée), la concentration des élèves les plus performants au PISA dans certains établissements est similaire à la moyenne de l’OCDE. En revanche, en comparaison avec les autres pays OCDE, les élèves les plus faibles sont plus fréquemment regroupés dans les mêmes établissements, souvent des lycées professionnels. De plus, des politiques comme le redoublement excessif peuvent entraîner une démotivation des élèves et des départs prématurés de l’école. Selon PISA 2015, 22 % des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois à l’âge de 15 ans en France, soit le double de la moyenne des pays de l’OCDE. Cependant, cette proportion a diminué fortement entre 2009 et 2015 (passant de 38 % à 22 %). Pourtant, l’impact positif qui aurait été attendu sur la performance des élèves n’a pas eu lieu, le score ». L’OCDE note aussi que « les enseignants qui travaillent au collège dans les établissements les plus défavorisés en France sont moins expérimentés et restent moins longtemps en poste que dans les autres établissements : 21,5 % ont ainsi moins de 5 ans d’expérience et restent en moyenne 8,2 années au sein de leur établissement, contre respectivement 12,1 % et 10,2 années dans les autres établissements ».
L’OCDE souligne aussi que la France consacre aux fondamentaux beaucoup plus de temps que les autres pays sans pour autant en tirer grand bénéfice.
Des enseignants mal payés
L’organisation souligne aussi la faible paye des enseignants français. « Leur salaire statutaire après dix ou quinze ans d’ancienneté est au moins 18 % inférieur à la moyenne OCDE aux niveaux de l’enseignement élémentaire et secondaire », note l’OCDE qui ajoute que « la France est l’un des rares pays par exemple où les enseignants exerçant au niveau élémentaire donnent plus de 30 % d’heures de cours de plus par an que leurs collègues du premier cycle du secondaire ».
Les recommandations de l’OCDE
Alors l’organisation recommande de « soutenir davantage les élèves et les établissements défavorisés, en allouant des ressources supplémentaires là où elles sont les plus nécessaires et dès le plus jeune âge. Rendre le métier d’enseignant plus attractif en renforçant la dimension professionnalisante de la formation initiale des enseignants, et en proposant un accès facilité à une formation continue et tout au long de la carrière répondant davantage à leurs besoins spécifiques et proposée à proximité de leur environnement de travail est un autre enjeu ». L’OCDE pousse aussi depuis 3 ans le gouvernement français à rapprocher l’éducation des jeunes enfants de l’éducation nationale.
D’autres recommandations de l’OCDE plairont moins aux enseignants. L’OCDE reconnait que les chefs d’établissements français sont nettement moins formés sur le terrain pédagogique que leurs homologues étrangers. Malgré tout elle appelle à « renforcer le rôle et les capacités du chef d’établissement », y compris les directeurs d’école, par exemple à propos du recrutement des enseignants. Une recommandation avec laquelle le ministre pourrait marquer son accord.
François Jarraud