À quelques jours
du remaniement, les résultats du Baromètre Unsa
lancent un véritable appel au changement. On observe une
très faible acceptation de la politique menée :
6% des enseignants et
21% des non enseignants seulement, ce qui signe une
défiance sans précédent envers le
ministre. 68% des enseignants signalent de la souffrance au
travail et 57% des non enseignants. Est-ce que cela peut
durer ?
Un indicateur sérieux du climat de
l’éducation
Chaque année le Baromètre Unsa est un indicateur
très intéressant du climat au sein de
l’Education nationale. Cette année il a souffert
du confinement. Seulement 9573 personnels de
l’éducation ont répondu à
l’enquête, soit le tiers du nombre habituel.
S’il ne s’agit pas d’un véritable
sondage scientifique, le nombre de participants à
l’enquête, la régularité des
questions d’une année à l’autre fait
qu’il est considéré comme un travail
sérieux qui mérite d’être pris en
compte.
Après les enseignants, défection record des
cadres
Le principal enseignement est le très net refus de la
politique menée par JM Blanquer. A vrai dire, le
pourcentage d’acceptation ne baisse pas chez les
enseignants. En 2019 seulement 6% des enseignants se
déclaraient en accord avec la politique menée et
on reste à ce niveau en 202. Pour rappel en 2018 16% des
enseignants approuvaient la politique ministérielle. En
2017 un enseignant sur 5 et 3 inspecteurs sur quatre
adhéraient aux réformes. En 2019 on avait
assisté à une véritable chute
d’adhésion aux réformes chez certains
cadres comme les IPR. En 2020 seulement 24% des personnels de
direction sont en accords avec la politique menée en
recul de 10 points en un an. Avec cette défection des
cadres, JM Blanquer réussit à avoir contre lui
l’ensemble des acteurs de l’école, une
situation inédite.
Deux enseignants sur trois en souffrance
Pourtant enseignants et non enseignants aiment leur
métier : 91% le déclarent. Mais l’impact
des réformes génère de la souffrance. 68%
des enseignants et 57% des non enseignants la vivent. Seulement
un quart des enseignants
s’estime respecté et la moitié des non
enseignants. On trouve des taux inférieurs quand on les
interroge sur les conditions de travail. Seulement 6% des
enseignants et 15% des non enseignants jugent qu’elles se
sont améliorées cette année, un chiffre
à rapprocher de l’acceptation des réformes.
Ce qui génère directement la souffrance au
travail c’est l’absence de reconnaissance
professionnelle (68 à 70% des enseignants et non
enseignants), la charge de travail et la perte de sens des
missions (pour près d’un personnel sur deux). Ce
ressenti en dit long sur l’état moral de la
profession.
Salaire et carrière
Même pessimisme sur les perspectives de carrière.
Seulement 10% des enseignants (15% des non enseignants) jugent
leurs perspectives de carrière satisfaisantes. Seulement
8 et 13% estiment que leur salaire est convenable. Le salaire
et les carrières sont les deux améliorations les
plus espérées.
Pour Frédéric Marchand, secrétaire
général de l’Unsa Education, « alors
qu’une très grande majorité (91%) des
personnels de l’éducation aime son métier et est
heureuse de l’exercer, les collègues expriment un appel
au changement. Le message est clair ». Pour lui,
« les réformes se succèdent à un
rythme trop élevé… Au-delà du
manque d’accompagnement, la défiance vis-à-vis du
gouvernement se confirme ». Le moment est venu de changer
de politique.
François Jarraud