Comment le second syndicat enseignant aborde-t-il la négociation avec JM BLanquer sur la revalorisation ? Reçu après la FSU le 13 janvier, l’Unsa éducation a entamé aussi les discussions avec JM Blanquer. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, fait le point l’échange avec le ministre et les attentes de son syndicat.
Le 13 janvier vous posiez des exigences précises pour cette première rencontre avec le ministre. Notamment, vous vouliez une négociation au delà de 2021 et un accord pour avril. Vos attentes ont-elles été satisfaites ?
Nos attentes ne sont pas en partie satisfaites. Il y a dans le projet de loi retraite une garantie de maintien d’un niveau de retraite équivalent à celle d’un fonctionnaire de catégorie A et la confirmation d’une somme de 500 millions comme la première marche de la revalorisation en 2021. Ce sont des éléments tangibles. Mais il y a eu tellement de déclarations ces derniers mois qu’on est toujours en attente d’une avancée plus concrète. On a donc reformulé nos attentes auprès de JM Blanquer. Nous attendons du ministre qu’il dise au plus vite ce qu’il a en tête pour les enseignants du point de vue individuel et pour les années au delà de 2021.
Sur ce dernier point il n’y a pas d’avancée ?
Le ministre confirme qu’il y aura d’autres marches avec un effet cumulatif après 2021 et que les marches seraient de même nature mais il n’engage pas de chiffres précis qui seraient dans la loi de programmation. On lui a dit qu’il faut rapidement des ordres d’idées de transposition individuelle pour les enseignants.
Une loi de programmation qui fixerait des financements jusqu’en 2037, ça vous parait possible alors que les lois de programmation actuelles, beaucoup plus courtes, ne sont pas respectées ?
Le ministre doit donner un chiffrage pour les premières années et un pourcentage de PIB ensuite. Cela doit correspondre à une déclinaison de textes statutaires qui créent des indemnités ou des éléments de rémunération.
Il y a un calendrier pour ces textes ?
La loi de programmation pourrait se discuter en même temps que la deuxième lecture du projet de loi retraites au printemps. (NDLR : le parlement devra étudier 4 lois : deux lois de retraite et deux lois de programmation pour les enseignants et les enseignants chercheurs du supérieur). Il faut en tous cas avancer à l’éducation nationale pour donner de la solidité à la loi de programmation. On a demandé au ministre un nouvel agenda finalisé où apparaissent l’aménagement des fins de carrière et le droit de partir en cours d’année pour les professeurs des écoles.
Le ministre s’est-il exprimé sur les contreparties ?
Il a redit qu’il n’utilise pas ce terme mais celui de missions. Mais on se méfie. S’il s’agit de reconnaitre l’ampleur des missions visibles et invisibles existants, ça ira. On va avoir des discussions sur ces missions. Il faudra que les collègues suivent cela avec nous.
Le ministre a annoncé 500 millions en 2021. A-t-il expliqué comment ils seraient payés et à qui ?
Sur France 2 il avait parlé des débuts de carrière et je l’ai interrogé. Effectivement dans le début et la première moitié de carrière la rémunération des enseignants français est très en dessous de la norme des autres pays. Le ministre dit que cela fera partie des discussions. Mais il réaffirme que s’il veut corriger les débuts de carrière il veut une revalorisation de tous les enseignants. Il est clair que les 500 millions ne suffiront pas à tout cela. C’est une première marche. Le ministre doit donner les suivantes.
Le moment n’est-il pas venu de la mobilisation pour faire avancer les choses ?
On a de longs mois de discussions devant nous. Il faut trouver une forme adaptée de mobilisation et savoir la partager avec les autres organisations syndicales.
Avec le système de retraite proposé par le gouvernement les salariés abandonnent des droits pour des points dont la valeur va fluctuer. N’est-ce pas grave ?
La question c’est d’avoir des droits qu’on puisse défendre ensemble aujourd’hui et demain en ne faisant pas de différence entre les profils de carrière, sans pénaliser ceux qui ont une carrière mixte état privé.
Propos recueillis par F Jarraud