« Ce qu’on retenu les professeurs de la rentrée gouvernementale, c’est l’avalanche de mesures sur les fonctionnaires ». Le 31 août Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, le premier syndicat du secondaire, manifeste elle aussi ses « inquiétudes » en cette rentrée. Si les mesures Blanquer sur le collège ont pu en partie satisfaire le syndicat, le discours ministériel sur l’autonomie des établissements, les mesures budgétaires du gouvernement, la réforme de l’accès au post-bac sont autant de sujets d’inquiétude. Le Snes dénonce aussi l’aggravation des conditions de travail alors que les effectifs élèves explosent.
Les fonctionnaires montrés du doigt
« On voit mal comment l’éducation nationale pourrait échapper aux suppressions de postes dans la fonction publique ». En attendant que le gouvernement précise ses intentions, F Rolet souligne les mesures annoncées contre les fonctionnaires : gel du point d’indice journée de carence, augmentation de la CSG. « Une fois de plus les enseignants sont montrés du doigt comme ceux qui coutent cher ».
Le Snes ne lancera pas d’appel à la grève pour le 12 septembre mais appellera à participer à la journée de la Cgt et Solidaires. Le syndicat s’associera à la journée d’action lancée par la Fsu qui aura lieu autour du 10 octobre.
Optimisme sur le PPCR
Le Snes se montre plus optimiste sur l’application des accords de revalorisation du PPCR. Selon Xavier Marand, secrétaire général adjoint, le reclassement des enseignants prévu au 1er septembre aura lieu. Les mesures seront payées en octobre avec rattrapage depuis le 1er septembre. La mise en place du grade exceptionnelle au 1er septembre aura lieu mais elle sera faite en novembre décembre avec rattrapage. « Le PPCR s’applique sans problème »
Dégradation des conditions de travail
Le Snes souligne la hausse des effectifs élèves à la rentrée : 26 000 jeunes de plus entrent en 6ème et 36 000 en terminale. Pour le Snes les recrutements d’enseignants n’ont pas suivi notamment à cause de la crise du recrutement. Ainsi en 2017 10 867 postes étaient offerts dans le second degré général et technologique et 9 225 postes ont été couverts. La suppression des contrats aidés va toucher aussi le second degré, notamment les surveillants.
Le syndicat en déduit une forte dégradation des conditions de travail. Selon Benoit Teste, secrétaire général adjoint, le taux de classes ayant de 35 à 39 élèves serait passé de 25 à 41% en 5 ans. La moyenne du nombre d’élèves en lycée de 28 à 30. Ces données ne sont aps confirmées par la Depp. Le RERS indique 21% de classes de 35 à 39 élèves en lycée en 2016 et une évolution du nombre moyen d’élèves en lycée de 27.3 à 28 depuis 2000. (23.3 à 24.3 au collège). Toujours est-il que la tension devrait être forte en 6ème et terminale où se porte la hausse.
Pas de changement majeur au collège
Le Snes s’inquiète aussi des projets pédagogiques du ministre. Mais pour lui il n’y a « pas de bouleversement majeur au collège ». Le Snes « demande à revenir sur la réforme et notamment l’évaluation ». Le syndicat dénonce les changements d’évaluation par les principaux. Le dispositif devoirs faits « fait de la mousse alors que l’accompagnement éducatif existait déjà dans l’éducation prioritaire ». Elle montre que les établissements « vont devoir se débrouiller ». Les devoirs faits seront encadrés par 20 000 jeunes du service civique pas forcément diplômés. F Rolet dénonce « la fétichisation des neurosciences » par JM Blanquer pour faire passer ses réformes.
Inquiétudes pour le post bac
Deux points de friction importants sont soulignés par le syndicat. D’abord le devenir des bacheliers. « On va établir des barrage à l’entrée dans le supérieur », explique F Rolet qui dénonce aussi l’organisation de la consultation et « l’étanchéité » entre les groupes de travail du supérieur et du lycée. Le ministre « a recours aux sciences cognitives pour légitimer l’idée qu’il y a des talents différents et légitimer la sélection ».
« Ceux qui sont dans le collimateur ce sont les bacs professionnels, technologiques et « ceux qui ont un petit 10 » dans la série générale. « Autant personne ne peut s’opposer à une meilleure information des jeunes sur leur orientation », affirme F Rolet,, « autant ce qui serait un barrage avec des pré requis romprait avec le code de l’éducation ».
Pour Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe, les consultations ne peuvent pas remplacer les places qui manquent dans le supérieur et notamment en BTS et IUT. « Vous pouvez mettre des pré requis. Quand il n’y a pas assez de place on arrive forcément à la sélection ».
Inquiétude sur les évaluations de 6ème
Autre motif d’inquiétude à la rentrée, les évaluations de 6ème. Valérie Sipahimalani explique qu’elle permettront de mettre en place les mêmes indicateurs de réussite au collège qu’au lycée. Ces « IVAC » devraient voir le jour en 2019. Cela devrait relancer la concurrence entre les collèges.
On rejoint là les orientations idéologiques du ministre. L’autonomie des établissements inquiète le Snes. Même si le ministre « brouille » le message avec des discours prudent puis moins prudents. Le Snes aussi a lu L’école de demain….
François Jarraud