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Modifié le 13/7 à 18h45 – 2016 avait déjà vu un record de réussite au brevet pour lequel le ministère avait marqué une extrême discrétion. 2017 voit une hausse encore plus forte. Selon le ministère on compte 719 900 admis soit 89% de réussite. En 2016, il n’y avait eu que 87% de reçus. Le taux de réussite s’établit à 90% pour la série générale et à 80% en série professionnelle. Les deux séries marquent un fort écart, identique à celui du bac. Et comme pour le bac, le taux de réussite en série générale connait une croissance de 2%, celui de la série professionnelle une baisse de 2%.

Deux brevets pour un collège unique

Outre le fait qu’avoir deux brevets pour un collège « unique » est déjà une curiosité, cette évolution divergente marque l’accroissement des écarts de résultats entre collèges et entre classes sociales. En 2017, les limites de la démocratisation du collège apparaissent plus vivement que lors des années précédentes.

A quoi servent les épreuves finales ?

A en croire les réactions des enseignants sur Twitter, le taux de réussite parait encore faible au regard du nouveau règlement d’examen.

Peut-être faut-il rappeler que le nouveau brevet s’articule en 3 épreuves. Les premières consistent en la validation du socle.  » Le niveau de maîtrise atteint par l’élève… est fixé en conseil de classe du troisième trimestre de la classe de troisième : il résulte de la synthèse des évaluations réalisées par les enseignants de ce niveau ainsi que de celles menées antérieurement durant les deux premières années du cycle 4″, précise le BO. En principe, il doit y avoir « harmonisation des processus d’évaluation » sous la responsabilité des professeurs principaux. C’est au conseil de classe du 3ème trimestre de l’année de troisième que  » l’équipe pédagogique évalue le niveau de maîtrise atteint. Le chef d’établissement certifie ce niveau et en porte attestation sur le livret scolaire dans le bilan de fin de cycle 4″.

Selon les cas, le conseil de classe accorde un nombre de points pour chacune des 8 compétences : 10 points si le candidat obtient le niveau « Maîtrise insuffisante » ; 25 points s’il obtient le niveau « Maîtrise fragile » ; 40 points s’il obtient le niveau « Maîtrise satisfaisante » ; 50 points s’il obtient le niveau « Très bonne maîtrise ». A ces points peuvent s’ajouter des majorations de 10 ou 20 points pour un enseignement de complément (langue et culture de l’Antiquité ou langue et culture régionale ou découverte professionnelle. La deuxième épreuve se passe aussi dans l’établissement. Il s’agit de la soutenance d’un projet devant un jury composé de deux enseignants.

Troisième type d’épreuve : les épreuves finales écrites. Elles portent maintenant sur 7 disciplines, au lieu de 4 dans le brevet précédent : les maths, les SVT, la physique-chimie, la technologie, le français , l’histoire-géographie et l’EMC.

Au final, il est nécessaire d’avoir 350 points pour décrocher le brevet. Or beaucoup d’élèves ont ces points avant même de passer l’épreuve finale. Un élève moyen part déjà avec 320 points obtenus lors de l’évaluation du socle. Dans certains cas cela peut même monter à 340 ou 350 points avec le jeu des options. Pour la plupart des candidats, l’épreuve finale n’est là que pour attraper les 10 ou 20 points manquants. Pour beaucoup, elle ne sert absolument à rien.

Compétences et tripatouillages

Dans cette situation, on se demande comment 10% des candidats ont pu ne pas avoir le brevet. Si on en croit le Snes de Créteil, cela tient aux errements constatés dans certains établissements lors de la validation du socle. Les enseignants ont utilisé de façon très différente le barême officiel. Et les principaux sont parfois passés derrière, parfois pas.

Ces bons résultats vont réjouir les familles. Ils ne doivent pas faire oublier pour autant les défauts intrinsèques de cet examen. Est-il utile de faire faire deux journées d’épreuves, particulièrement complexes dans l’organisation, à 800 000 jeunes alors que le résultats est acquis avant elles ? Croit-on que les jeunes vont longtemps jouer le jeu alors que les épreuves finales n’ont plus de sens ? Etait-ce une bonne idée de faire reposer l’examen à la fois sur la validation du socle et sur des épreuves finales ? Est-ce une bonne stratégie de faire dépendre l’examen d’un mode de validation que la majorité des enseignants ne pratique pas ? Peut-on encore en 2017 croire qu’on change la pédagogie simplement en pondant des circulaires ? Apparemment oui…

François Jarraud

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