« Un peu moins de trois ans après la promulgation de la loi de refondation, ces deux journées d’échanges et de débats avec la communauté éducative constituent un point d’étape », annonce le dossier de presse des Journées de la refondation organisées début mai. Mais, à voir leur déroulé, ces Journées ont un but bien plus important pour l’Elysée : à un an des élections, dresser un bilan positif de l’action présidentielle sur ce qui était, en 2012, la priorité de son mandat.
Le président de la République lundi, le premier ministre mardi, les trois ministres de l’éducation nationale de F Hollande, 70 intervenants, 2000 invités annoncés : les Journées de la refondation visent l’événement. Lundi 2 mai elles s’ouvrent par l’arrivée, ensemble, de N Vallaud-Belkacem, V Peillon et B Hamon, une manière de marquer une continuité de l’action présidentielle en éducation. Suivent deux journées d’ateliers et de débats. La ministre a mobilisé des cadres de l’éducation nationale, quelques experts proches de son cabinet, des élus locaux très généralement socialistes. Les experts les plus critiques ont été oubliés…
Évidemment on est loin du grand déballage d’idées de la concertation sur la refondation de l’école qui, de juin à octobre 2012, avait donné la parole à des centaines d’acteurs du système éducatif.
Ainsi sur son blog, Claude Lelièvre estime que « le thème de la « refondation de l’Ecole républicaine » doit d’abord et avant tout être compris comme la priorité enfin donnée aux « fondations » (c’est-à-dire à l’école maternelle et à l’école élémentaire, puis au collège) et à ce qui est jugé ‘’fondamental’’ (à savoir la qualité et la formation professionnelle des enseignants, l’attention privilégiée aux élèves ‘’fragiles’’, la question de la culture qui doit être effectivement maîtrisée par chacun) ».
Pour Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa Éducation, « les différentes étapes de la Refondation de l’École de la République sont allées dans le sens d’une école plus juste et efficace, plus inclusive et bienveillante… Pour autant…, c’est sur le terrain que se situent les véritables enjeux. La Refondation ne portera ses fruits que si elle est comprise et mise en œuvre au quotidien. La rentrée 2016 sera de ce point de vue décisive ». C’est aussi admettre qu’à un an des élections la Refondation est très fragile. Pour l’ancien recteur et opposant Alain Morvan, ces Journées seront le « requiem » de la refondation.
Décidément 2017 plane sur cet événement. A un an des présidentielles, le gouvernement tente de reprendre contact avec une base bien désabusée.
Du côté des enseignants, les réformes successives ont laissé des traces douloureuses. Surtout la refondation n’a pas apporté ce que les enseignants en attendaient : leur donner les moyens de bien faire leur travail, alléger un travail de plus en plus difficile, reconnaitre leur place dans la société. La revalorisation de l’ISAE (une prime annuelle de 400 euros) vise évidemment à montrer que l’on tient la promesse d’établir l’égalité avec le secondaire. Cela suffira-t-il au regard des attentes déçues ?
Mais puisque l’Ecole était la grande affaire du quinquennat, ces Journées visent aussi les parents. Si le récent sondage Ipsos montre que la confiance dans l’Ecole continue à progresser alors qu’elle est déjà très forte (75%), les parents ont-ils vu des améliorations du système éducatif en 4 ans ? Probablement pas. Le choix politique fait en 2012 pèse aussi sur ce terrain là. Politiser la question de l’éducation est une arme à double tranchant.
F Jarraud
C Lelièvre
http://blog.educpros.fr/claudelelievre/2016/04/30/la-refondation-du-plafond-au-plancher/
Sur la concertation de 2012
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ConcertationBonnesfeuilles.aspx
Hollande lance la refondation (oct 2012)
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/10/10102012Article634854474345146530.aspx
Unsa Éducation
http://www.unsa-education.com/spip.php?article2360
Sur le site du Café
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