Comment une ville peut-elle accompagner , voire développer, l’éducation prioritaire ? L’Observatoire des zones prioritaires (OZP) choisit la ville de Gennevilliers, une commune historiquement liée à l’histoire de l’éducation prioritaire. Des actions proches du terrain qu’il faut savoir construire entre familles, parfois méfiantes, et enseignants, pas toujours coopératifs…
C’est Gennevilliers qui a servi de laboratoire de l’éducation prioritaire au début des années 1980. Plus de 30 ans plus tard, l’OZP reçoit le 13 janvier Richard Merra, adjoint à l’éducation, et Magali Lelay, responsable du Programme de réussite éducative (PRE). Gennevilliers a longtemps eu toutes ses écoles en éducation prioritaire. Aujourd’hui deux collèges, 18 écoles sont en REP, mais la ville continue à considérer tous els établissements comme prioritaires.
Des études dirigées évaluées
« Comment une ville peut-elle s’impliquer dans l’éducation prioritaire ? En associant volonté politique et moyens », explique R Merra. Mais la ville a aussi la volonté de remettre en question les dispositifs et de les évaluer. « L’idée qu’empilant des moyens on aira un effet mécanique sur les élèves, ce n’est pas démontré », dit R Merra. La vile a choisi de s’impliquer aussi dans le secondaire au delà de ses obligations, mais elle entend le faire avec clairvoyance.
Gennevilliers a développé des études dirigées mais en en redéfinissant le modèle. Les élèves sont divisés en 4 catégories selon leur niveau d’autonomie le travail avec un encadrement plus ou moins important par des enseignants pour les aider. « Les enseignants demandaient moins d’élèves. Mais réduire le nombre ne suffit pas pour avoir des effets positifs. J’ai lié la réduction du nombre à un projet pédagogique », explique R Merra. Les élèves peu autonomes ont 3 enseignants pour deux groupes. Les élèves en difficulté travaillent en tous petits groupes.
« J’ai demandé à S Bonnery d’évaluer les dispositifs », explique R Merra. « Son rapport dit qu’on travaille à l’aveugle sur les attendus supposés des enseignants des enfants. Il faut donc ne pas en rester là ». Mais aller plus loin c’est obtenir des enseignants qu’il ‘y ait plus de devoirs le soir…
La ville a aussi développé l’allemand dès le primaire en logeant gratuitement des étudiants assistants de langues. « Ca répond à la demande des nouvelles clases moyenne », explique R Merra
La ville a aussi financé les BCD (bibliothèque) des écoles. Ca permet de développer la lecture . « Une étude de S Bonnery nous montre que la littérature jeunesse suppose de vraies compétences pour s’approprier les albums. Il ne suffit pas distribuer les albums ».
L’accueil des élèves exclus
Magali Lelay, responsable du PRE, présente « le fil continu », un dispositif d’accueil des élèves exclus à travers le cas de Martin. Elle montre aussi comment le PRE mobilise des partenaires. Ainsi Martin, un élève de 6ème bagarreur, est accompagné par une vingtaine d’associations ou d’intervenants qui interviennent en accompagnement scolaire mais aussi comportemental, médical et culturel . Au final Martin arrivera difficilement en 2de. Le « fil continu » a réussi à faire passer le nombre d’élèves exclus de 380 à 110 cas par an.
« C’est le dispositif du fil tendu qui nous a permis d’entrer dans les établissements scolaires », explique M Lelay. Sinon nous nous heurtions à des résistances ». « Aujourd’hui le PEDT est alimenté par la ville uniquement » déplore R Merra. « C’est le résultat du mouvement des enseignants. La refondation est arrivée par la réforme des rythmes scolaires. Aujourd’hui seuls les enseignants des REP+ participent à la réflexion. Les autres n’ont aucune confiance dans l’Education nationale ».
François Jarraud
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