« Le système (éducatif) baigne dans une formidable hypocrisie : il affiche des principes égalitaires que presque tous les acteurs contournent délibérément. Seule une révolution culturelle permettra d’en sortir, qui conduirait à récuser à la fois l’élitisme et l’égalitarisme qui forment le paradoxal attelage idéologique du système éducatif français ». Dans un article remarqué, le sociologue Olivier Galland (Gemass, Paris Sorbonne CNRS) introduit une réforme capitale qui pourrait bien resurgir dans le débat présidentiel.
Olivier Galland introduit 5 idées pour expliquer l’impuissance de l’école française à se réformer et à améliorer sa performance. Il met l’accent sur la sélection tardive, la formation des enseignants, l’importance des compétences sociales et non cognitives. Mais l’idée la plus développée est l’autonomie des établissements. » S’il est nécessaire que les grandes lignes du curriculum soient fixées au niveau national, il est plus efficace de laisser une marge d’autonomie aux acteurs de terrain pour l’adapter aux particularités locales. Ce principe peut renforcer également la motivation et l’implication collective des acteurs. La contrepartie de cette autonomie est l’exigence d’une plus grande responsabilité des acteurs locaux ». Une autonomie qui irait jusqu’à celle du recrutement.
Finalement c’est la privatisation de l’Ecole que promeut Olivier Galland comme remède aux inégalités de l’Ecole. » Une application de ce principe a été mise en œuvre aux Etats-Unis par Barak Obama avec les « charters schools » qui sont des écoles financées sur fonds publics mais fondées à l’initiative d’enseignants ou de parents d’élèves particulièrement motivés dans des quartiers défavorisés et qui disposent d’une très grande liberté dans l’application de leurs programmes et le recrutement de leurs professeurs. Simplement ces écoles, dégagées de toute tutelle administrative, doivent établir une charte présentant des objectifs ambitieux et elles sont évaluées rigoureusement sur leurs résultats. Un beau programme pour les quartiers sensibles dans notre pays, non? » Mais les résultats des charters schools sont-ils à la hauteur des espérances ? L’analyse d’Agnes Van Zanten est éclairante sur ce point. Mais les idées d’O Galland pourraient bien faire leur chemin dans le débat présidentiel.
François Jarraud