« J’ai eu envie de montrer des choses concrètes qui se font en classe sans en faire des exemples ». Ouvert depuis seulement trois jours, le site de Christine fait déjà le buzz chez les instits. Ils y trouvent des ateliers, des pratiques pédagogiques montrées très simplement en vidéo. Du facile, à adapter à sa classe. Mais qui s’appuie sur une passion dévorante pour la maternelle et une très solide culture pédagogique. Et aussi sur toute une communauté villageoise et éducative qui soutient son école. On vous prévient : ici c’est l’école du bonheur !
Des ateliers, des activités accessibles en un clic
« J’aime tellement la maternelle que je n’envisage pas de mettre les pieds ailleurs ». Christine M. ne veut pas que son nom soit publié pour garder la confiance de « ses » parents. Après 18 années d’enseignement en maternelle, elle dirige une petite école maternelle et élémentaire dans un village rural de la Haute Garonne. « J’ai d’excellentes conditions de travail avec des parents et une équipe sympathiques, le soutien de la municipalité et de l’inspecteur », précise-telle. En quelques jours, ce coin de verdure est devenu le centre du monde pour de nombreux enseignants de maternelle qui viennent découvrir ce qui s’y passe. D’un clic, on a accès à une bonne centaine d’ateliers et de pratiques pédagogiques, remarquablement classées. C’est pratique et la large utilisation de la vidéo fait qu’on se retrouve tout de suite dans la vérité de la classe.
« J’ai eu envie de montrer ce qui se fait en classe », nous dit Christine. Elle anime aussi un site destiné aux parents. « Objectif Maternelle » est un site pour les enseignants. Il est né de la prise de conscience que beaucoup d’enseignants cherchent des idées de pratiques à mettre en oeuvre en classe. Christine veut « montrer des choses concrètes », utiles sans pour autant se montrer en exemple. « Je veux donner des astuces qui permettent d ‘aller tout droit dans le bon chemin sans passer par la case erreur », explique-t-elle.
Des « tours d’appel » aux « sacs à mots »
Un bon exemple est donné avec une vidéo sur « les tours d’appel », une activité du matin que l’on vous invite à découvrir. « Le matin j’avais du mal avec le rituel d’accueil », nous explique Christine. » Les enfants se lassent du coté répétitif de l’appel. La tour d’appel permet d’apporter de la nouveauté tout en travaillant sur la construction du nombre avec un travail de décomposition du nombre qui doit beaucoup aux idées de Rémi Brissiaud ». La vidéo montre bien du concret mais avec une sérieuse base pédagogique derrière.
Un autre exemple est donné avec le « sac à mots ». Là c’est Micheline Cellier que Christine convoque en référence. « Le sac à mots est une activité riche qui permet de faire prendre conscience des subtilités de la langue. On travailler sur la polysémie des mots. Un élève par exemple m’a sonné le kiwi, qui peut être un animal ou un fruit. Aujourd’hui on a tout un panneau de sacs à mots. Des parents trouvent des mots et viennent enrichir le panneau régulièrement ».
Peut-on être ambitieux en maternelle ?
Le cahier journal de Christine, en ligne également, déborde ainsi d’activités. La journée est rythmée par une suite d’activités avec les MS et GS parfois séparés , parfois réunis. Un timing où l’atsem, l’aide non enseignante qui aide les élèves en école maternelle, joue un grand rôle. « Le rôle de l’atsem est primordial », nous dit Christine. « Pour moi elles ne sont pas là que pour faire le nettoyage. Elles sont très compétentes. Elles accompagnent les élèves dans leurs apprentissages en suivant des objectifs que je donne ». Dans l’école les trois atsem changent de clase régulièrement pour ne pas s’installer dans des postures. « Tout ce que je fais c’est grace aux atsems » souligne Christine.
Avec ce cahier journal si riche, cette foule d’ateliers et d’activités différentes, Christine ne serait-elle pas trop ambitieuse pour sa maternelle ? « On a le droit d’être ambitieuse en école maternelle », dit-elle. « L’école maternelle n’est pas une garderie. On n’imagine pas la capacité de réflexion et de mémorisation des élèves. On peut leur proposer des choses ambitieuses tout en restant dans les programmes ». Pour Christine l’objectif numéro 1 reste de ne pas perdre d’élève en route. « Mais on peut proposer plus à ceux qui peuvent aller plus loin. J’ai des outils avec des boites à mots ou la dictée muette qui permettent de découvrir la lecture et l’écriture tout en s’adaptant au niveau de l’élève ». Sur ses 23 élèves 14 sont déjà dans l’écriture. Dans cette petite école qui inclut un CP, Christine connait les attentes de sa collègue de CP. « C’ets la bonne collaboration entre atsems et enseignantes, avec l’équipe soudée des enseignantes qui permet mon travail », dit Christine. Avec Objectif Maternelle, l’équipe est e train de s’agrandir.
François Jarraud
