Du dernier sondage BVA réalisé pour Doméo et la presse régionale, les médias retiennent souvent que les Français trouvent leurs enfants mal élevés. Mais un autre enseignement se dégage qui parait plus important : non seulement il n’y a pas de consensus sur les questions scolaires, mais elles sont devenues la ligne de front entre la gauche et la droite. Une situation dont l’École n’a pas fini de pâtir.
Que les Français jugent les jeunes moins bien élevés qu’eux au même âge est un classique intergénérationnel dont l’origine se perd dans l’obscurité des temps. Aussi, anodin est le regard sévère lancé sur les jeunes. 85% des Français jugent les parents pas assez sévères. Et ils déclinent des injonctions de se coucher tôt, de limiter les accès au téléphone ou à Internet qui valent souvent davantage pour les voisins que pour ses propres enfants… Parce qu’au final comment se fait-il que tous ces enfants soient si mal élevés avec des parents si sévères ?…
De ce sondage on retiendra une information plus préoccupante pour l’Ecole : les questions scolaires sont totalement politisées. Que la préférence pour l’école publique ou l’école privée le soit, peut se comprendre. Cela tient à notre histoire et à la façon dont la République a eu à affronter chez nous l’Église. Une histoire unique en Europe mais qui explique une grande partie de nos concepts politiques et de nos textes de lois.
Mais comment expliquer que des questions techniques comme l’évaluation ou les rythmes scolaires soient des questions politiques ? Selon le sondage 54% des sympathisants de gauche sont favorables à la réforme des rythmes, 86% des sympathisants de droite lui sont hostiles alors même que le traitement concret de la réforme est local.. 46% des sympathisants de gauche soutiendraient une évaluation sans note mais seulement 11% des sympathisants de droite. Voilà deux questions qui sont complexes mais qui sont tranchées nettement par l’appartenance politique.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’École. Puisque l’École est un champ d’opposition si nettement marqué entre gauche et droite, il faut s’attendre à ce qu’elle revienne dans l’affrontement électoral. Alain Juppé, qui lance en ce moment une vaste consultation sur l’École, a déjà ouvert le débat. Les résultats des départementales, qui devraient voir une partie des départements basculer vers l’extrême droite dans quelques jours, pourraient faire des collèges des laboratoires électoraux en vue des présidentielles. C’est sur le dos de l’École que les partis pourraient faire leur campagne. Or nul besoin de rappeler que l’on ne peut réformer l’École que dans le consensus politique.
François Jarraud
Le sondage
http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1670/fichier_bva-domeo-p[…]
François Jarraud