Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Ce mois-ci Magali FLESIA, professeur d’italien en disponibilité, a créé VOLTANZA, entreprise de formation et coaching en prise de parole en public, communication d’équipe et développement personnel à travers le théâtre d’improvisation.
MAGALI FLESIA, PROFESSEUR D’ITALIEN, EST DEVENUE FORMATRICE ET COACH EN CRÉANT SON AUTO-ENTREPRISE : VOLTANZA
Quel a été votre parcours de carrière depuis la fin de vos études jusqu’au seuil de votre reconversion ?
Je suis devenue professeur stagiaire en 2002. L’année suivante, j’ai été titularisée et mutée dans le Nord-Pas-de-Calais où j’ai enseigné deux ans dans un établissement regroupant collège et lycée. J’avais 22 heures de cours par semaine – donc 4 heures supplémentaires –, 8 niveaux différents de la 4ème à la Terminale, avec de l’italien en langue vivante 2 et 3, dans les filières L, S, ES, STT. En même temps, j’ai accepté de devenir conseillère pédagogique pour l’IUFM. J’ai accompagné ainsi plusieurs professeurs stagiaires vers leur titularisation.
J’ai également préparé et soutenu un DEA (l’actuel Mater 2) en deux ans, et enchaîné ensuite sur un Doctorat en Langues et Civilisations Romanes que j’ai soutenu 7 ans plus tard, juste avant de demander ma mise en disponibilité. Entre-temps, je suis revenue dans l’Académie d’Aix-Marseille où j’ai obtenu un poste de Titulaire sur Zone de Remplacement. J’ai continué d’enseigner en collège, lycée général et technologique, lycée professionnel, toutes filières et tous niveaux… toujours sur deux ou trois établissements. En effet, un professeur d’italien a rarement un nombre suffisant d’heures pour accomplir tout son service dans un même établissement.
J’ai été chargée de cours par le Département d’italien de l’Université d’Aix-Marseille entre 2010 et 2014. En 2013, j’ai demandé et obtenu un mi temps annualisé. J’ai pu ainsi terminer et soutenir ma thèse de Doctorat au mois de décembre, et enchaîner sur une mise en disponibilité pour pouvoir enfin réaliser mon rêve : monter mon entreprise de formation et coaching en prise de parole en public, communication d’équipe et team building à travers le théâtre d’improvisation, ma passion depuis maintenant 8 ans.
Pourquoi aviez-vous eu envie de devenir enseignant(e) ? Qu’avez-vous aimé/détesté dans ce métier ?
Un rêve de petite fille. Devant une petite ardoise et des peluches rangées en rang d’oignons. Au collège, j’aidais une amie à faire ses devoirs et à réviser ses cours. J’ai toujours aimé expliquer, transmettre… rendre simple et accessible ce qui pouvait sembler compliqué à certaines personnes. M’adapter à un mode de compréhension différent du mien était un vrai challenge : trouver les mots, les images, « revisiter » les cours, vulgariser les consignes, les méthodes à appliquer… Je cherchais la meilleure manière de l’aider à comprendre, toujours avec patience et bienveillance. Je crois que c’est essentiel pour un prof, d’être bienveillant.
De plus, j’ai souvent suivi ma mère qui donnait des cours – d’italien ! – à des adultes. Le fait de la voir passionnée et épanouie m’a très certainement influencée. Je me voyais déjà révolutionner l’enseignement. Je me disais que mes professeurs n’étaient pas assez « rigolos »… qu’ils ne savaient pas nous intéresser… et je pensais pouvoir y arriver, moi, à passionner les foules !
En pratique, ce fut plus compliqué. J’étais un professeur plutôt apprécié. J’aimais mes élèves et ma matière. Je n’hésitais pas à plaisanter avec les classes les plus « matures » – l’âge n’ayant pas forcément un rapport avec le degré de maturité –. Je les faisais rire, et eux aussi me faisaient rire. J’étais ravie de les retrouver et nos rapports étaient basés sur une réelle complicité intellectuelle. Un jour, un élève m’a dit : « On vous aime bien, Madame, parce que vous êtes à la fois super sympa et sévère. » Il m’a fait l’un des plus beaux compliments qu’on pouvait me faire.
Mais j’ai connu des établissements et des classes très « difficiles » où les élèves vivent des situations familiales telles qu’ils ne peuvent pas y faire abstraction et se concentrer en cours. Je détestais avoir à entrer en conflit avec les plus « turbulents » et pourtant, je n’avais pas toujours le choix. En plus, ma matière – l’italien –, faisait que je ne voyais mes classes que 2 ou 3 heures par semaine. J’étais une goutte d’eau dans leur scolarité et dans leur vie. Même si je percevais leurs souffrances et comprenais leurs réactions, je n’ai pas toujours réussi à instaurer une relation de confiance et de respect mutuel. Plusieurs fois, je me suis retrouvée face à un mur, une porte cadenassée. Je me suis sentie démunie, dans l’incapacité de communiquer… Quel sentiment d’échec devant tant de souffrance, voire d’agressivité ! Le problème, selon moi, c’est qu’on choisit d’enseigner – en un seul mot –, parce qu’on est passionné d’une matière et qu’on a le désir de transmettre un savoir. Et puis on se retrouve à devoir gérer des problématiques et des situations qui nous dépassent, alors qu’on n’a pas été formés à ça. On apprend « sur le tas », avec l’expérience. On apprend, mais on ne s’habitue pas.
En 11 ans, j’ai travaillé dans une quinzaine de collèges et lycées. Les conditions d’enseignement ne sont pas les mêmes partout. Dans certains établissements, je devais changer de salle à chaque cours, tout en sachant que je n’aurais pas le matériel audio et/ou vidéo nécessaire dans la suivante. Dans d’autres, les heures d’italien étaient systématiquement placées entre midi et deux, ou le soir de 17h à 18h, après plusieurs heures de « trous » dans la journée. Plusieurs fois, on m’a attribué des groupes mélangeant l’italien en première, seconde et troisième langue (avec des épreuves différentes à préparer pour le bac)… là aussi, j’ai appris à m’adapter.
Quelles compétences, qui vous sont utiles aujourd’hui, avez-vous développées dans votre pratique quotidienne ?
Aujourd’hui, je suis formatrice et coach à travers le théâtre d’improvisation. J’ai découvert cette discipline il y a 8 ans. J’ai appris mon nouveau métier en suivant des formations complémentaires et des stages (impro mais aussi PNL, visualisation…), et en animant moi-même des ateliers à partir de ma deuxième année d’impro. C’est sur le terrain que j’ai le plus progressé dans ma méthode, au fur et à mesure de mes observations et expérimentations.
Mes 11 années d’expérience dans l’enseignement de l’italien m’ont apporté des compétences pédagogiques solides. L’hétérogénéité de mes élèves – du collège, en classe de 5è, jusqu’à la fac – m’a appris à m’adapter à tous les publics. Je repère rapidement les besoins et les différents profils, j’ai une vision précise du programme de formation à suivre, des thématiques à aborder en fonction des compétences à développer ou de l’objectif à atteindre, et la progression de mes ateliers et séminaires est généralement très appréciée.
Les voyages scolaires que j’ai organisés de A à Z à Venise, Rome, Naples, Florence et Gênes m’ont permis de me plonger dans la gestion de projet et de budget, de mener des campagnes de financement, d’organiser et animer des réunions… j’ai même pensé, à un moment donné, me lancer dans le tourisme !
En 2009, on m’a confié la présidence de l’Association des Professeurs d’italien de l’Académie d’Aix-Marseille (APIAM) pendant 5 ans. Cette association a pour but de promouvoir l’italien au niveau académique et, en relation avec la Fédération Nationale des Associations d’Italianistes (FNAI), au niveau national. Nous organisions entre autres des journées de formation et d’échanges pour nos adhérents. J’ai pu ainsi commencer à me familiariser avec certains outils de communication et m’initier à la stratégie commerciale.
Enfin, l’accompagnement des professeurs stagiaires en tant que conseillère pédagogique, pendant plusieurs années de suite, m’a confortée dans mon choix de coacher individuellement les personnes.
Le métier d’enseignant n’est pas toujours facile, mais il est possible de varier ses activités et de s’épanouir en élargissant son champ d’action. Il faut être curieux et ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort. Il faut communiquer, être ouvert à ce qui se fait à l’extérieur de son établissement, savoir saisir les opportunités qui se présentent et oser. C’est cet état d’esprit que je souhaite transmettre aujourd’hui. Et ce sont les mêmes compétences que développe le théâtre d’improvisation : observation, écoute, curiosité, acceptation, échanges, propositions, réactivité, imagination et ouverture d’esprit… le tout pour être capable de saisir chaque opportunité de rebondir. En impro, on est à 100% dans l’instant présent. Pas dans le passé ou dans ce qui va se passer, mais dans l’instant « I ». C’est là que tout se joue.
D’après votre expérience des établissements scolaires, pour avoir côtoyé de nombreux enseignants, comment perçoivent-ils la reconversion professionnelle ? Et pour l’administration ?
Mes anciens collègues et amis sont admiratifs. Au départ, juste avant que je me lance, ils me demandaient pourquoi je ne suivrais pas la voie universitaire, vu que j’étais sur le point de soutenir ma thèse de Doctorat. Il était impensable, pour beaucoup d’entre eux, que je puisse avoir rédigé une thèse de 800 pages sans en attendre un résultat immédiat et palpable. Surtout dans une société qui valorise la rentabilité. Il leur semblait également fou de quitter un métier de fonctionnaire, la sécurité de l’emploi, une situation stable « à vie » pour une activité dont je ne savais même pas si elle allait « marcher ».
Aujourd’hui, on me dit souvent « Tu as trop de chance… j’aimerais être à ta place… moi aussi j’aimerais bien faire autre chose, mais je ne sais pas quoi… » Alors je leur réponds qu’il y a une part de chance, effectivement, étant donné que j’ai obtenu un contrat avec un IUT quelques mois seulement après avoir créé VOLTANZA, et que par le bouche-à-oreille j’ai déjà travaillé avec des entreprises comme L’Occitane ou ErDF, pour ne citer que les plus connues…, mais j’insiste surtout sur l’idée que l’on n’a que les limites que l’on se donne, et qu’il ne tient qu’à nous de chercher, s’ouvrir, guetter et agir. Comme je le répète souvent lors de formations ou de stages de développement personnel : jouer c’est prendre le risque de perdre, mais c’est surtout se donner une chance de gagner.
L’administration m’a beaucoup soutenue. Elle m’a accordé une mise en disponibilité que j’avais demandée hors délai, après avoir appris que l’IUT me chargerait des cours de Self esteem et Adaptation et aide à la réussite auprès des formations initiale et continue du Département de Gestion des Entreprises et des Administrations. J’ai rédigé une longue lettre en expliquant mon parcours, mes objectifs et mes attentes. Quelques jours plus tard, ma gestionnaire a laissé un message sur mon répondeur ; elle était très emballée par mon projet de reconversion, elle était contente d’avoir « une enseignante qui sait ce qu’elle veut et où elle va »… elle m’a souhaité bonne chance et a ajouté qu’elle me soutenait « à 100% ». J’avais mon téléphone à la main. J’ai couru et sautillé pendant 5 minutes autour de ma table basse en chantant « J’ai ma dispo ! J’ai ma dispo ! »
Quelles démarches avez-vous entreprises pour réussir ce changement ? Notamment, avez-vous démissionné avec une IDV ?
Il y a trois ans, au moment où mon projet de reconversion a commencé à germer, j’étais dans la salle des professeurs. J’ai tapé « reconversion prof », « enseignant, changer de métier » sur le clavier de mon ordinateur, et je suis tombée par hasard sur le site de l’association Aide aux profs. J’ai commandé le livre de Rémi Boyer, Enseignant… et après ? Comment préparer et réussir sa seconde carrière, et j’ai eu une révélation : j’ai découvert que je n’étais pas la seule prof à vouloir quitter « le plus beau métier du monde », j’ai compris que mon désir de reconversion était légitime, et j’ai cessé de culpabiliser.
Ensuite, j’ai adhéré à l’association Aide aux Profs et je suis rentrée en contact avec Rémi Boyer. Il m’a conseillée sur les possibilités qui s’offraient à moi pour pouvoir réaliser mon projet. J’ai demandé et obtenu une mise en disponibilité et j’ai créé mon entreprise en février 2014. Je renouvellerai ma demande tant que cela me sera possible. Ensuite, je démissionnerai, très certainement, car désormais je ne pourrais plus retourner en arrière. J’ai appris à avancer, « toujours plus loin, toujours plus haut », pour reprendre une devise bien connue. C’est comme ça que je conçois la vie. Explorer, découvrir, comprendre, avancer…
Quelle est actuellement votre activité professionnelle et quels services y proposez-vous ?
Aujourd’hui j’ai créé VOLTANZA, entreprise de formation et coaching en prise de parole en public, communication d’équipe et développement personnel à travers le théâtre d’improvisation.
Je conçois des formations sur mesure, individuelles ou collectives, pour les personnes souhaitant améliorer leur communication verbale et non verbale dans le cadre de leur métier : créateurs d’entreprise, managers, agents commerciaux, auto entrepreneurs, salariés… toute personne désireuse de développer son activité grâce à un démarchage convaincant et efficace, de multiplier ses partenariats, défendre ses projets ou ses produits, animer des réunions. Mais aussi pour les demandeurs d’emploi qui veulent gagner en force de conviction lors d’entretiens d’embauche. Je propose des exercices pour apprendre à gérer son stress à travers la respiration et la visualisation, à améliorer son élocution, son débit, son ton de voix, à poser son regard, à gagner en spontanéité et en réactivité, ainsi que des activités « diagnostiques » destinées à prendre conscience de son mode de communication, de ses éventuels tics, habitudes ou réflexes. C’est ce genre de travail que je propose aux étudiants de l’IUT, par exemple, ou aux créatrices d’entreprises qui participent aux journées de formation organisées par le réseau Potentielles, à Marseille.
Je travaille également sur un autre volet regroupant communication d’équipe et team building. Car une bonne cohésion de groupe passe avant tout par une bonne communication. Ces sessions intéressent généralement une ou plusieurs équipes de travail d’une même entreprise. Dans certains cas, les responsables souhaitent fédérer l’ensemble de leurs salariés. Les activités et les jeux proposés permettent alors de travailler sur l’individuel au sein du collectif, sur l’écoute et la confiance dans le groupe à travers le lâcher-prise. Par exemple, j’ai animé un atelier auprès des jeunes cadres d’une entreprise nationale dans le cadre d’un séminaire annuel de plusieurs jours. Nous avons terminé par un grand Tai-chi à 40 personnes où chacun a su prendre et passer le lead avec une grande qualité d’écoute et d’acceptation. C’était très beau à voir ! Ils ont terminé leur chorégraphie allongés sur le dos, les bras levés vers le ciel.
Dans d’autres cas, les responsables me contactent parce qu’ils souhaitent aborder une thématique particulière avec leur équipe. Il peut s’agir de la nécessité d’intégrer de nouveaux membres, améliorer l’adaptabilité et la flexibilité, les rapports entre juniors et seniors, favoriser la délégation ou la prise de responsabilités, libérer des tensions, gérer une situation conflictuelle…
La progression de mes formations permet aux participants de lâcher-prise sans peur du jugement ou du ridicule. Je ne leur demande jamais rien qui puisse les mettre mal à l’aise. J’ai conscience qu’ils évoluent dans le cadre de leur travail et que leurs relations sont, la plupart du temps, strictement professionnelles. Concentration, plaisir et bienveillance sont les maîtres-mots. J’utilise essentiellement des exercices et des jeux individuels et collectifs. Les mises en situation – ou jeux de rôles – sont proposés en fin de session, une fois le rapport de confiance établi. Ils permettent généralement de mobiliser les acquis dans un contexte donné.
Enfin, je transmets un état d’esprit aux individus qui rencontrent des blocages au niveau personnel, professionnel ou relationnel. En session individuelle, j’ai accompagné une personne qui vivait une relation conflictuelle proche du harcèlement dans le cadre de son travail. Grâce à un travail sur le corps et la voix et à des mises en situation, elle est arrivée à une réelle prise de conscience et a réussi à se repositionner pour redéfinir ses limites. Ces accompagnements sont généralement individuels, mais j’organise aussi des séminaires collectifs de développement personnel. Au programme : confiance, estime et dépassement de soi, ouverture à l’Autre, bienveillance, lâcher-prise… Je souhaite que chacun puisse apprendre à aborder la vie avec patience, confiance, sérénité et humour. Jouer, perdre, gagner sans avoir peur de se tromper.
Considérer les épreuves et les échecs comme une occasion de rebondir, découvrir et explorer de nouvelles pistes.
En savoir plus sur son site internet : http://voltanza.com
En quoi l’accompagnement d’une association comme Aide aux Profs vous a-t-il été bénéfique pour entreprendre votre projet ?
Aide aux Profs m’a d’abord permis de prendre conscience que je pouvais changer de voie, puisque d’autres l’avaient fait avant moi. J’avais la possibilité de partager mes doutes, mes peurs, et poser toutes les questions qui se présentaient à moi.
J’ai adhéré tout de suite à l’association. J’avais déjà mon projet en tête, mais il me manquait des renseignements sur les différentes procédures à suivre. Le site est très complet et très clair, mais l’accompagnement humain est essentiel. Il rassure et nous « booste », comme on dit. Rémi Boyer m’a rapidement consacré un entretien téléphonique durant lequel il a répondu à toutes mes interrogations et m’a présenté les possibilités qui s’offraient à moi. Il m’a informée des subtilités administratives, des difficultés que je risquais de rencontrer… Là, c’était du concret. Je ne pouvais plus faire marche arrière.
C’était il y a 3 ans. Par la suite, j’ai tenu Rémi au courant de mes avancées. Je souhaitais avant tout terminer ma thèse, alors ma reconversion ne s’est pas faite tout de suite. Mais je ne l’ai pas vécue avec impatience, parce que mon projet devait mûrir encore. Puis les choses se sont faites tout simplement. Rémi a toujours a toujours été très disponible et motivant. Nous avons communiqué essentiellement par mails. Le contact était désormais établi. J’avais une confiance totale en son expérience et je savais où j’allais. Une fois mon entreprise créée, Aide aux profs m’a proposé de devenir adhérent référent, et j’ai tout de suite accepté.
Devenir adhérent d’Aide aux Profs, ça signifie quoi selon vous ? Que
pensez-vous apporter à votre tour à ce dispositif ?
En devenant adhérent référent, j’ai voulu aider, à mon tour, d’autres enseignants : partager mon expérience, les rassurer sur le fait que leur désir de reconversion n’est pas un caprice, leur montrer qu’il est possible d’y arriver et qu’ils ne sont pas seuls. Communiquer avec eux, tout simplement : répondre à leurs questions, leur présenter les démarches à suivre, les mettre en garde contre d’éventuelles difficultés, échanger sur les moments de doute et de crainte qu’ils peuvent traverser…
Il est très important de parler à d’anciens enseignants qui ont sauté le pas. Parce que les peurs qui nous bloquent sont souvent liées à des fantasmes, à ce que l’on imagine. Or, lorsqu’une personne nous parle de son vécu et de son expérience, on touche du doigt le concret. Une fois qu’on a lâché prise et qu’on est sorti de sa zone de confort (notre réalité, notre quotidien, ce que l’on connaît, maîtrise, et qui nous rassure), on est dans une nouvelle réalité qui nous appartient et on n’a plus le choix. Il faut avancer. Et du coup, on avance.
Bien sûr, on renonce à un certain confort (la sécurité de l’emploi, un salaire mensuel, toujours égal, des horaires réguliers, des vacances, une « clientèle » servie sur un plateau…), on rencontre des difficultés, des refus, de nouvelles peurs… mais petit à petit, on se rend compte que l’inconnu est tellement excitant ! Je suis convaincue que nous devons écouter au maximum nos besoins pour que chaque jour soit l’occasion de faire un pas de plus sur le fascinant chemin de la vie.
Rémi Boyer
Sur le site du Café
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