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Parmi les 100 000 personnes qui se sont réunies un peu partout en France suite à l’attentat contre Charlie Hebdo, les reporters du Café pédagogique ont croisé beaucoup d’enseignants. Ils étaient aussi très nombreux à échanger sur les réseaux sociaux notamment par le fil twitter du Café pédagogique.

« Demain on va prendre du recul », m’a dit Magalie Delranc, une jeune professeure de lettres classiques en collège rencontrée place de la République à Paris. « J’ai commencé l’année avec la presse, l’objectivité, la défense d’un point de vue. Les élèves sont intéressés par l’actualité et avides de comprendre. Nous discuterons en cours des événements ». L’éducation aux médias, la découverte de caricatures sont bien inscrits dans son enseignement.

A Rennes, où plus de 10 000 personnes se sont réunies place de la mairie le 7 janvier, J Cabioch a vu beaucoup de lycéens et d’étudiants dans le rassemblement « Je suis venue dès la fin des cours, je sentais que quelque chose de grave et d’important se passait dans notre pays » explique Charlène, lycéenne de 2nde. « C’est important de montrer notre solidarité envers la rédaction de Charlie Hebdo, fer de lance de la liberté d’expression française » explique Xavier, lycéen en terminale. Une cinquantaine d’enfants accompagnés de leurs parents sont venus déposer une bougie près de la mairie avec les adultes. »Je n’ai pas réussi à expliquer l’attentat à ma fille » explique Bérénice, mère d’une écolière.  » Je préfère venir avec elle ici et la laisser voir le rassemblement » De nombreuses personnes avaient imprimé la vignette « Je suis Charlie ».

A Brest, Jean-Michel Le Baut a croisé des milliers de participants. « Beaucoup d’émotion et de dignité chez tous : expression d’un attachement fort, intime même, à des personnes, des images, des mots, des voix… qui faisaient partie de notre vie, qui sans doute représentent aussi comme les fondements de notre culture, tant d’un rapport au monde (le rire) que de valeurs (la liberté, le plaisir, le bonheur…). Beaucoup de personnes rencontrées étaient en état de choc, de sidération : en particulier des enseignants (très présents), tant cet acte vient aussi ébranler le sens que nous donnons à notre métier ».

Sur Twitter

Sur Twitter les enseignants se demandaient comment réagir. « Demain je vais laisser les enfants parler de ce qu’ils ont vu et entendu « , explique Alexandre Accou, professeur des écoles à Paris. « Plus que jamais ma priorité c’est apprendre aux enfants à penser », affirme S Fontdecaba, professeure des écoles sur Twitter. « Demain je retourne au lycée, je veux faire d’eux des citoyens ouverts et tolérants », annonce une enseignante @lecoquelicot.

Sur Twitter également, Florence Robine, directrice de l’enseignement scolaire, manifestait son émotion. « Tellement choquée, meurtrie, en colère devant cette tuerie ». Michel Lussault, président du CSP déclarait que « la liberté, la tolérance sont toujours à défendre. L’école doit y contribuer »

Les syndicats unanimes

Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, rencontré Place de la République souligne l’importance de se retrouver. Pour lui l’attentat « oblige à lancer un débat d’éducation civique sur les valeurs de la République, la liberté et la démocratie ». Roland Hubert, co-secrétaire général du Snes, rencontré lui aussi place de la République estime qu’il faut « écouter les élèves et les parents, ne pas céder à la panique et rappeler les valeurs de la République ». Le Se-Unsa rappelait que « en visant un journal, en choisissant délibérément de recourir à une violence extrême et barbare, les meurtriers avaient un objectif : celui d’affaiblir la démocratie ». Le syndicat « appelle à ne pas céder aux visées terroristes. C’est avec fermeté, mais dans le cadre des valeurs de notre république – la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité qu’il convient de réagir ».

François Jarraud