Certains élèves nous surprennent par la place qu’ils assument dans la classe. C’est le cas de S… Cette année encore, nous suivons l’équipe de La classe plaisir. Vous retrouverez tous les mercredis, jour de L’Hebdo primaire, ses petits moments sur l’école qui donnent sens au métier…
Une classe, c’est une alchimie particulière. Une alchimie faite de sécurité (les élèves ont besoin de sentir que la classe est un lieu sans danger), de stabilité (ils ont aussi besoin de sentir que tout ne va pas être chamboulé sans arrêt, d’où la difficulté, surtout chez les élèves les plus fragiles, d’accepter l’absence de leur enseignant référent), de légèreté (ils doivent se sentir reconnus dans leur âme d’enfant), de sens (ils doivent vivre la classe comme un lieu de conquête, et plus largement de vraie vie).
Cette alchimie ne se décrète pas, elle est favorisée par tout un dispositif qui vous est fréquemment décrit dans ce blog : expression libre, questionnements permanents, coopération, projets authentiques, reconnaissance de chacun, etc. Elle est aussi facilitée par la présence de certains enfants, et là, j’aimerais vous parler de S.
S. est une petite fille de sept ans, qui était déjà dans ma classe de CP l’an dernier, et qui, plus j’y réfléchis, a une place essentielle dans la classe :
– Elle participe – à sa manière, discrète – à tout ce qui est proposé en classe : écriture de textes libres, rallyes lecture, passage au « Je fais partager » (aujourd’hui, elle nous a présenté un dessin d’autoroute qu’elle a réalisé à l’occasion d’un déplacement récent en voiture), paroles aux moments philo…
– Elle a accepté sans hésitation à se mettre à côté de F., dont j’ai déjà parlé dans l’article suivant (http://laclasseplaisir.eklablog.com/plaisir-vecu-288-la-metamorphose-de-f-a107848748), pour l’aider, et je la surprends régulièrement à se pencher vers lui pour lui montrer, lui réexpliquer, l’accompagner, sans qu’à aucun moment je n’aie besoin de le lui dire. Sans faire de bruit et sans recherche de gratification quelconque.
– Elle entre dans la classe à chaque retour de récréation avec un regard systématique sur l’emploi du temps qui est affiché au tableau et va aussitôt se positionner à l’endroit adéquat ou sortir les outils qui conviennent à l’activité à venir.
– Précisons que ce n’est pas une élève issue d’un milieu social favorisé, ni une surdouée. Elle est là. Simplement là.
Alors, pourquoi a-t-elle selon moi une place si importante ? C’est parce que je considère que l’exemple donné par un pair est moteur pour les autres élèves – surtout quand cet exemple est gratuit, sans recherche de gloire ou de récompense de sa part -, bien plus moteur, ou plutôt, autrement moteur, que celui donné par l’enseignant. Et je sens depuis quelques semaines que S. fait peu à peu tache d’huile chez d’autres élèves plus récalcitrants.
Et puis, voilà un petit clin d’oeil pour parler encore un peu de S. Tout à l’heure, alors qu’on parlait ensemble de « pourquoi il y avait autrefois des chevaliers et plus aujourd’hui ? », elle est intervenue en disant qu’on dit le mot « chevalier », car le cheval et son maître sont très liés. J’ai souri. C’était faux… et pourtant tellement juste !
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