En 1924, Freinet introduit l’imprimerie et la correspondance scolaire dans sa classe, deux fondements de sa pédagogie. 90 ans plus tard, le mouvement Freinet tient Salon à Paris. Que reste-il de l’élan fondateur ? Un enseignant « ordinaire » dans une école « normale » peut-il instiller du Freinet dans sa classe ? Voilà quelques questions que le mouvement Freinet a abordées le 5 novembre.
« Le mouvement Freinet se porte bien », assure Catherine Chabrun, rédactrice en chef de la revue de l’Icem. Si le mouvement déplore la diminution du nombre d’enseignants détachés, sa revue se porte bien et les adhésions progressent. En témoigne le Salon organisé le 5 novembre par la section parisienne de l’Icem, le nom officiel du mouvement Freinet. Près de 250 enseignants ont participé aux ateliers et conférences du salon.
Serge Boimare et Martine Boncourt ont ouvert l’après midi par une conférence sur le désir de savoirs et d’enseigner. Car, pour Martine Boncourt, la pédagogie Freinet n’est pas une pédagogie active, c’est une pédagogie du désir de travail, de la faim d’apprendre. Si les élèves s’ennuient si souvent à l’école c’est, selon elle, qu’ils n’y travaillent pas assez. Serge Boimare a développé, à travers un cas particulier, l’idée de la peur d’apprendre. Pour apprendre il faut affronter la frustration et c’est angoissant pour certains élèves. S Boimare recommande de faire appel à des textes fondateurs avec des exercices d’expression quotidiens.
Mais Freinet c’est d’abord des outils présentés en atelier. Trois enseignants Freinet, de la maternelle au Cm2, proposent de guider de premiers pas en présentant trois outils de la pédagogie Freinet. D’abord un outil d’expression le « Quoi de neuf ». Réuni régulièrement à des rythmes différents, le Quoi de neuf invite les élèves à s’exprimer. Il fait partie des outils qui modifient la posture du maitre et le fonctionnement de la classe. Animé par des élèves, il apprend à argumenter. L’enseignant y puise des idées de travaux à développer avec les élèves. Le conseil d’élèves va encore un peu plus loin dans l’appropriation de la pédagogie Freinet. Là il faut que l’enseignant accepte de changer de posture et d’écouter les remarques des élèves autour de 4 questions : je désire, je félicite, je critique, je propose. L’enseignant est à la fois à l’écoute et le gardien de la loi. Le plan de travail est le troisième outil présenté. C’est celui qui permet de différencier les apprentissages. Les élèves ont une liberté de choix des travaux avec un minimum fixé par l’enseignant. Ils travaillent et apprennent l’autonomie dans ce cadre.
Peut-on développer du Freinet dans une école « normale » ? « Oui » nous explique Émilie Lassau, professeure des écoles dans une école parisienne ordinaire. « Il faut respecter les programmes et les instructions », rappelle-t-elle. « Mais on peut s’appuyer sur la liberté pédagogique ». Mais travailler dans un cadre ordinaire rend un peu plus difficile l’installation des rituels Freinet. « Il faut plus de temps pour installer le conseil ou le quoi de neuf. Il faut que les élèves se sentent en sécurité par rapport à leurs camarades ». Pour Émilie, Freinet est une « pédagogie du travail choisi ». Chaque élève découvre ses points d’excellence et les développe. Le grand moteur de la pédagogie Freinet c’est la qualité de vie qu’elle procure. « Je ne suis pas épuisée comme le sont mes collègues », nous dit E Lassau. « Les élèves savent travailler en autonomie et participent à la gestion de la classe ». Un bon enseignant Freinet est aussi un enseignant qui a appris le laisser faire et désappris la pédagogie du contrôle.
François Jarraud
Boimare : Ces enfants empêchés d’apprendre
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