Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Quel a été votre parcours de carrière ?
En 2005 j’étais stagiaire à l’IUFM après avoir réussi le concours de professeur des écoles. La formation en pédagogie fut intéressante, car j’ai appris à décortiquer un savoir et le transmettre à mes futurs élèves. Toutefois, lors du stage de 3 semaines devant «élèves », j’ai été assez surpris que l’on me mette en situation si rapidement. En effet, mon manque d’expérience fut un régal pour les élèves qui ont pu en profiter. Heureusement pour moi, j’avais fait beaucoup d’animation dans le passé, et donc avait eu de nombreuses occasions de gérer des groupes d’enfants. Ce ne fut pas le cas de tous mes collègues qui ont rencontré davantage de difficultés. Il est étonnant que l’IUFM ne nous prépare pas, en tant que lauréats du concours enseignants, à établir une relation avec nos futurs élèves. Il n’y a pas non plus d’apprentissage pour gérer notre voix, outil essentiel de notre métier, ni de techniques pour avoir de l’autorité en classe, ce qui me semble pourtant indispensable. De ce fait, les premières années, je n’ai pas pu être le prof que j’aurais voulu être.
Pendant le début de ma carrière, j’ai fais beaucoup de remplacements, et ce sur tous les niveaux du Primaire, en tant que Brigade départementale, ou ZIL. Cela m’a permis de travailler à proximité de chez moi dès le début de ma carrière. C’est très compliqué d’établir son autorité sur ce type d’affectation, mais cela permet d’apprendre rapidement et de pouvoir tester ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas avec les élèves. Tous les ans, lors du mouvement départemental, chaque enseignant peut formuler jusqu’à 30 vœux. Au début de carrière, il n’est pas évident d’obtenir les vœux désirés, car nous n’avons que très peu de points et donc très peu de choix. J’ai toujours enseigné dans le 93 et actuellement j’y enseigne à mi-temps.
En 2013-2014 j’ai pris une disponibilité pour créer une entreprise, car je voulais quitter l’EN. J’ai dû réintégrer mon poste au bout de deux mois, car il est difficile de se verser un salaire confortable, au tout début d’une création d’entreprise. Le fait de ne plus avoir de revenus si soudainement complique forcément la tâche.
Quelles compétences transférables vous a apporté ce métier ?
Tout d’abord, j’ai appris à transmettre des savoirs et ai développé une capacité d’analyse sur les différents contenus quel qu’il soit. De plus, j’ai acquis la capacité de fixer des objectifs clairs et différencier ceux qui me sont personnels et ceux qui sont destinés à mes élèves. C’est quelque chose que je réutilise dans les différents formations que j’anime pour des entreprises. L’enseignant est en quelque sorte un ingénieur en formation, mais n’en a pourtant pas conscience.
J’ai également acquis une aisance dans l’expression orale face à un public. En effet, animer des cours avec des enfants, permet de développer la capacité de capter l’attention et de détecter si les notions abordées passent ou pas. De plus, lorsqu’on a fait cours à des enfants, on est capable de faire cours à tout le monde, car ce sont les enfants qui ont le moins de règles établies et donc c’est le public où il y a le plus de travail de ce coté-là.
Enfin, enseigner m’a permis de développer mon regard critique et mes compétences relationnelles afin de pouvoir mettre en place les actions de remédiation nécessaire pour mes élèves et les conditions d’une relation de confiance.
En quoi consiste votre entreprise ?
C’est une entreprise de coaching et de formation. Je l’ai créée depuis deux ans, et y ai développé des formations pour l’orientation des jeunes. J’avais fait ce choix, car personnellement, j’avais été très mal orienté et pensais qu’il y avais un marché dans ce domaine. Pour ces formations, j’ai dû développer des outils du coaching, après m’y être formé. Cette formation m’a d’ailleurs permis d’améliorer ma technique d’enseignement en classe et de revoir complètement mon rôle et mes méthodes en tant qu’enseignant. Par la suite, le coaching étant la « petite fille de l’hypnose » (selon certains), j’ai poursuivi en apprenant cette technique et ça m’a plu énormément.
Ma société s’est donc axée sur le coaching et l’accompagnement de différents projets de vie.
Aujourd’hui, je travaille aussi bien avec des écoles qu’avec des entreprises où je propose des formations en hypnose ou des ateliers d’orientations professionnelles. Je propose aussi avec une formation intitulé « Street-coaching »,avec un ami, qui a la volonté d’apporter, à tous, quelques outils propres à l’hypnose et au coaching.
En deux ans le CA annuel a pu monter à 50.000 euros/an, et nous anticipons avec notre carnet de commandes actuel un CA de 100.000 euros en 2014-2015.
Je pense que le coaching devrait avoir sa place dans les ESPE, car cela a vraiment changé ma pratique de l’enseignement. Cela permet de développer une complicité avec ses élèves, qui ne s’apprend pas actuellement dans la formation.
Actuellement je coache des profs dans leur reconversion, via un blog, confidencesdeprofs.com
http://confidencesdeprofs.com/
Je leur apporte des outils, des réflexions, je les aide aussi à mieux enseigner. Ceux qui envisageaient une reconversion découvrent parfois qu’ils apprécient leur métier et en ont une nouvelle perception. C’est toute la force du coaching de modifier les perceptions d’une problématique afin de la résoudre plus facilement. Ainsi, ces enseignants ont les moyens d’améliorer leur relation aux élèves, et de découvrir de nouvelles facettes intéressantes de leur métier.
Pensez-vous rester prof quand votre entreprise va vous permettre d’en vivre ?
J’ai commencé ma période de transition, la flexibilité me manque actuellement. Je veux faire de la formation pour les enseignants. Mais pour l’instant, j’ai proposé mes services à l’ESPE de Créteil et à l’Inspection Académique du 93, mais ça ne les intéresse pas.
Que conseillez-vous à un prof qui voudrait quitter son métier ?
Je lui conseillerai de s’interroger sur les raisons de quitter ce métier. Est-ce pour réaliser un projet de vie, pour changer tout simplement ou pour fuir quelque chose? Réaliser un projet de vie ou changer pour changer amène souvent une grande satisfaction personnelle, alors que fuir entraîne beaucoup plus d’incertitudes. Je lui conseillerai également de savoir réellement l’objectif qu’il se fixe, et de bien réfléchir aux différentes stratégies à mettre en place pour sa réussite. Pour finir, je lui dirai de ne pas avoir peur des échecs potentiels, car ils font partie intégrante du processus d’apprentissage et de se donner du temps pour réussir.
Pourquoi avez-vous eu envie de devenir adhérent référent d’Aide aux Profs ?
Le coaching a été une vraie révélation pour moi. Alors si je peux, à mon tour, aider des enseignants à mieux vivre leur métier, ça me plairait bien. Cela fait partie de mes projets de vie. J’ai la volonté de contribuer à une société meilleure, prête à accueillir tout le monde, car il est sûr que chacun a sa place. Si l’enfant est mis en confiance, qu’il est bien dans sa peau, il sera un adulte heureux, et inversement. Il faut donc redonner confiance aux profs, pour que les élèves dont ils ont la responsabilité se sentent bien dans leurs classes.
Quel a été votre parcours de carrière ?
Après un bac A1 (lettres et mats) et une licence A.E.S. (Administration Economique et Sociale), je passe le concours de professeur des écoles que j’obtiens en 1996.
Depuis mon plus jeune âge, j’ai l’impression que je sais quel métier je souhaite exercer « quand je serai grande » : maîtresse !
Pourtant, au fil de ma scolarité, les certitudes de petite fille font de la place à d’autres hypothèses : travailler dans la restauration, le droit, la psychologie,… Mais j’en reviens toujours au même point : j’ai envie d’être maîtresse. J’aime le contact avec les enfants, j’ai envie de travailler avec eux et il me semble plus facile de travailler avec un jeune public plutôt qu’un public d’adultes.
Quelques années plus tard, je prendrai conscience du poids familial dans ce choix de parcours. Il est des contrats inconscients qui nous empêchent parfois de suivre notre voie…
Je suis encore aujourd’hui professeur des écoles. J’enseigne en petite section de maternelle et je suis directrice de l’école maternelle où je travaille.
Qu’avez-vous apprécié dans le métier d’enseignant ?
Ce que j’apprécie en premier lieu dans ce métier, c’est la relation :
– Relation avec les élèves tout d’abord : enseigner en petite section m’offre le confort de ne pas trop subir la lourdeur des programmes. Je peux prendre le temps d’avancer en fonction du rythme de développement des enfants, toujours différent d’un enfant à un autre. La part relationnelle est primordiale en petite section.
– Relation avec les parents : la première année d’école est une étape importante pour l’enfant certes, mais aussi pour ses parents. C’est une première séparation, et j’ai à cœur de les accompagner dans cette étape.
– En tant que directrice, j’ai aussi à gérer le suivi des élèves en difficulté, organiser des réunions, orienter les parents vers des professionnels. Là aussi, l’aspect relationnel est important, dans le sens où il est toujours difficile, voire douloureux pour un parent de découvrir que son enfant est en difficulté. Car il s’agit bien souvent d’une découverte, l’école maternelle étant le premier lieu de « confrontation » de l’enfant au monde.
– Relation avec les collègues : j’ai parfois un rôle de soutien, de médiateur, ou de coordinateur, selon les moments.
Cela fait quelques années que je participe aux stages de remise à niveau, organisés aux vacances de Pâques et à la fin des congés d’été. J’aime beaucoup travailler avec les élèves en difficulté. J’aime essayer de comprendre, avec eux, d’où vient la difficulté. Nous essayons ensemble de trouver comment y remédier ; je les accompagne en tendant à les rendre acteurs de leur apprentissage, en faisant en sorte qu’ils puissent trouver leurs propres ressources pour apprendre.
Enfin, un autre aspect qui m’est agréable, et que l’on ne trouve pas dans toutes les professions, est l’autonomie. Nous sommes libres de notre pédagogie et de notre gestion du temps.
Qu’est-ce qui vous a pesé au fil du temps dans ce métier et qui vous conduit à évoluer autrement professionnellement ?
Ce qui m’est fort désagréable, c’est le côté régressif et infantilisant vers lequel nous pouvons basculer si nous n’y prenons pas garde, et si nous laissons faire. Les situations d’inspection, rejoueraient alors des situations de notre enfance, où nous redeviendrions l’élève (bon ou mauvais ?) interrogé par le maître/inspecteur. De la même manière, certains conseillers pédagogiques auraient tendance à s’adresser aux enseignants comme à des enfants.
Je me suis souvent sentie jugée à défaut d’être soutenue dans l’exercice de mon métier.
C’est un système tout entier dans lequel je ne me sens pas bien. Système qui crée ou entretient un sentiment de culpabilité lié à la sensation de ne jamais en faire assez, ou pas assez bien.
Un système que je trouve hypocrite où belles paroles laissent imaginer une école égalitaire, soucieuse des élèves en difficulté, mais où concrètement, il n’y a ni les moyens financiers, ni les moyens humains, ni les moyens de formation pour répondre aux multiples besoins des élèves . L’enseignant se retrouve seul face à sa classe, en prise avec une demande institutionnelle pas toujours en adéquation avec la réalité des besoins des élèves. Cela a pour conséquence de le placer lui-même en difficulté…
Hypocrisie également quand on connait la souffrance de certains collègues, mais qui sont rarement aidés, tout au plus déplacés de leur poste. La souffrance n’est pas nommée, pas reconnue… Comme si c’était un tabou d’être prof et en souffrance.
Mon expérience de professeur des écoles m’apporte la connaissance d’un système et de ses difficultés, me rend sensible à la souffrance des enseignants, mais aussi des enfants et de leur famille.
De plus, ma formation en psychothérapie m’a permis de développer des capacités d’écoute, de respect et de non jugement. J’aborde mon métier d’enseignante avec un autre regard.
Cependant, dès mes premières années d’enseignement, un profond malaise s’est vite installé en moi : je ne me sentais pas à ma place.
J’ai également ressenti une grande frustration avec mes premières classes, où j’aurais eu envie d’être plus dans la relation avec les élèves, avoir plus de temps pour écouter ce qu’ils avaient à me dire. Ma première classe était une classe de CM2, et j’ai eu l’impression d’avoir à les « gaver » de savoirs…
Jusqu’à ce que je trouve mon projet de reconversion, j’étais dans la souffrance…
Quelles étapes avez-vous réalisées en vue d’une reconversion ?
J’ai donc commencé par une démarche de psychothérapie personnelle ; j’avais besoin d’aller à la rencontre de moi-même. J’arrivais dans un métier que j’avais (que je croyais avoir) choisi, et pourtant je souffrais…
Après un long travail d’introspection, j’ai choisi ma voie : la psychothérapie.
Je me suis alors engagée dans une formation, à titre personnel. Cette formation a duré 4 ans et demi, à raison d’un week-end par mois à Strasbourg, et 10 jours en été à Montpellier.
J’ai continué à travailler à temps plein, j’ai financé ma formation.
Enfin, j’ai créé mon auto-entreprise et demandé un cumul d’activité pour démarrer mon 2e métier.
Aujourd’hui, je cumule mon métier de professeur des écoles et directrice d’école maternelle à temps plein, avec mon activité de psycho-praticienne.
Je reçois au sein de mon cabinet des enfants, adolescents, adultes, couples. Je travaille également en accompagnement scolaire avec des enfants en difficulté.
Cette année, j’ai obtenu un congé formation professionnelle de 1 journée par semaine afin de reprendre un cursus universitaire de psychologie.
Mon activité de psycho-praticienne est une activité qui a du sens pour moi, dans laquelle je me sens à l’aise et à ma place.
Accompagner les personnes vers un mieux-être est une belle aventure ! Car c’est bien d’accompagnement dont il s’agit : il n’est pas question de donner des réponses toutes faites aux personnes qui sonnent à ma porte, mais bien de les accompagner afin qu’elles trouvent, en elles, leurs propres ressources, leurs propres réponses à leurs questions. C’est accompagner les personnes vers la liberté de choix, vers l’autonomie.
Ce métier de la relation d’aide est en accord avec mes convictions, avec mon moi profond. C’est un métier où l’on ne fait pas semblant, où l’on est authentique. C’est un métier où l’on dit les maux.
Cumuler les 2 activités nécessite organisation et énergie, mais c’est une étape transitoire. Aujourd’hui que ma reconversion est engagée, je souhaite partager mon expérience et profiter de l’expérience d’autres personnes, par l’intermédiaire d’Aide aux Profs.
Grâce à Aide aux Profs, la souffrance des enseignants est enfin dite et reconnue. Le soutien et l’expertise d’Aide aux Profs permettent d’envisager une seconde carrière de manière moins hasardeuse et plus sereinement.
Du fait de mon métier dans la relation d’aide, je peux également proposer un accompagnement (soutien psychologique ou travail psycho-thérapeutique) aux enseignants qui en font la demande.
Pour en savoir plus :
http://psy-belfort-celinefridblatt.fr/
Depuis trois ans, les différentes antennes départementales du Sgen-Cfdt font appel à Aide aux Profs pour des conférences, et cette année des formations, pour aider leurs adhérents à se préparer à cette reconversion à laquelle ils aspirent de plus en plus nombreux.
Avec l’allongement des carrières, et un pouvoir d’achat qui stagne à partir de 50-55 ans quand l’enseignant est bloqué au 11e échelon de sa classe normale en attendant désespérément sa hors-classe, qui ne concerne selon son corps que 5 à 7% des candidats à cette promotion chaque année, de plus en plus d’enseignants rêvent d’une reconversion qui ne soit pas trop contraignante, ni trop coûteuse.
Les paramètres d’une reconversion dépendent de la constitution du foyer familial, selon que la personne est célibataire ou mariée avec des enfants, selon l’âge de ces enfants, selon la localisation géographique et le degré de mobilité envisagé, selon les délais que l’on se fixe, aussi, et selon les moyens que l’on est en mesure de mettre en œuvre.
Dès que l’envie naît, il faut la laisser croître comme une fleur pour qu’elle s’épanouisse. Il faut oser y réfléchir, pour étudier l’éventail des possibilités envisageables, professionnellement. Refuser cette étape, la refouler, c’est prendre le risque que cette envie ressurgisse plus tard et trop tard, à un âge où il faudra faire plus d’efforts, à un âge où toutes les portes se fermeront, à un âge où la résignation prendra le pas sur le projet, avec comme seule échappatoire l’attente, longue et pesante, d’une retraite qui ne cesse d’être repoussée au fil des réformes.
Aide aux Profs pour cela réalise auprès des syndicats qui en formulent la demande un travail d’information, de conseil, parfois d’accompagnement, au travers de conférences que je réalise sur une demie ou une journée, sur toute la France, sur mes congés personnels. Je suis en effet passionné par la mobilité des enseignants, car c’est un métier que j’ai aimé, où l’on se donne à fond au quotidien pour les autres, en étant patient, à l’écoute, et où l’on se sent parfois épuisé, avec l’envie, à un moment, de se préserver, de changer. Car chacun n’a pas la même passion, ni la même énergie. Pour l’avoir vécu pendant 15 ans, pour avoir ressenti moi aussi cet appel du large, j’ai eu envie, un jour, d’aider d’autres enseignants à emprunter ce chemin vers autre chose. Pour leur permettre de croire en leurs possibilités de s’épanouir autrement. J’ai eu envie de le faire pour deux raisons :
– A force de faire preuve de patience et d’écoute pour les enfants des autres, je n’en avais plus pour les miens en rentrant le soir, et cela me pesait de leur faire subir mon mauvais caractère certains jours. Beaucoup d’enseignantes, de professeurs des écoles notamment, nous évoquent ce problème qui les conduit à envisager de faire un autre métier.
– En 15 ans, j’ai côtoyé dans différents établissements cinq enseignants qui ont mis fin à leurs jours, par pendaison pour quatre d’entre eux, par barbituriques pour le cinquième. Que des hommes, dont trois professeurs d’histoire-géographie. Un instituteur. Et un professeur agrégé d’économie qui enseignait à 80 km de chez lui et dont toutes les demandes de rapprochement par mutation étaient refusées, sans que l’administration daigne agir en quoi que ce soit. Ce fut à chaque fois éprouvant d’apprendre qu’on ne reverrait pas ce collègue à la rentrée suivante, alors qu’on l’entendait l’année précédente dire en salle des profs, comme beaucoup « j’aimerais faire autre chose, mais quoi ? Je ne sais rien faire d’autre ! ». En salle des profs, cette expression est tellement commune, la souffrance de certains profs est tellement courante, qu’on finit par ne plus y faire vraiment attention, dans un contexte structurel où l’on manque cruellement de médecine du travail, et où l’administration manque de ressources humaines pour assurer une prévention de la souffrance au travail, et pour former autrement celles et ceux qui se rendent parfois coupables de harcèlement moral, administratif, professionnel.
Fin novembre, c’est le Sgen Cfdt de Versailles, pour une journée, et le Sgen Cfdt de Limoges, qui ont souhaité faire appel à Aide aux Profs. Nous avons aussi été contactés par la Fep-Cfdt l’an passé, et par le Snec cette année, ainsi que par le Snalc.
Aide aux Profs n’est pas liée à un syndicat en particulier, mais est réceptive à toutes celles et ceux qui ont pris conscience que la reconversion professionnelle était une étape désormais de la vie d’un enseignant, et que lui proposer une reconversion en changeant de discipline ou de niveau d’enseignement n’était pas répondre correctement à ses attentes. Quand on en a assez d’enseigner, il faut être fort en soi pour refuser d’aller diriger un établissement scolaire où l’on deviendra un mauvais manager, aigri et frustré de ne pas avoir réussi à s’extirper de l’enseignement, ou pour refuser de changer de discipline, car au fond de soi l’on sait bien que ce n’est pas ce dont on rêvait réellement.
Dans l’optique que puisse exister un jour une réelle Gestion des Ressources Humaines de proximité, qui ne soit pas une énième manière de caporaliser les enseignants et de les contrôler encore plus, Aide aux Profs prône une autre approche de la mobilité professionnelle des enseignants. Faciliter les allers-retours, les entrées comme les sorties, devient essentiel, et tout au long de l’année, alors qu’actuellement, la pénurie d’enseignants fait rage dans certains départements et dans certaines disciplines, à tel point que l’administration refuse des départs en détachement même quand les candidats sont recrutés, et les demandes de disponibilités. Le système actuel va à l’encontre, bien malheureusement, du droit à la mobilité professionnelle de cadres A qui ne sont pas reconnus comme tels, en ne leur accordant pas le bénéfice de la loi du 3 août 2009 qui concerne pourtant tous les agents publics. Ce déni montre bien que l’Education nationale applique les textes qui l’arrangent, au détriment des intérêts de son personnel.
Beaucoup appellent au changement de la GRH. Mais tout porte à croire que la Refondation ne pourra venir que de l’intérieur. Malheureusement, les jeunes recrutés dans l’administration centrale comme dans les rectorats tendent à appliquer les préconisations de leurs aînés. Ce système n’est donc pas prêt de changer. Les syndicats n’y peuvent rien, et les ministres non plus.
La seule action que nous pouvons faire est donc de convaincre chacun que le plus important, c’est d’écouter son besoin intérieur, de répondre à ses propres attentes, sans écouter les Cassandre de tous poils qui tendent à les faire rester là où ils sont, parce que ça arrange le système qui manque de profs. Mais qui ne songe pas un seul instant au bonheur au travail de ses enseignants, à leur qualité de vie au travail.
Pour contacter Aide aux Profs :
http://www.apresprof.org
Sur le site du Café
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