Environ un candidat sur deux au bac général présente une option. Il s’agit le plus souvent des arts, de l’EPS de l’histoire-géo en S, des langues anciennes ou vivantes. Onéreuses, accusées d’alimenter la ségrégation sociale et scolaire entre les lycéens, les options ont-elles une utilité forte ? Et pour qui ? Une nouvelle étude de la Depp alimente le débat sur les options disponibles au lycée.
Les options ont mauvaise presse déjà en raison de leur coût. On sait qu’elles expliquent pour une bonne part le coût élevé du lycée par rapport aux autres niveaux de l’enseignement scolaire. Le coût moyen d’un lycéen est de 9 660 € contre 8370 € pour un collégien ou 5870 € pour un écolier. Ce coût est nettement plus élevé en France que dans les autres pays de l’OCDE. Or l’État doit dégager des économies et lutter contre l’échec scolaire massif. Voilà deux raisons qui devraient l’inciter à transférer des moyens du lycée vers le primaire. Mais ce n’est pas tout…
Une étude réalisée par Son Thierry Ly, Éric Maurin et Arnaud Riegert a mis en évidence le rôle des options dans les processus ségrégatifs dans les établissements. « Un nombre important d’établissements génèrent des inégalités substantielles entre les classes de leurs élèves », écrivent-ils. « Pour 30 à 40% d’entre eux (selon qu’on étudie la dimension sociale ou scolaire), une partie au moins de ces inégalités semblent provenir de la constitution volontaire de classes de niveaux. Pour les autres, il apparait que les différences sociales et scolaires dans les choix d’options et de langues vivantes sont à l’origine de la majeure partie de la ségrégation constatée. A supposer que le regroupement des élèves selon leurs choix d’options n’ait pas été mis en place pour ségréguer volontairement, pour éviter par exemple leur fuite vers d’autres établissements, 62% de la ségrégation active intra-établissement aurait pu être supprimée en s’efforçant à séparer ces élèves ».
Les options donnent-elles le bac trop facilement ? Une nouvelle Note de la Depp (division des études du ministère) analyse ses effets sur les résultats du bac. Les options sont parfois accusées de donner le bac à des élèves faibles y compris dans les disciplines phares de la série. Selon l’étude de la Depp, pour avoir un impact sur le résultat du bac, le candidat doit être très proche d’un des seuils de l’examen. En effet un candidat qui obtient 15/20 à son option ne voit sa moyenne progresser que de 0,3 points. S’il a 20/20 l’apport sera de 0,5 à 0,6 point. Dans 6 cas sur 10 le candidat est suffisamment éloigné d’un seuil (8/20, 10/20, 12/20 , 14/20 ou 16/20) pour que l’effet soit nul. En 2013, 20% des candidats ayant passé une option au bac ont vu leur résultat affecté par l’option, soit 36 000 personnes. 11% ont obtenu une mention supérieure grâce à elle. 5% ont obtenu une mention avec l’option. 3% ont obtenu le bac au 1er groupe d’épreuves grâce à leur option. Pour 0,8% elle a permis d’échapper à l’élimination à l’issue du premier groupe. Pour 80% des candidats présentant une option , celle-ci n’a eu aucun impact sur leur résultat final.
Ainsi l’option donne très rarement le bac. Mais elle est un marchepied pour une minorité vers la mention. Qui est cette minorité ? D’abord des lycéens des séries générales, c’est-à-dire déjà socialement plus favorisés que les lycéens du technologique ou du professionnel. Parmi eux les jeunes de milieu favorisé ont deux fois plus de chances de présenter deux options que ceux des familles défavorisées (19 et 10%). 53% des jeunes de milieu populaire ne présentent aucune option quand ce n’est que 39% des enfants de famille favorisée. Pour la Depp, les options sont bien un coup de pouce à la carrière scolaire des plus favorisés.
François Jarraud