» Comment expliquer l’absence de référence à l’innovation dans la nouvelle circulaire de rentrée ? Si comme l’affirme notre ministre, la volonté de changement est toujours présente, comment peut-on omettre de rappeler son soutien à l’un de ses incontournables vecteurs ? » Cette question est portée par Audrey Maurin, présidente de la Fespi, une fédération d’établissements publics innovants. Elle arrive au moment où le ministre devrait mettre en oeuvre des orientations lancées par l’équipe précédente. Mais Benoit Hamon s’intéresse-t-il aux établissements innovants ?
La Fédération des établissements scolaires publics innovants regroupe aujourd’hui une dizaine d’établissements officiellement reconnus comme « innovants » par l’institution. Dans cette vitrine de la rue de Grenelle, quelques perles : le collège Clisthène de Bordeaux, le PIL parisien, le CLEPT grenoblois, le Collège Lycée Expérimental d’Hérouville Saint Clair. Pas d’école primaire, à l’exception de l’école collège Decroly de Saint-Mandé (94) et de l’école parisienne Vitruve.
Présidente de la Fespi, Audrey Maurin souligne que « depuis 2010, la circulaire de rentrée a toujours promu l’innovation comme un médiateur privilégié des changements à penser, offrant « la possibilité de repérer et de susciter des démarches dynamiques d’évaluation, de formation et de mutualisation » (circulaire de 2010), « permettant de mieux tenir compte de la diversité des élèves et de leurs besoins spécifiques » (circulaire de 2011), constituant un « levier de conduite du changement dans un système complexe » (circulaire de 2012) ou bien encore, propre à « faire évoluer en profondeur le système éducatif » (circulaire 2013) ». Or cette année, l’innovation pédagogique officielle est bannie de la circulaire. Le mot n’apparait qu’une fois en lien avec le numérique.
Pour la Fespi c’est un mauvais signe. Particulièrement au moment où on attend du ministre des décisions concrètes. « Le Conseil de l’Innovation pour la réussite éducative (CNIRE) a été installé au printemps 2013 en ayant notamment pour mission d’identifier les pratiques innovantes et d’impulser l’esprit d’initiatives innovantes », nous dit A Maurin. « Après une année de travail, de réflexions et d’échanges, des propositions d’orientations seront prochainement communiquées au ministre qui visent à impulser une nouvelle dynamique, et des modes de faire propices à un système plus ouvert que celui que l’on connaît, souvent critiqué pour ses cloisonnements, sinon sa rigidité. Dans un climat où le ministère apparaît parfois plus inquiet des critiques qui peuvent émerger que de trouver les moyens de faire véritablement évoluer l’école, il sera important d’être attentif au destin de ce premier rapport et, pour le ministère, d’en faire une occasion de réparer cet « oubli » plus que préoccupant ». Le rapport de Didier Lapeyronnie était attendu fin juin et sa non publication signifierait la mise en sommeil de ce conseil.
Plus important peut-être, le ministère s’était engagé à créer à la rentrée des « laboratoires d’innovation » c’est à dire des lieux d’expérimentation officielle. Ces « laboratoires » prévoyaient le financement d’un accompagnement spécifique pour des équipes, des associations partenaires ou des territoires en lien avec le CNIRE. La décision de leur création devait être prise en juin. Visiblement, là aussi la décision du ministre est attendue.
François Jarraud
