« On nous appelle le sexe faible. Mais nous ne sommes pas faibles ». Les lycéennes et lycéens franciliens ont rendu compte le 5 mai d’une année de travail sur le thème de l’égalité des genres dans le cadre du programme régional « Jeunes pour l’égalité ». Affiches, bandes dessinées, slams, émissions de radio, journaux, pièces de théâtre, danse, tous les arts ont été mobilisés au profit d’une cause pour laquelle s’engage la région.
Peut-on avoir des barêmes différents au bac pour les filles et les garçons ? Les élèves du lycée Jules Ferry de Conflans Sainte Honorine posent la question dans « Le P’tit Jules », le journal du lycée. A travers quatre article, dont une interview de leur professeur d’EPS, ils posent la question du genre dans l’enseignement de l’EPS, probablement la discipline qui a le plus travaillé la question de l’égalité des genres. Pourtant les inégalités dans le sport persistent et els élèves les relèvent. Le même numéro du P’tit Jules consacre 10 pages à ce combat. Il est aussi question du sexisme dans le rap français, de la parité en politique. Deux grande spages sont consacrées au sexisme dans les jeux vidéos comme League of Legends. Derrière cet énorme travail, deux animatrices, Marie Moinard et Claire Bouillhac et les professeurs de français de l’établissement.
Des filles à l’atelier carrosserie et des garçons en manucure. C’est ce qu’a osé, dans le cadre du dispositif Jeunes pour l’égalité, le lycée Cugnot de Neuilly sur Marne. Prenant les stéréotypes à bras le corps, 5 filles ont osé affronter les sarcasmes des garçons de l’atelier carrosserie. Annaelle, Inès, Morgane, Estelle et Crystal ont découpé de la tôle, l’ont plié avec une plieuse numérique et l’ont soudée. Conclusion : « c’est un métier que tout le monde peut faire, fille ou garçon. Il suffit de l’apprendre ». Plus réticents, des garçons ont osé apprendre la manucure : « j’ai pris plaisir à mettre du vernis », témoigne un des carrossiers ! Les élèves ont aussi enquêté sur l’image des femmes pour vendre les voitures : « pourquoi faut-il des femmes à moitié nues pour vendre des voitures ? »
« Ce n’est pas un problème d’information mais de prise de conscience« , nous a dit Henriette Zoughebi, vice-présidente de la région Ile-de-France en charge des lycées. Engagée avec conviction dans ce programme, H Zoughébi estime « qu’il ne suffit pas d’informer les jeunes sur l’égalité. Ils ont l’information. La question c’est oser renverser les rôles traditionnels dans l’orientation chez les jeunes et chez les enseignants. Par exemple, aujourd’hui pour travailler dans l’automobile il ne faut plus de force physique. C’est ouvert à tous. » Le programme « Jeunes pour l’égalité » engage 26 lycées franciliens. Il a touché cette année près de 6 000 jeunes dont un millier a participé à des ateliers théâtre, slam, chorégraphie ou écriture en lien avec un tissu d’associations.
Mireille Hervé, professeure documentaliste au lycée Jules Ferry de Conflans Saint Honorine a coordonné ces ateliers. « J’ai fait connaitre le projet et pris contact avec des professeurs de français qui se sont inscrits dans les ateliers », nous a-t-elle dit. Le lycée a fait de l’égalité des genres son thème annuel. Il a ouvert, avec le soutien de la région un atelier affiche et un atelier journal. Tous les élèves de seconde ont participé à des ateliers sur l’orientation sexuée et sur le droit à disposer de son corps.
« Les stéréotypes de genre dans l’orientation, c’est une question qui va nous revenir« , nous dit Henriette Zoughebi, faisant allusion aux nouveaux pouvoirs des régions. « Il faut aider les filles à aller le plus loin possible. Car après le bac ce sont les garçons qui ont l’ambition la plus haute. Ce n’est pas un problème d’information mais bien de prise de conscience ». La région s’est aussi investie dans un programme de soutien pour les jeunes victimes de violence , souvent des filles. « Ce qui compte c’est que le jeune soit aidé, qu’on en le laisse pas seul ». Avec le soutien régional, une psychologue peut intervenir dans les lycées en 48 heures.
Initié en 2011 par Henriette Zoughebi, le programme «Jeunes pour l’égalité» sera reconduit l’année prochaine. Soulignant la quête d’égalité qui anime les jeunes, Henriette Zoughebi affirme : » Je suis dans un vrai partage avec vos valeurs. J’ai une très grande confiance en vous. L’égalité c’est ce qui permet de vivre ensemble dans l’harmonie ».
François Jarraud
Le programme
http://www.projets-citoyens.fr/node/3566
Pour voir des productions
http://www.adric.eu/index.php/aprait?id=17
Adric
« En termes de perception, l’orientation scolaire est l’aspect le plus souvent perçu comme injuste par les descendants d’immigrés (15 %) », affirment Yaël Brinbaum et Jean-Luc Primon dans une étude publiée par l’Insee. « Sans être une expérience généralisée, l’orientation est en effet ressentie comme une injustice par un descendant d’immigrés algériens sur cinq. Cette proportion est de un sur quatre parmi les descendants d’immigrés de Turquie, du Maroc ou de Tunisie et d’Afrique centrale. Cette dimension est en revanche peu citée par les descendants d’immigrés européens ou d’Asie du Sud-Est. Les injustices scolaires sont fréquemment attribuées à des motifs discriminatoires à caractère ethno-racial : parmi ceux qui déclarent des injustices, 58 % des descendants l’associent à leur origine ou à leur nationalité, 13 % à leur couleur de peau ; les deux tiers des descendants d’immigrés nord-africains citent l’origine ou la nationalité (65 % parmi ceux de Turquie) ; la couleur est signalée par 56 % des descendants d’immigrés des pays d’Afrique subsaharienne. La confiance dans le système scolaire reste cependant élevée dans l’ensemble de la population (87 %) comme chez les descendants d’immigrés (86 %), même si elle s’affaiblit dans les groupes où la discrimination est la plus fortement ressentie. »
L’étude
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ES464M.pdf
Sur le site du Café
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