Quelles nouveautés aux Rencontres de l’Orme cette année ? Depuis 1994, le CRDP de l’Académie d’Aix-Marseille organise les Rencontres de l’Orme, dédiées à une réflexion concertée sur le thème de l’introduction, de l’utilisation et de l’exploitation du numérique dans et pour l’Éducation. Elles se tiendront à Marseille les mardi 27 et mercredi 28 mai 2014, de 9 heures à 18 heures, au Palais des Congrès de la ville de Marseille (à l’entrée du Parc Chanot). Aussi, cette manifestation réunira-t-elle cette année encore tous les partenaires du numérique éducatif et culturel : représentants et professionnels de l’éducation bien sûr mais aussi partenaires du secteur industriel et acteurs du monde politique et responsables des collectivités territoriales. Jacques Papadopoulos nous présente les nouveautés de cette 20ème édition.
Cette année, l’édition sera marquée par plusieurs points forts, notamment l’organisation associée du Salon des Éditeurs publics et privés, afin de mettre en valeur l’ensemble des ressources éducatives et péri-éducatives tant numériques qu’imprimées dédiées à l’Éducation. La thématique de travail, de réflexion, de débat et d’échanges choisie cette année par Jacques Papadopoulos, directeur de CANOPÉ-CRDP de l’Académie d’Aix-Marseille depuis 2008 est la suivante : « École numérique : une école augmentée ? ». Au détour d’un entretien, Jacques Papadopoulos évoque pour nous l’Orme 2.14 (le « millésime » 2014 des Rencontres de l’Orme) : ses objectifs et ses fins, les nouveautés pour ses 20 ans, les usages innovants qui y sont présentés par les enseignants, le choix de la thématique abordée et les spécificités de cette édition 2014.
Que sont précisément les Rencontres de l’Orme et comment ont-elles vu le jour ?
Cela fait 20 ans cette année que les Rencontres de l’Orme existent : dans les années 1990, c’est le début du développement de l’Internet. Dès 1994, des responsables pédagogiques se sont dit qu’il pouvait être intéressant de créer un observatoire des ressources multimédias destinées à l’utilisation pédagogique. Ainsi est née cette manifestation des Rencontres de l’Orme. Dès l’origine, l’idée générale était de faciliter la réunion, la collaboration, l’échange et/ou la confrontation d’idées à l’occasion de débats et de tables-rondes de trois mondes différents mais partenaires : le monde de l’Éducation, le monde politique (l’État avec à la fois l’implication du Ministère de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales comme la ville de Marseille, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et le Conseil régional PACA) et le monde industriel. Cette année encore, cet esprit est conservé et les trois mondes seront bien présents lors de ces Rencontres.
Cette année, vous avez choisi comme thématique « École numérique : une école augmentée ? ». Que signifie cette question et pourquoi l’avoir choisie comme question centrale des débats ?
Actuellement, on parle partout d’ « Humanité augmentée », d’Homme augmenté » (un essai d’Éric Sadin ayant pour titre L’Humanité augmentée – L’administration numérique du monde et signalant l’émergence d’une « humanité parallèle » se développant par les flux électroniques et les réseaux et amenée à « administrer » le monde du XXIe siècle, est d’ailleurs paru en 2013, ndrl). Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’École du XXIe siècle ? Les « circuits de l’intelligence » se développent partout et c’est un réel défi que d’en accompagner la réalisation au sein de l’Éducation. Depuis près de 30 ans, les plans dédiés au numérique se sont succédés, et l’on peut aujourd’hui souligner la continuité qui s’est établie, au-delà des alternances. Pour autant, ces différents plans ont mis en évidence avant tout des stratégies technologiques, économiques et d’infrastructures, sans que la généralisation ne se soit établie dans la vie quotidienne des enseignants et des élèves. Par exemple, nombreuses sont les écoles qui se sont vues attribuer des tablettes ou bénéficier d’installations plus efficaces, du haut débit, etc. Quelques ressources pédagogiques ont été élaborées aussi, mais finalement, il n’y a pas vraiment généralisation. Or, l’aspect « matériel » du numérique ne fait pas le numérique. Comment aider nos élèves à devenir compétents dans une société de plus en plus numérique ? Ainsi, nous nous posons la question de savoir comment offrir à nos élèves une « École augmentée » (même si le terme peut être diversement interprété), c’est-à-dire une École qui, renforcée par le numérique, serait d’autant plus un atout pour la réussite de nos enfants.
Quelles sont les particularités de cette édition ? Que change pour les Rencontres de l’Orme la Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République ?
Pour commencer, cela fait 20 ans que les Rencontres de l’Orme existent. Et à l’occasion de cet anniversaire, nous changeons quelque peu d’état d’esprit : pour la première fois puisqu’elle date de 2013, nous prenons totalement et entièrement en compte la Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République. En effet, et cela est absolument essentiel, en trente ans de réformes, c’est vraiment la première fois qu’un paragraphe entier est dédié au numérique dans l’Éducation, la première fois que sont ainsi affirmées la volonté et la nécessité de « faire rentrer l’École dans l’ère du numérique ». Aussi, l’idée finale de l’Orme 2.14, c’est d’exposer une vision prospective du numérique à l’École : nous ne sommes plus dans un constat passéiste et nostalgique du genre « il y a eu ça… et ça… pour développer le numérique ». Aujourd’hui, l’important, c’est de se dire qu’il y a l’expression d’une réelle stratégie, d’un véritable engagement politique pour le numérique à l’École. Il faut donc que nous répondions à ces questions : qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? Quels idéaux doivent servir le numérique à l’École ? Que devons-nous en faire ? Comment devons-nous nous y prendre ?
Quels sont les « classiques » incontournables de ces Rencontres ?
Il y a des fondamentaux, c’est certain ! Par exemple, l’événement débutera par une table-ronde inaugurale traitant de la thématique des Rencontres et où interviendront mesdames Catherine Becchetti-Bizot et Sophie Pène ainsi que messieurs Rémi Bachelet, François Taddéi et Jean-Marc Merriaux.
Il y a ensuite « l’École communicante » : c’est un événement qui est spécifique aux Rencontres de l’Orme, qui n’existe que chez nous ! 16 classes de tous niveaux (élémentaire, collège ou lycée) vont venir sur place avec leurs enseignants ; ces derniers « feront cours en direct » devant le public, en utilisant des ressources numériques.
Tous les ans également depuis maintenant 2004, un espace est dédié à l’innovation technologique mise au service des élèves en situation de handicap : il s’agit du programme IntégraTICE. C’est une manifestation qui étudie comment le numérique est susceptible d’apporter de l’aide aux enfants avec des besoins spécifiques. Sa problématique est la suivante : « Construire une école pour tous grâce au numérique ? ». Lors de cette édition 2014 sera présenté Nao, le robot humanoïde, dont la fonction serait de permettre aux enfants présentant des troubles autistiques de stimuler leur apprentissage des relations sociales et d’améliorer leur autonomie.
En 2013, Marseille était la capitale européenne de la Culture. Dans ce cadre, nous nous étions demandés en quoi le numérique peut faciliter l’accès aux arts et à la culture. De fait, nous avons englobé dans cette thématique à la fois la culture en tant qu’art et la culture numérique en tant que phénomène de société. Et cette année aussi de nombreux acteurs culturels – comme le Mucem par exemple – seront présents pour présenter des outils de médiation numériques au service de l’action éducative.
Les traditionnels ateliers des collectivités territoriales, des villes dont Marseille, du département des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur seront l’occasion de poser la question des moyens de la mise en œuvre du numérique dans les établissements scolaires.
Il y aura aussi des séminaires disciplinaires, en mathématiques par exemple, ou en documentation, ainsi qu’un colloque animé par l’ANDEV (Association nationale des directeurs d’éducation des villes).
Enfin, les différents acteurs de l’Orme 2.14 auront l’occasion de s’exprimer publiquement sur un plateau radio, le « Bocal de l’Orme ». Des entretiens radiophoniques publics – certains diffusés en direct – sont réalisés en partenariat avec Radio Grenouille (Marseille) et la radio lycéenne Radio-Mix (lycée de l’Arc à Orange). Cela sera complété par la présence de Radiolab, webradio des étudiants d’Aix-Marseille Université réalisée avec la complicité de Radio Grenouille, qui produira des reportages son / audio / texte en direct de la manifestation.
Quels en sont les points forts ?
Il faut noter tout d’abord la présence du ministère de l’Éducation nationale, qui présentera les ressources Éduthèque, ainsi que des parcours proposés par des enseignants, associant les ressources de ce portail et celles des manuels numériques. Cette année est aussi une année de changement pour le réseau SCÉEREN, qui devient désormais le Réseau CANOPÉ et qui sera présenté à l’occasion de l’Orme 2.14. À cela s’ajoute le séminaire Éducation aux médias et à l’information organisé par la toute nouvelle Direction du numérique pour l’éducation. Un stand sera entièrement dédié à la présentation d’un collège connecté, celui de la Belle-de-Mai à Marseille. Pour finir, modification importante : jusqu’à ce jour, les Rencontres de l’Orme étaient des rencontres professionnelles. Et même si nous comptions chaque année entre 1500 et 2000 visiteurs, l’ensemble de la communauté éducative ne se sentait pas directement concernée. Aussi, cette année, au rez-de-jardin du Parc Chanot se tiendra, en parallèle des Rencontres, le Salon annuel des Éditeurs scolaires et de jeunesse. En conclusion, cette édition s’annonce des plus prometteuses.
Alexandra Mazzilli
Pour en savoir plus :