Dans la bataille du socle, le Se-Unsa risque la blitzkrieg. Après la publication d’un document de travail du Conseil supérieur des programmes (CSP), juste avant la prochaine réunions du CSP le 19 mai, le syndicat « réformiste » publie sa propre version du socle commun. Il met ainsi en évidence les particularités de la version du CSP et ce qu’il doit considérer comme des insuffisances. Un peu fourre tout, avec des formulations parfois maladroites, la version du Se Unsa donne à voir ce que pourrait être un socle opérationnel et se situe en opposition au texte très général du CSP.
Signé par Christian Chevalier et Claire Krepper, le Socle commun de connaissances, de compétences et de culture version Se-Unsa est présenté comme une « contribution » du syndicat au travail du CSP. Elle veut « fixer un cadre méthodologique » qui prenne en compte les experst et les praticiens. Ce nouveau socle veut à la fois être « lisible de tous » et « affirmer des choix didactiques et pédagogiques ». Enfin le socle doit avoir « une dimension opérationnelle » qui fait défaut au texte du CSP. Le document se défend de présenter « une solution clé en mains ». C’est pourtant ce que tente le syndicat…
C’est un net ancrage « pédagogique » qui caractérise ce socle commun du Se-Unsa. Il pose des principes comme le curriculum, la réforme des modalités d’évaluation et une redéfinition des contenus et de l’accompagnement de l’élève. « Il promeut l’utilisation dans les écoles et les collèges de pratiques professionnelles prenant en compte les avancées de la recherche, l’expertise individuelle et collective des personnels enseignants et d’éducation, afin de garantir aux élèves un environnement de travail adapté et stimulant ».
Là où le socle version CSP se contentait de 5 grands domaines, le socle se décline en sept compétences clés et cinq domaines d’apprentissage. Les compétences clés sont « les compétences de communication en langue française; les compétences de communication en langue étrangère vivante: les compétences mathématiques, scientifiques et technologiques; les compétences numériques et info-documentaires; les compétences et expressions culturelles; les compétences sociales et civiques et enfin « Autonomie, initiative, apprendre à apprendre ». L’appellation « compétences culturelles » est particulièrement maladroites car elle ne renvoie en fait qu’à des compétences artistiques elles -mêmes définies par rapport aux sens. Mais l’adjectif n’ets pas neutre dans le débat entre syndicats… Pour chaque compétence, le texte précise « le niveau de maitrise attendu » et précise ce que l’élève est capable de faire.
Les 5 domaines d’apprentissage sont « Langues et communications », « Mathématiques, sciences et technologie », » Culture humaniste », « Expressions artistiques et culturelles » et » Développement personnel ». Là aussi les appellations sont parfois malheureuses : « culture humaniste » réduite aux disciplines littéraires, « développement personnel » pour une curieuse association EPS instruction civique. On a compris que pour chaque domaine sont définies des disciplines peut-être pas sans arrière pensée. Ainsi le domaine scientifiques regroupe maths, physique-chimie, svt et technologie dans une sorte de grand EIST…
Le texte s’intéresse à l’élaboration des contenus de formation et propose « des ruptures ». « La définition de nouveaux domaines d’apprentissage permet un renouvellement de l’approche programmatique jusque-là en oeuvre. Cette redéfinition des programmes, avec une nouvelle entrée, sera pleinement articulée à la maîtrise des compétences-clés. Ces principes sont dictés par la charte des programmes adoptée par le CSP. Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture désigne bien désormais tant le contenant que le contenu des apprentissages de la scolarité commune. Il ne se réduit pas à un Livret Personnel de Compétences. » De même il se penche sur l’évaluation.
Opérationnel, basé sur des compétences, le socle commun du Se Unsa propose un aggiornamento de la culture scolaire française. Sa publication accentue la pression sur un Conseil supérieur des programmes qui doit déjà s’affirmer.
François Jarraud