La Journée du retrait est-elle capable de devenir un acte politique ordinaire ? Lundi 28 janvier, le ministre est intervenu à plusieurs reprises pour affirmer son soutien aux enseignants et dénoncer les mensonges des partisans de la Journée. Il a eu face à lui des représentants de l’opposition hésitant entre le soutien aux intégristes contre l’Ecole et la défense des valeurs républicaines.
« Je veux rassurer les parents car certains se sont laissés prendre à cette rumeur totalement mensongère« , nous a dit Vincent Peillon le 28 janvier. Il faut allusion à la campagne menée par une coalition d’organisations islamistes, catholiques traditionnalistes, conservatrices sur le terrain pédagogique (comme l’association Lire Ecrire) qui dénoncent l’enseignement de la « théorie du genre » dans les écoles. Les enseignants sont accusés d’encourager les enfants à devenir homosexuels et d’organiser des masturbations collectives. Ces accusations ridicules amènent des parents a retrier leur enfant de l’école dans des quartiers très localisés. « Tout cela est faux », a affirmé le ministre. « L’école a la priorité d’apprendre a lire, écrire, compter. Elle doit aussi lutter contre les inégalités garçons filles ». Le minsitre a garanti que le programme « ABCD de l’égalité » ne propage pas la théorie du genre mais aide les enfants à construire une attitude de respect et d’égalité entre garçons et filles. « C’est un accompagnement pour éduquer au respect et à l’égalité », a dit le ministre.
Le 28 au matin, le leader de l’opposition avait déclaré au Parisien » Je suis choqué par la théorie du genre et je comprends l’inquiétude des familles » manifestant ainsi un soutien au mouvement et à ses composantes. V. Peillon jugeait ces propos « lamentables ». Plus tard dans la journée, Jean-François Copé a condamné la Journée du retrait ce dont V Peillon devait lui donner acte dans la soirée à l’Assemblée.
Tout aurait pu en rester là. Mais lors de la séance des questions; à l’Assemblée, la théorie du genre a refait son apparition dans la bouche de Guillaume Chevrollier, député ump de la Mayenne. « Sous couvert d’égalité vous faites entrer la théorie du genre dans les écoles », a-t-il dit. « Vous allez plus loin que l’égalité garçons filles. Vous voulez retirer les différences qui font un homme et une femme. Le formatage que vous imposez aux enfants nous interpelle ». « Ce n’est pas l’objet de l’ABCD de l’égalité. On veut qu’il y ait égalité entre les hommes et les femmes », a répondu V Peillon. « C’est l’oeuvre d’un grand progrès historique. Ca ne devrait pas être objet de polémique. La théorie du genre je la condamne. Il n’y aura aucune pénétration de cette théorie dans l’éducation nationale ».
Ainsi les instits pourraient devenir les boucs émissaires d’une bataille politique particulièrement nauséeuse. Les partisans de la Journée du retrait salissent les enseignants. Ils attaquent d’une façon particulièrement grave la relation de confiance entre professeurs et parents et mettent en danger la scolarité des enfants. C’est ce qu’avait fait, en son temps, Gilles de Robien en lançant une campagne démagogique sur la méthode syllabique. Une campagne qui , au final, ne lui a pas porté chance…