« Je n’étais pas enthousiaste à l’idée de venir… Votre conclusion est déjà écrite ». A peine installé devant la Mission d’information sur les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) du Sénat, le 7 janvier 2014, Antoine Prost a fait exploser le ronron de la commission dans une intervention où il a vivement critiqué ses questions. Surtout, il a défendu les ex IUFM et posé quelques recommandations concrètes pour que les ESPE s’attachent à former de bons enseignants.
L’intervention de S Génelot
Antoine Prost est précédé devant la Mission par Sophie Génelot, ancienne directrice d’IUFM. Elel s’attache à montrer le fossé entre les UFR disciplinaires des universités et les Espé. Ce sont eux qui établissent pour les futurs enseignants du secondaire les emplois du temps. Résultat « je suis dubitative sur la réalité du tronc commun » que la loi d’orientation a voulu établir dans les Espe entre les étudiants des différents masters. « On se cotoie avec les UFR. Il n’y a pas d’articulation ». Mais S Génelot veille à ne pas creuser le fossé. C’est tout juste si elle souligne que les Espé ont vu leurs moyens réduits. Antoine Prost, qui lui succède, s’embarrassera moins de précautions…
Prost : « Votre conclusion est déjà écrite »
« Votre commission se met au travail trop tôt » a estimé Antoine Prost. Il a pratiquement donné les conclusions du rapport de la Mission en énumérant les difficultés des Espé : budget insuffisant, gestion difficile entre les deux ministères, vivier de formateurs vidé par les politiques précédentes, dépeçage des moyens par les UFR, millefeuille administratif avec les Communautés d’universités.
Les intellos contre les IUFM
S’affranchissant des questions des sénateurs, Antoine Prost s’est attaché à réhabiliter les anciens IUFM. « Les avaient réussi », affirme-t-il à partir des rapports internes de l’éducation nationale. Il souligne le fait que les IPR , les IA affirment que les enseignants sont meilleurs. Pourquoi ont-ils été combattus ? Antoine Prost met en cause « le battage médiatique, particulièrement Le Monde » en évoquant une véritable campagne à sens unique dans le quotidien. Prost cite des tribunes d’Elisabeth Badinter, de Régis Debray, tout un groupe d’intellectuels qui ont combattu la professionnalisation de la formation des enseignants. « Quand vous voyez en 2002 le travail du Conseil national des programmes et que c’est balancé par 3 hurluberlus… On est chez les fous », conclue-t-il.
Les enseignements des IUFM
L’historien de l’éducation, qui vit aussi le quotidien de l’Espé d’Orléans, fait des recommandations concrètes. Il invite à définir nationalement le service des formateurs des Espé et à établir des règles nationales de comptabilité des heures réalisées par les UFR pour la formation des enseignants. C’est une allusion à la guerre exercée par les UFR littéraires contre les Espé. « Il faut que les formateurs des Espé aient une obligation de retour sur le terrain », estime-t-il, pour gagner en crédibilité auprès des étudiants. C’est que pour Antoine Prost, l’effet maitre existe. « Il est important d’avoir de bons maîtres ».