Par Antoine Maurice
Depuis maintenant plus de 60 ans, la Revue EPS partage le quotidien des enseignants d’Éducation Physique et Sportive et d’entraîneurs du mouvement sportif, ainsi, elle est le témoin de l’évolution de la formation et de la discipline. Dès lors, il nous a paru essentiel de rencontrer Pierre-Philippe Bureau, directeur de la Revue EPS au moment où cette dernière propose une nouvelle formule.
La Revue EPS est connue par tous, pourtant quelle est son histoire, son statut ?
La Revue a été créée en 1950. Elle succède alors aux « Notes de l’ENSEP » dans lesquelles les étudiants devaient élaborer une trace écrite des cours et travaux de formation dans une perspective de conceptualisation et d’échange. Cette idée du rôle de l’écrit pour structurer la pensée, construire une argumentation, mettre des idées en débat me semble éminemment moderne.
Dans les années soixante, le choix a été fait de professionnaliser la réalisation et la diffusion de la revue, tout en conservant son cadre associatif : le Conseil d’administration, entouré des comités éditoriaux, regroupe à la fois des collègues de terrain, des inspecteurs et formateurs, membres des deux ministères de l’Éducation nationale et de Jeunesse et sport.
Si nous devons atteindre les objectifs économiques nécessaires à notre pérennité, notre engagement associatif se traduit aussi dans la contribution volontaire (environ 50% de nos articles sont issus d’envois spontanés) et non rémunérée des auteurs. Nous nous inscrivons comme un service de diffusion de l’information devant à la fois contribuer à l’accompagnement des politiques publiques, mais aussi faire connaître les travaux de recherche et les innovations qui sont à même de les faire évoluer.
L’évolution des modes d’accès à l’information est sans aucun doute à l’origine de cette nouvelle formule ?
Ajoutez aux difficultés de la presse professionnelle, le développement d’internet, une longue période de remise en cause de la formation initiale et continue, une spécialisation universitaire plus précoce et plus généralement une baisse d’un militantisme… tous les ingrédients étaient réunis pour fragiliser notre existence.
Si les modes d’accès à la connaissance évoluent, le passage au tout numérique n’est pas garant de pérennité : certains qui ont tenté l’aventure n’ont pas survécu pour autant. Dans ce contexte, notre premier choix a été de privilégier la parution d’une revue « papier », celle que l’on feuillette avant de la lire et qui reste sur la table de la salle des professeurs !
Le second choix a été de développer un réel contenu documentaire, accessible en ligne constitué par l’ensemble de nos archives, soit plus de 8000 articles.
Le troisième élément a été notre volonté d’être plus réactif : la parution bimestrielle est un obstacle, alors que nous relayons chaque semaine une dizaine d’annonces de colloques, de stages ou d’informations variées. Outre nos pages d’actualité dans la revue et notre site internet, la newsletter régulière complète ce système d’informations.
Enfin, ces différents choix se concrétisent dans nos formules d’abonnement (papier, papier+web, papier +web illimité) avec un système de « crédits de téléchargement » des archives qui s’ajoute aux avantages consentis aux abonnés (remise sur les achats d’ouvrages). La situation est difficile, mais si 50% des équipes EPS d’établissements scolaires étaient convaincues de l’intérêt de s’abonner, l’équilibre financier serait rétabli permettant de nouvelles évolutions.
Justement comment se présente cette nouvelle formule ?
La Revue EPS repose sur l’idée de rapprocher l’ensemble des acteurs, c’est à dire des champs, des publics, des lieux allant de l’initiation sportive, en passant par l’éducation, jusqu’au perfectionnement. Nous voulons participer à l’entreprise commune visant le plaisir et le développement de la pratique des activités sportives et artistiques qui, nous le savons bien, sont un vecteur de bien être, d’éducation à la santé, de citoyenneté.
D’où notre choix de proposer aux lecteurs une forme unique témoignant de la richesse du champ des activités physiques et sportives. Le contenu est pluriel et repose sur une logique professionnelle large, permettant de comparer, de discuter, de mettre en cohérence notre enseignement. De plus, nous l’espérons, c’est aussi le moyen pour chacun de mieux identifier les contextes et les objectifs particuliers d’autres acteurs de l’éducation et du sport, et finalement de lutter contre la concurrence au profit d’une réelle complémentarité.
Par rapport à cette nouvelle formule, quelle est la ligne éditoriale que vous avez choisie ?
Dans sa forme, chaque numéro s’organise autour d’un dossier central qui permet en 4 ou 5 articles d’envisager une problématique. Dossier que nous réalisons le plus souvent en partenariat avec une association, une équipe de pédagogue, un organisateur de colloque… Ensuite, le contenu est structuré en cinq rubriques : métiers, pratiques, témoignages, publications, et pluridisciplinarité (du cycle 1 au lycée). Cette dernière permet, en particulier, pour le premier degré, d’avoir un format proche des fiches pédagogiques au contenu ciblé et réinvestissable.
Enfin, l’espace consacré à l’actualité, en particulier scientifique, a été augmenté. Si la Revue EPS n’a pas vocation à publier des articles dans une perspective de reconnaissance scientifique, elle doit constituer une interface pour diffuser et questionner les connaissances produites par la recherche dans un dialogue avec les acteurs de l’éducation et de la formation. Nous comptons sur la collaboration des associations de recherche et des sociétés savantes pour nous aider à relever ce nouveau défi.
Au-delà de cette organisation rédactionnelle, notre défi est de susciter la curiosité, première condition de toute construction d’une culture professionnelle.
Quelles sont les perspectives pour les « Éditions EPS » ?
En effet, outre la revue, nous sommes également une association d’édition. Avec un second semestre 2013 plein d’actualité.
Vient de paraître, « Sur les traces de Têtanlère », 5ème album de littérature de jeunesse proposé par l’équipe EPS du Tarn, qui traite des activités d’orientation à l’école. L’ouvrage propose un projet interdisciplinaire situé au carrefour de l’activité motrice, de la maîtrise du langage et de la représentation de l’espace.
Prochainement paraitront un ouvrage d’Annie Sébire et Corinne Pierotti, « Pratiques corporelles de bien être » du cycle 1 au cycle 3, et, pour le second degré, la « Danse hip-hop », dans la collection de l’école aux associations écrit par deux enseignants, David Bérillon et Thomas Ramires, qui jouent un rôle moteur pour le développement de cette activité au sein de leur académie.
Nous conduisons aussi plusieurs projets avec des fédérations sportives : le cyclotourisme (avec un ouvrage sur la pratique scolaire), la natation (avec des DVD sur l’entraînement), la savate-boxe française… Enfin, nous travaillons à un guide du handicap et des pratiques adaptées en partenariat avec les fédérations scolaires et sportives…
Que ce soit à travers la Revue EPS ou nos publications, c’est toujours la même ambition qui nous anime, entretenir la curiosité et répondre aux besoins professionnels des acteurs de l’éducation, de l’EPS et du sport.
Le site des Éditions et de la Revue EPS
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