Par Géraldine Sala
La rentrée 2013 a été marquée par la publication d’un texte concernant les professeurs
documentalistes. Il s’agit d’un arrêté fixant le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation publié au BO du 25 juillet 2013. Ce référentiel en plus des compétences communes à tous les enseignants, précise les quatre compétences spécifiques aux professeurs documentalistes.
Dans la mesure où il met à jour les différentes fonctions du professeur documentaliste, dans une période marquée par la nécessité de « faire entrer l’école dans l’ère du numérique » ce texte constitue une avancée remarquée. Toutefois, cette mise à jour des différentes missions du professeur documentaliste soulève de nombreuses questions.
Une éducation aux médias prioritaire ?
L’arrêté du 18 juillet 2013 met en avant 4 compétences spécifiques aux professeurs documentalistes. Ce texte reprend certaines compétences classiques, définies par la circulaire de missions du 13 mars 1986 notamment, « assurer la responsabilité d’un centre de ressources, la diffusion de l’information au sein de l’établissement et participer à l’ouverture de l’établissement sur son environnement », mais il insiste particulièrement sur l’éducation aux médias. Le référentiel la place d’ailleurs en première position. Est-ce un hasard, ou une hiérarchie volontaire ?
Des missions pédagogiques valorisées
Le texte met l’accent sur le rôle pédagogique du professeur documentaliste dans l’éducation aux médias. Il s’inscrit dans le développement de la société de l’information où il devient nécessaire de former les élèves à l’utilisation raisonnée des TICE.
La nouveauté réside dans l’affirmation claire et précise de la double identité des professeurs documentalistes : ils sont responsables du CDI, et ils sont surtout des « enseignants et maîtres d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias ». Ils peuvent former les élèves en collaboration avec les professeurs de discipline, dans le cadre de projets ou séances interdisciplinaires classiques. Mais ils peuvent aussi, intervenir directement, auprès des élèves dans les activités pédagogiques « de leur propre initiative ». Cette possibilité d’intervention directe, sans intermédiaire, valorise le rôle pédagogique du professeur documentaliste. On lui accorde plus de liberté, mais aussi plus de responsabilité dans la mise en œuvre de l’éducation aux médias.
Une formation à l’ère du WEB 2.0
Le référentiel insiste sur la nécessité, pour ces enseignants, de « connaître les principaux concepts et analyses en sociologie des médias et de la culture ». Il leur faut aussi maîtriser le droit à l’information, la réglementation en matière d’usage des outils et des ressources numériques.
La veille pédagogique et informationnelle peut répondre à court terme à ces exigences. Cependant, parler d’éducation aux médias impose des réajustements sur la nature même des contenus des formations. Sans aucun doute, des stages de formation continue, au niveau du PAF, seront mis en place, pour les documentalistes en fonction. Il en sera sûrement de même pour la formation initiale dans les ESPE.
La construction d’une culture de l’information ne peut se faire sans la mise en place d’un véritable parcours de formation, afin de garantir une éducation aux médias pour tous.
Une éducation sans salle, sans classe et sans heure ?
Le documentaliste assure la responsabilité du fonctionnement du CDI, centre de connaissances et de culture, ouvert à tous. Paradoxe, il est désormais maîtres d’œuvre dans l’éducation aux médias.
Comment peut-il concilier ces deux missions ? Il s’agit, dans un même temps, d’éduquer aux médias, ce qui suppose l’organisation de séances pédagogiques à destination d’un groupe d’élèves restreint, sur des créneaux horaires spécifiques ; tout en assurant un accès libre aux élèves qui se présenteraient en autonomie au CDI.
Des pistes sont données dans le référentiel, notamment le décloisonnement du CDI, pour proposer aux élèves plusieurs espaces de travail (étude, information, lecture). La mise en place de ces espaces complémentaires posera des difficultés d’ordre pratique. Le professeur documentaliste devra les surmonter, en organisant les contours de ce nouveau centre de culture et d’accès à l’information. Des temps de concertation avec l’équipe pédagogique et éducative, la mise à disposition de personnels pour encadrer les élèves dans ces différents espaces seront nécessaires.
Autre paradoxe, entrer dans l’ère du numérique, nécessite un investissement conséquent au sein de l’établissement. Si le problème du financement est souvent évoqué, les médias ne cessent d’évoluer, de se renouveler. Comment faciliter l’intégration des ressources numériques dans un établissement, sachant que les technologies évoluent sans cesse, et que le matériel acheté peut rapidement devenir obsolète?
Le texte :
Le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation est disponible à cette adresse :
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officie[…]
Les 4 compétences spécifiques aux professeurs documentalistes :
-Maîtriser les connaissances et les compétences propres à l’éducation aux médias et à l’information
-Mettre en œuvre la politique documentaire de l’établissement qu’il contribue à définir
-Assurer la responsabilité du centre de ressources et de la diffusion de l’information au sein de l’établissement
-Contribuer à l’ouverture de l’établissement scolaire sur l’environnement éducatif, culturel et professionnel, local et régional, national, européen et international.
|
||
|