Les premiers résultats du brevet 2013 donnent à penser que le taux de reçus pourrait baisser en 2013. Sept académies ont communiqué le 9 juillet les résultats du brevet. D’autres vont le faire le 10 juillet. Les premiers résultats arrivés montrent une baisse de 2% du taux de reçus qui pourrait être en 2013 d’environ 82% au lieu des 84% constatés en 2012. Ce n’est pas la seule interrogation sur une épreuve dont la finalité devient davantage floue. Modifié cette année, le brevet reste un pis aller entre évaluation du socle et examen classique.
Si les nouvelles épreuves ont été critiquées, c’est pourtant de façon contradictoire. En français, des enseignants ont jugé que l’ évaluation de la dictée abaissait le niveau par exemple parce que le même type de faute n’était sanctionné qu’une seule fois. En histoire-géo, l’APHG a trouvé l’épreuve trop difficile. « En respectant les textes officiels, la question longue en Histoire aurait dû porter sur l’ensemble des crises de la Guerre froide » et non sur la seule guerre de Corée a-t-elle relevé. Les questions sur les repères ont aussi mécontenté des enseignants.
Mais qu’évalue au juste le brevet ?
Le brevet n’est plus la seule évaluation du premier cycle du secondaire. Selon le ministère, 90% des candidats ont validé le socle commun en 2012. Car depuis 2009, les élèves doivent aussi valider le socle commun de connaissances et compétences établi par la loi de 2005. Même après l’arrivée de la nouvelle équipe ministérielle en 2012, le ministère s’est refusé à rompre avec l’examen traditionnel pour évaluer sérieusement le socle commun. On a donc cette curieuse juxtaposition qui fait coexister un examen traditionnel de connaissances disciplinaires avec une évaluation de compétences beaucoup plus larges. Celle-ci est d’autant plus floue que l’outil d’évaluation, le livret personnel de compétences, est un véritable repoussoir.
L’éclatement du collège
Le diplôme national du brevet est divisé en deux séries, « collège », ultra majoritaire, et « professionnel ». La série « technologique » a disparu en 2013. Là aussi on comprend mal comment le collège unique, appuyé sur une même évaluation de compétences peut aboutir à deux examens différents…
Mais le pire éclatement est social. Le brevet met en évidence les différences entre établissements et entre catégories sociales. Si 95% des enfants de cadres et 97% de ceux des enseignants obtiennent le brevet c’est le cas de seulement 68% des enfants d’inactifs et 77% de ceux des ouvriers. L’écart est donc de 30 points ! On sait que la ségrégation sociale est très forte au collège. On trouve également un écart important entre le taux de réussite des filles (86%) et des garçons (80%). Enfin il y a de fortes différences entre académies. Quand Bordeaux, en 2012, compte 88% de reçus Créteil est à 78%, Amiens à 79%. Cette année Mayotte compte seulement 57% de reçus.
Ainsi le brevet est un monument élevé aux incohérences du système éducatif. Il en matérialise les inégalités. Il marque l’incapacité du système à dépasser ses contradictions et les opposition syndicales pour s’entendre sur la question du socle. Réussir à réformer le brevet ce serait changer le collège. C’est enfin une des urgences annoncées de Vincent Peillon pour la prochaine année.
François Jarraud