Adjointe au maire du Pré Saint-Gervais en charge de l’éducation, Anna Angeli est aussi l’animatrice d’Ecoles Internet et de Villes Internet. Pour elle il est indispensable de renforcer le pilotage de la politique numérique coté éducation nationale et la formation des élus. La première demande semble avoir été entendu avec la création des délégués académiques au numérique à la rentrée.
Des différents plans numériques lancés par l’Education nationale, le seul qui a réussi jusque là c’est le plan Ecole Numérique Rurale (ENR). Comment expliquer ce succès ?
Dans les villages ruraux isolés on comprend rapidement l’avantage de l’accès et de la formation à Internet . Internet permet enfin de mener des projets, de faire bouger les choses. Et les relations entre le maire et le directeur d’école sont plus directes. Dans les municipalités plus importantes, quand on a plus de 20 écoles par exemple, on connait moins les directeurs. Personnellement j’ai la chance au Pré Saint-Gervais de n’avoir que 7 écoles et donc de connaitre très bien les directeurs. C’est un atout.
L’échelle communale est le bon niveau pour le développement des TICE ?
C’est un bon niveau, sauf que, par cohérence avec l’organisation de l’éducation nationale, il est nécessaire de se rassembler à un niveau plus élevé. C’est nécessaire aussi pour pouvoir bénéficier de financements européens. Les communautés de communes sont nécessaires.
Vues depuis une commune, les relations avec l’Education nationale sont-elles en train d’évoluer?
J’ai participé à de nombreux ateliers dans le réseau des Villes éducatrices avec l’Education nationale. Les difficultés sont toujours les mêmes. D’abord la maintenance du matériel numérique, avec d’importantes disparités selon les endroits. Ensuite, les difficultés pour avoir des retours sur les usages. Le partenariat avec l’Education nationale se renforce. Mais il reste tributaire des personnes, par exemple des IEN.
Faut-il un vrai pilote et qui serait-il ?
Il faut de vrais référents coté Education nationale pour suivre les usages, pour monter les formations. On ne peut plus laisser les gens faire des investissements, monter leurs projets dans leur coin. Il faut enfin arriver à une approche globale. Au Pré Saint-Gervais on a un comité de pilotage , on travaille avec les directeurs. On a ainsi des retours sur les usages. Ils sont nécessaires pour créer une dynamique, inciter les enseignants à être plus collaboratifs.
Quels freins au déploiement des TICE avez -vous identifiés ?
On a besoin de former et les enseignants et les élus. Les élus sont amenés à faire des choix , des investissements qui nécessitent une formation. Il faut savoir mettre son développement du numérique en cohérence avec le territoire. Pas distribuer des ordinateurs sans avoir d’abord pensé aux usages. Du coté des enseignants, la baisse de leur formation a été un frein au déploiement des TIC. Des équipements ne sont pas pris en compte par des enseignants non formés. Aujourd’hui les choses changent, il y a une volonté politique forte, des expériences porteuses. On va s’en saisir et aider les autres villes.
Vous êtes optimiste ?
Oui ca à mon échelle je vois les choses bouger. De toutes façons on ne peut aps faire autrement qu’avancer. L’enjeu de la formation aux TICE des jeunes du 93 est essentiel. Nous avons de nombreuses entreprises qui s’installent dans nos villes et qui ont besoin de jeunes ayant des compétences numériques. Le numérique c’est bien une réalité économique. Le Conseil général est très dynamique sur cette question de la formation des jeunes. Avec le rectorat, le conseil général en a fait un objectif.
Propos recueillis par François Jarraud