Par François Jarraud
- Rentrée du secondaire 2013 : Des créations de postes variables selon les académies
- Maths : Un recrutement toujours difficile
- Emplois avenir professeurs : Une politique de gauche dans la gestion du corps enseignant ?
Pour le ministère de l’éducation nationale, cette « première réussite » tombe particulièrement bien. D’après des chiffres communiqués dimanche 24 février, les concours d’enseignement 2014, dont les inscriptions ont été closes le 21 février, voient le nombre de candidats augmenter de 46%. D’après le ministère, 138 000 personnes se sont portées candidates aux différents concours d’enseignement 2014. Rappelons que le calendrier de ces concours avait été avancé avec des inscriptions en janvier au lieu de juillet.
Pour le premier degré, le nombre d’inscrits est en hausse de 57% avec 67 000 inscrits dans le public contre 42 600 pour la session 2013. Dans le second degré, on compte 70 500 inscrits contre 51 600 en 2013. Les concours de l’enseignement privé sont aussi en hausse mais plus modérée : 20% dans le primaire et 19% dans le secondaire.
Le ministère se félicite de ce « retournement de tendance » après des années de crise du recrutement. « Il constitue une première réussite qu’il va falloir consolider et amplifier dans les années à venir ».
Les concours 2013 ont vu en effet le nombre de candidats rester insuffisant par rapport aux postes proposés. Il y a eu 9% de candidats supplémentaires dans le premier degré (CRPE) et 14% au Capes. Résultat le nombre d’admissibles a augmenté de 40% pour le CRPE avec des blocages encore dans certains départements, et de 15% au Capes. Mais en anglais, lettres, maths et éducation musicale, « il sera difficile de satisfaire les besoins ».
Les chiffres annoncés par le ministère montrent le succès de la campagne de recrutement. Mais le ministère ne dit rien des inscriptions aux concours 2014 dans les disciplines où existe un net déficit de candidats. Surtout, la session 2014 a une particularité : elle accueille aussi bien les titulaires d’un M1 que d’un M2 , y compris les admissibles 2013. Elle porte donc sur deux générations d’étudiants au lieu d’une. Il faudra donc attendre l’été 2013, après les épreuves d’admission, pour avoir une vision réaliste du nombre de candidats.
François Jarraud
Sur la crise du recrutement
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2013/02/15022[…]
Recrutement : Adieu CLES2 et C2I2E
Les certificats spéciaux CLES2 et C2I2E ne seront plus exigés des futurs enseignants, annonce la FSU. Ils étaient exigés pour la titularisation des enseignants stagiaires alors que nombre d’universités n’étaient pas capables de les organiser. A terme ils seront remplacés par de la formation continue dans le cadre des Espe. Mais les stagiaires lauréats des concours 2012, 2013 et 2014 n’auront pas besoin de les attester. A la place ils recevront une formation gratuite dans les trois années suivant leur titularisation.
Le secondaire se re déploie à la rentrée 2013. Le Se-Unsa publie la carte des créations de postes dans le second degré à la rentrée 2013. Elle montre de fortes variations selon les académies même si la situation est très différente par rapport à la rentrée 2012.
Il faut se rappeler ce que Luc Chatel avait prévu pour la rentrée 2012. , 6 550 emplois devaient disparaitre dont 1000 concernant les étudiants stagiaires en M2, alors même qu’on attendait 40 000 élèves en plus en collège et 7 000 en LEGT. Les académies les plus touchées étaient Caen, Limoges, Nancy-Metz et la Martinique qui perdaient 3% à 4% de leur effectif. Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Lyon, Orléans-Tous, Reims, Rouen et Strasbourg perdaient 2% des enseignants du secondaire.
La rentrée 2013 sera à l’opposé. Le ministère crée des emplois pour les enseignants stagiaires. Il en crée aussi dans les établissements. 3764 postes sont crées, ce qui ne remplace pas les pertes subies mais dresse quand même un tout autre paysage.
Les collèges sont les principaux bénéficiaires puisqu’ils gagnent la moitié des emplois nouveaux. Rennes, Nantes, Orléans, Toulouse, Grenoble reçoivent plus d’une centaine d’emplois, Créteil et Versailles 200. Par contre, la Lorraine et l’Alsace perdent quelques postes. La Lorraine, la Champagne, la Haute-Normandie perdent des postes en lycées généraux et technologiques. Par contre Nantes et Toulouse reçoivent plus de 100 postes. En L.P., Créteil et Lille sont richement dotés après plusieurs années de suppressions de postes. Mais Dijon, Besançon, Rennes doivent en rendre. Enfin les académies remplissent le réservoir de remplaçants mis à sec par L Chatel avec les résultats que l’on connait actuellement. C’est particulièrement vrai à Créteil et Bordeaux qui reçoivent plus de 100 postes.
La rentrée 2013 s’annonce donc sous un jour très différent de 2012. Pour autant les revendications des enseignants ne seront pas toutes satisfaites et il y aura encore des frottements à la rentrée. Il faudra attendre l’arrivée des stagiaires de 2014 pour une amélioration visible dans les établissements.
François Jarraud
Les cartes
http://www.se-unsa.org/spip.php?article5495
Malgré les effets d’annonce, malgré une certaine baisse de niveau, le recrutement des enseignants en mathématiques continue à être difficile. Le « revirement » annoncé semble plus statistique que réel. Les filières de formation en université peinent à trouver des candidats sérieux aux métiers de l’enseignement.
On se rappelle la situation de 2012. Avec 3 197 inscrits et 1176 admissibles au capes de maths, seulement 652 candidats ont été reçus pour 950 postes disponibles. Comme une partie d’entre eux a été reçue également à l’agrégation, seulement 577 nouveaux professeurs ont été recrutés pour 950 postes à pourvoir. Pour 2013, la situation ne s’annonce pas réellement meilleure. Il y a certes 1326 admissibles, ce qui montre une hausse sensible par rapport à 2012. Mais le nombre de postes à pourvoir est de 1210. Le rapport entre admissibles et postes s’est encore dégradé.
Certes le ministère annonce des progressions importantes du nombre de candidats pour les concours 2014. Il y aurait presque 5 000 candidats ce qui est nettement supérieur à 2013. D’où l’idée qu’il y aurait un « revirement » par rapport au déclin de ces dernières années. C’est sans doute exacte dans plusieurs disciplines. Mais l’expérience des années précédentes invite à rester prudent en maths. « Il y a beaucoup d’inscrits qui ne viennent même pas passer le concours », nous a confié Jean-Pierre Borel, vice-président de la Société mathématique de France. « Une grande majorité des inscrits ne sont pas dans les préparations en master de maths. Cette proportion baisse quand on regarde les présents. Elle diminue encore quand on regarde uniquement les reçus ». Il faut aussi ajouter que les étudiants de M2 déjà inscrits aux concours 2013 se sont très souvent aussi inscrits par précaution aux concours 2014. Une partie ne se présentera donc pas en 2014. Impossible d’estimer combien il y aura de présents aux concours 2014. Peut-être 2000 au lieu de 1500 ? Ce serait déjà une forte progression mais sans doute insuffisante pour fournir un nombre d’admis suffisant.
Maintenant si l’on ne s’intéresse qu’aux candidats les mieux formés aux concours dans les masters de mathématiques, il a plutôt reculé cette année. Sur 9 préparations universitaires en M2, on compte 179 candidats au concours 2013 et 165 au concours 2014. IL n’y a donc pas d’attirance subite des candidats dans cette filière de formation.
Au ministère de l’éducation nationale on ne nie pas la difficulté de cette filière. « Le chiffre n’est pas bon », nous a confié Charles Torossian, inspecteur général de mathématiques. « Les mathématiques sont un domaine très concurrentiel. Quelqu’un qui a fait 5 ans d’études en mathématiques a un champ très important d’opportunités. Pour l’éducation nationale c’est un double défi. Autour de la discipline : avoir plus de jeunes qui aient le goût des maths et donc réformer la pédagogie. Il y a le défi du métier. On travaille sur les deux tableaux notamment en installant les ESPE et avec les emplois d’avenir professeurs ».
François Jarraud
« Face à tous les discours du cynisme, du scepticisme je viens dire aux étudiants : la France a besoin de vous… Cette campagne est un appel profond à la jeunesse… Nous voulons rétablir la promesse républicaine ». C’est en ces termes que Vincent Peillon a présenté les emplois avenir professeur le 10 décembre 2012. Mais les emplois avenir professeur tiendront-ils ces promesses ? Le ministère publie un B.O. spécial qui regroupe tous les textes relatifs à leur mise en place, y compris deux nouvelles circulaires. Les emplois avenir professeurs (EAP) portent déjà de nombreux espoirs à la fois face aux difficultés de recrutement et face aux difficultés d’enseigner dans les zones prioritaires.
Une des meilleures idées de V Peillon
Fleuron de la nouvelle politique de recrutement des enseignants, les EAP font l’objet d’un B.O. spécial du 28 février qui regroupe les décrets et les arrêtés déjà publiés au Journal Officiel en janvier et commentés dans le Café. S’y ajoutent deux circulaires dont une sur la mise en œuvre du dispositif. « Les EAP ont pour ambition de faciliter l’insertion professionnelle et la promotion sociale des jeunes dans les métiers du professorat en permettant à des étudiants boursiers d’exercer pendant leurs études des fonctions d’appui éducatif rémunérées dans les écoles et les établissements scolaires, tout en bénéficiant d’une entrée progressive dans le métier. Les EAP peuvent ainsi susciter des vocations nouvelles au métier d’enseignant », explique le B.O.
La circulaire de mise en oeuvre montre comment atteindre cette double priorité. Le dispositif des EAP est ouvert aux étudiants boursiers sur critères sociaux de préférence inscrits en deuxième année de licence ou, le cas échéant, en troisième année de licence ou en première année de master, âgés de vingt-cinq ans au plus et se destinant aux métiers de l’enseignement. Deux années au minimum de résidence ou d’études dans certaines zones définies par la loi ouvrent droit à une priorité de recrutement.
Une préparation graduée à l’enseignement
Si les EAP sont recrutés par un établissement, c’est le recteur qui fixe les établissements d’accueil et c’est l’Etat qui a défini les académies et les disciplines possibles. Ainsi pour cette année scolaire, 2 333 recrutements sont attendus dont 701 pour Créteil et 677 pour Versailles. 1667 autres postes seront recrutés à la rentrée 2013 principalement pour Paris et Lille.
Les jeunes retenus recevront de 617 à 1 086 euros mensuels pour 12 heures de travail hebdomadaire. Les textes prévoient que c’est une moyenne et que des aménagements sont possible pour que le jeune puisse préparer son concours ou ses examens. Les jeunes se verront confier un accompagnement d’activités péri-éducatives complémentaires aux enseignements ou, en master, une prise en charge progressive d’activités pédagogiques en accompagnement d’un enseignant. Ils découvriront ainsi progressivement le métier d’enseignant. Ils bénéficient d’un tuteur.
Des syndicats vigilants sur l’application
« C’est une vraie politique de gauche », nous dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. » On a soutenu ce projet car on a un vrai problème de vivier de recrutement des enseignants dans le second degré et il est bon d’améliorer la mixité sociale chez les enseignants. Les enseignants doivent ressembler à l’ensemble de la société ». Mais C Chevalier évoque aussi les dérives possibles. « Les EAP ne devront pas être des moyens d’enseignement » sauf ponctuellement dans un moment accompagné par un tuteur. Pour Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, les EAP sont « une espèce de béquille » pour l apolitique de recrutement de V. Peillon. Ce ne sont pas de véritables pré-recrutements ce qui est regretté par le syndicat. Mais le Snes est favorable à ce « coup de pouce » social donné à des étudiants originaires de zone défavorisée. Pour le Sgen Cfdt, Frédéric Sève pense aussi que le EAP participent de davantage de mixité sociale dans l’éducation même si le vrai moyen de l’assurer c’est l’ampleur des recrutements.
Des sous professeurs pour les quartiers défavorisés ?
Pour JY Rochex, les EAP participent d’un mouvement général dans les pays développés qui voit les enfants des quartiers défavorisés être confiés à des agents moins qualifiés que les professeurs avec tous les risques d’affaiblissement de la transmission. Mais ce risque est écarté par les syndicats. « Il n’y a pas de risque d’en faire des sous enseignants destinés aux quartiers populaires », nous dit C. Chevalier. « En effet il seront recrutés sur le même concours que les autres enseignants et ils seront affectés ailleurs qu’en zone prioritaire. Il n’y aura pas d’affectation spécifique fléchée ». « Il faudra être vigilant sur l’articulation entre leur service et leur formation dans les ESPE », insiste Frédérique Rolet. « Mais nous avons obtenu qu’ils soient en poste près de leur université » et donc pas forcément en zone défavorisée. Le Sgen Cfdt sera vigilant sur le risque de surcharge de travail des EAP. Le syndicat porpose sur son site une procédure d’accompagnement. La première menace qui pèse sur les EAP reste donc les difficultés de recrutement. Le nombre d’emplois proposés reste modeste. Sera-t-il atteint ?
François Jarraud
Le B.O. spécial
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officie[…]
Accompagnement Sgen
http://www.cfdt.fr/jcms/prod_124470/emplois-av[…]
Sur les décrets
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2013/01/17012013[…]
Sur le site du Café
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