Propos recueillis par Frédérique Yvetot
Une classe de seconde du lycée du Parc Impérial (Nice) a relevé un défi : rédiger en un mois une plaidoirie pour l’abolition universelle de la peine de mort. Il s’agit d’un concours national. Le gagnant accompagnera le ministre des affaires étrangères à Madrid pour le 5e Congrès mondial contre la peine de mort en juin 2013.
Rencontre avec une des professeurs documentalistes engagées dans le projet
Concrètement, comment le travail a débuté ?
Fabienne Rondet : Comme tout projet de ce type, par une concertation avec les enseignants concernés. Quatre professeurs : Mme Dupré-Vernet (professeure d’histoire-géographie), Mme Barthomeuf (professeure de Lettres) Mme Lefebvre et moi-même (professeures documentalistes). La répartition des tâches s’est faite naturellement : contacts avec des personnes extérieures au lycée et collecte des documents utiles pour les documentalistes. Travail sur l’argumentation en Français, et recherches documentaires en Histoire.
Pour bien maîtriser le sujet, les élèves ont eu deux heures de recherches au CDI suivies d’une heure de mise en commun en cours. Thèmes retenus : définition juridique de la peine de mort, histoire de son abolition en France, les pays qui la pratiquent encore et les conditions de cette pratique. Chaque élève a ensuite communiqué l’information à la classe, avec les précisions du professeur d’histoire-géographie.
Cette étape a permis de préparer la rencontre-débat avec l’ONG Amnesty International.
Pourquoi avoir organisé un débat avec les bénévoles d’Amnesty International ?
Fabienne Rondet : Pour deux raisons. Que les élèves découvrent les modes d’action d’Amnesty sur le sujet de la peine de mort et surtout qu’ils repèrent l’argumentaire de cette ONG.
Comment s’est déroulé le débat ?
Fabienne Rondet : La bénévole d’Amnesty s’est adressée aux élèves en s’appuyant sur une présentation créée spécialement pour eux. Les élèves l’ont interrompue, reprise, questionnée et poussée dans ses retranchements : on leur avait suggéré de ne pas hésiter à participer, et c’est ce qu’ils ont fait ! L’évocation de cas concrets, et le visionnage de clips vidéos d’Amnesty, ont fait naître l’émotion et… n’ont pas simplifié les débats !
Une suite est prévue le 11 mars : conférence de presse dans les locaux d’Amnesty. Les journalistes présents se tourneront vers les élèves, qui devront être prêts à répondre aux questions. Nous les préparerons à cet exercice en une heure, au CDI.
A cette occasion, nous inaugurerons une exposition venue de Paris spécialement pour nous (qui sera installée ensuite en exclusivité au CDI du lycée). Elle sera ainsi disponible pour les autres classes du lycée.
Et le travail de rédaction de la plaidoirie ? Comment a-t-il été mené ?
Fabienne Rondet : En trois séances de deux heures. Travail avec leur professeur de français : savoir argumenter, convaincre, persuader, à travers l’étude de textes de Robert Badinter et de Victor Hugo.
Au retour des vacances, les élèves devront présenter un embryon de plaidoirie à un avocat pénaliste. Cet avocat va intervenir pour repérer les qualités, les défauts des textes. Il s’agit de passer ici de l’argumentation à la plaidoirie elle-même.
Ensuite, deux heures sont encore prévues pour peaufiner le texte et l’envoyer. Il s’agira de pratiquer l’exercice délicat du texte collectif. De 35 textes, passer à un seul. C’est une étape qui nous paraît délicate, vue l’implication de chaque élève.
En tant que prof doc, que visiez-vous dans ce projet ?
Fabienne Rondet : Bousculer les habitudes. Faire entrer à l’école des personnes passionnées et engagées. Mettre les élèves devant leurs contradictions et secouer leurs convictions. Bien entendu, ce type d’action nous permet aussi de diffuser des ressources documentaires et de mettre les élèves en situation de recherche et de création, ce qui est le b.a.ba de notre métier.
Comment la classe réagit-elle ?
Fabienne Rondet : La classe est très investie, partagée sur cette idée d’abolition de la peine de mort, les discussions sont animées. Elles font apparaître des questionnements constructifs. C’est ce que nous voulions atteindre…
L’aspect « concours » ne nous plaît pas particulièrement, et d’ailleurs les élèves ne sont pas spécialement motivés par cela. L’intérêt réside dans les échanges, les rencontres, le travail commun autour d’un thème qui fait appel à des connaissances pluri-disciplinaires et qui, contrairement à son sujet, fait entrer la vie, tout simplement.
Merci
Le règlement du concours national de plaidoiries contre la peine de mort
https://www.ac-aix-marseille.fr[…]concours_de_plaidoiries_contre_la_peine_de_mort.pdf
Ressources mises à disposition des enseignants sur l’Esidoc du Lycée Parc Impérial
http://0060029z.esidoc.fr/rubrique/view/id/55