Branka Cattonar, sociologue à l’université de Louvain, prend la suite pour étudier la « Construction de l’identité professionnelle des enseignants entrant dans le métier ». Elle a utilisé les méthodes des récits de vie dans ses enquêtes et elle montre que l’entrée dans le métier est une période cruciale dans la formation de l’identité professionnelle des enseignants, constitue une expérience critique, un moment essentiel dans la socialisation professionnelle. La confrontation entre préconceptions idéales du métier et conditions réelles oblige à un travail d’ajustement professionnel.
La découverte de la « réalité désenchantée » du métier permet la construction de l’identité professionnelle, à travers les 5 « révélations » suivantes.
– C’est d’abord le choc de la réalité, le passage à travers le miroir. Ils découvrent des élèves loin de l’image idéale, ils ont une distance culturelle avec le public (un choc de milieu).
– Par l’expérience du chahut, ils apprennent à tenir la classe, s’imposer, gérer l’ordre
– Donner cours ne va pas de soi, il faut intéresser, motiver les élèves.
– C’est un travail individuel, le jeune titulaire souffre d’isolement, manque d’accueil, difficultés à s’insérer dans le corps professoral, solitude face aux difficultés.
– L’idée qu’il y a le « sale boulot », vécu comme contraint . Il représente toutes ces tâches plus ou moins sociales, éducatives ou administratives, (gestion de l’ordre, prise en charge de problèmes psychologiques…) en comparaison des tâches nobles d’enseignement.
Pour gérer ces tensions, l’enseignant entrant dans le métier aura différentes manières de réagir : la fuite par le corps ou l’esprit, le développement de stratégies de survie : s’investir dans un mouvement pédagogique par exemple !
Cela demande à questionner plus largement le contexte institutionnel, l’organisation des modalités de l’insertion professionnelle, la formation initiale et continue et le modèle de professionnalité (l’enseignant transmet des conniassances mais il faut reconnaître les autres facettes du métier).
Florian Meyer, de l’université de Sherbrooke, s’intéresse à l’ intégration des technologies à la pédagogie. Il présente « Le dispositif Zoom et la formation initiale et continue du personnel enseignant québécois par l’analyse de videos de pratiques professionnelles enseignantes ».
Il donne l’occasion de visiter la plateforme « Zoom sur l’expertise pédagogique », ses fondements, son organisation, ses différentes fonctionnalités. Son développement a été initié au début des années 2000 dans un contexte de changements, de réforme des programmes scolaires et des programmes de formation au Québec. Zoom a un but de formation continue. Elle se concentre sur des situations de classes réelles (1er et 2nd degrés) dans la durée totale de la séance ou avec montage de séances courtes. Maintenant elles durent toutes 20 mn ; le point de vue de l’enseignant filmé est donné avec une entrevue avant et une après la pratique vécue. Les videos sont complétées de métadonnées pour en préciser le contexte. Les enseignants filmés ont entre 2 et 20 ans d’ancienneté. On voit toutes les différences avec Néopass.
Dans un 2ème temps, Florian Meyer aborde les différents usages des videos de Zoom.
Les formateurs peuvent déposer des videos faites par eux-mêmes et proposer des parcours de formation, l’utiliser comme exemplification dans le cadre de cours, dans les « cercles pédagogiques » où on fait de l’analyse de pratique. C’est aussi un outil d’auto-formation organisé en parcours avec étapes et carnet de bord. On peut observer de l’agir enseignant mais aussi voir les activités des apprenants, sur des thèmes spécifiques..
Quels apprentissages possibles ? Les intentions des concepteurs sont de faire changer la pratique enseignante, par une prise de conscience, en supposant un effet vicariant inspiré des videos, une posture interprétative et non pas argumentative, une pratique réflexive.
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