Les premiers résultats des épreuves d’admissibilité des concours 2013 qui commencent à circuler et que le Café pédagogique s’est procurés, montrent que la crise du recrutement est toujours là. Alors que le ministère lance deux vagues de recrutement massif d’enseignants, avec près de 20 000 postes proposés pour 2014, les objectifs de recrutement semblent toujours inaccessibles dans certaines disciplines.
Le premier point noir du recrutement c’est les maths. Il faut se rappeler les chiffres de 2012. Cette année là pour 950 postes proposés au capes externe seulement 652 candidats ont été admis. 75 d’entre eux ont aussi été reçus à l’agrégation. Au final, l’Etat n’a disposé que de 577 nouveaux enseignants pour remplir 950 postes. C’est à dire que seulement 60% des postes ont été pourvus. Et pour boucher les trous il a du gonfler les classes et recruter un peu partout des contractuels. Qu’en est-il pour 2013 ? Les candidats ont passé en novembre les épreuves d’admissibilité. Les résultats viennent de tomber. 1326 candidats sont admissibles. Ce nombre est supérieur aux 1176 de 2012. Mais le nombre de postes à pourvoir est lui aussi nettement plus élevé : 1210 postes (au lieu de 950 en 2012). Le rapport entre admissibles et postes est encore plus détérioré qu’en 2012 où les admissibles représentaient 123% des postes. Là on descend à 109% , presque un candidat pour un poste. En 2011 les jurys avaient éliminé un candidat sur deux à l’écrit. Si l’on en croit Aline Bonami, présidente de la Société mathématique de France, il y a peu de chance qu’ils soient plus généreux en 2013. « Les étudiants arrivent en L1 par défaut, après un refus d’inscription ailleurs. Le flux qui s’inscrit en préparation des concours depuis les écoles d’ingénieurs est très faible », nous a-t-elle dit, laissant entendre que le niveau de nombreux candidats est trop bas.
Ce n’est pas mieux en lettres modernes. En 2012, pour 733 postes à pourvoir au capes externe il y avait eu 917 admissibles. Finalement 681 personnes avaient été admises. Au capes 2013, 1139 personnes sont admissibles. C’est nettement plus qu’en 2012, mais là aussi il y a plus de postes : 1000. Le ratio admissibles par postes s’est là aussi détérioré depuis 2012. Cela présage probablement d’un déficit accentué d’admis.
En lettres classiques l’évolution est identique. Il y a 200 postes à pourvoir et… 118 admissibles. En 2012 il y avait 172 postes et 92 admissibles.
Depuis la rentrée le ministère ne cesse de répéter que le nombre d’inscrits est en hausse et que la crise est dépassée. A l’évidence il n’en est rien. Le deuxième concours de 2013 apportera un second flot de reçus mais qui ne seront devant élèves qu’en 2014. A moins de consignes données aux jurys, il n’y aura pas dans le secondaire le nombre de nouveaux enseignants prévu devant élèves. Les concours, où le rapport candidat / postes est tellement bas finissent par participer à la dévaluation du métier.
Cette situation attaque fortement le discours ministériel. L’image du métier est atteinte par le manque de sélectivité du concours. Elle participe à sa dégradation. Plus grave encore, la promesse de remettre des enseignants dans les classes va avoir du mal à se matérialiser. Les enseignants qui se plaignent de ne voir aucun changement ne verront pas arriver les renforts. Les parents auront encore des soucis à se faire pour les remplacements et les conditions d’enseignement. La question de la revalorisation continue à se poser. La reconnaître c’est peut-être mettre les boeufs devant la charrue ?
François Jarraud