« Le professeur documentaliste : les médiations documentaires et pédagogiques se repensent avec le numérique », tel était le thème de la conférence organisée par le CDDP de Paris et animée par Michel Bezard, à l’occasion de la publication du « Guide TICE du professeur documentaliste » par le Scéren-CRDP de l’Académie de Paris. Trois des auteurs étaient présents : Jean-Pierre Véran (Université Montpellier II), Denis Tuchais (IUFM) et Jean-François Lahorgue (Professeur Documentaliste). Jean-Louis Durpaire (IGEN) était invité à compléter cette table ronde.
J.P. Veran à ouvert la discussion en s’appuyant sur des extraits du rapport de la consultation pour la refondation de l’école en citant la nécessité de « décloisonner et de transformer les contenus d’enseignement, leur périmètre, leur structuration, leur hiérarchisation, leur progressivité, leur nature mais aussi les modalités de leur transmission et de leur appropriation ». Il a par ailleurs insisté sur l’importance de la prise en compte des changements majeurs intervenus dans la culture juvénile et que l’école peine à prendre en compte, tout en précisant que le professeur documentaliste était justement par sa nature apte à répondre à ces besoins nouveaux.
J.F. Lahorgue s’appuie sur son expérience de mise en place d’un Centre de Connaissances et de Culture, qu’il préfère appeler un Espace des Savoirs, pour rappeler l’importance des lieux dans l’appropriation de la révolution numérique. Il souligne l’intérêt du décloisonnement des espaces afin de réunir plusieurs fonctions en un même lieu, le nouvel espace étant entre autre un lieu d’acculturation au numérique et d´acquisition d’un comportement citoyen, fondé sur un travail collaboratif des équipes éducatives.
Après cette réflexion sur les lieux, Denis Tuchais a poursuivi en s’interrogeant sur l’évolution des compétences professionnelles des professeurs documentalistes dans le monde du numérique et défini cinq points d’ancrage nécessaires. En premier lieu, le professeur documentaliste est un créateur d’univers et de produits documentaires innovants, mais il est aussi dans un deuxième temps médiateur de ces univers. Son rôle d’expert s’incarne dans un troisième point qui est celui de la nouvelle donne impulsée à la diffusion de l’information par le numérique. Ensuite, la lecture et l’écriture numérique en tant que révolution pédagogique constituent selon lui une formidable opportunité que nous devons saisir. Enfin, la « récréation numérique », temps éducatif suspendu, est à penser comme nouveau mode d’apprentissage.
Les questions de la salle ont essentiellement porté sur le statut du professeur documentaliste à la lumière du numérique et sur les difficultés de passer de l’innovation à la généralisation. J.L. Durpaire à souhaité rappeler que la force du métier est dans le collectif et dans la convergence des actions individuelles, mais que nous devons aussi nous appuyer sur les réflexions universitaires qui elles seules peuvent fonder scientifiquement une « Média Information Literacy » ou « éducation aux médias et à l’information ».
La route est encore longue dans l’acculturation des pratiques enseignantes au numérique mais gageons que le « Guide TICE du professeur documentaliste » présenté lors de cette conférence sera un outil précieux sur lequel appuyer notre réflexion.
Anne Delannoy
