Comment est votre été ? Studieux, pluvieux, ensoleillé, paresseux, festif, cigale ou fourmi ? L’été on le rêve en plein hiver, on en goûte chaque seconde lorsqu’il arrive, et le temps suspendu à nouveau s’accélère lorsque les jours s’égrènent passés les orages du 15 aout. L’été se programme ou s’affranchit des prévisions, une parenthèse où les promesses d’une rentrée plus belle se drapent d’un soupçon de réalité.
Certains ont posé de côté tout au long de l’année les livres qu’ils dévoreront à l’heure de la farniente, d’autres ont classé sur le coin de leur navigateur les sites à explorer pour apprendre par plaisir, pour égayer les jours de pluie. Il y a ceux aussi pour qui l’été est voyageur. Les vacances, temps de découverte sont des temps d’apprentissage où ne rien faire laisse l’esprit vagabonder vers des sphères inaccessibles lorsque le travail nous presse. Cet apprentissage buissonnier nous conduit parfois à inventer, ouvrir nos oreilles et nos esprits, laisser émerger une autre façon d’apprendre, une autre façon d’enseigner.
La paresse est un luxe que nous aurions tort de négliger. Elle laisse à nos sens le loisir d’explorer, de comprendre sans s’astreindre, sans se contraindre à réussir. Tous ces savoirs engrangés au fil de l’eau, ces faisceaux invisibles qui éclairent nos pensées se tissent et s’entrelacent loin des cartables. Et c’est bien dommage. Comment leur donner corps, comment faire de ces savoirs libres une compétence à partager, à valoriser lorsqu’ils sont le fruit des pérégrinations des élèves ?
La question se pose et se posera plus encore à mesure que les savoirs buissonniers fleuriront de plus belle puisant dans le numérique les nourritures de la curiosité, les moyens aussi de partager sa propre interprétation de ce qui interroge. Apprendre autrement, exposer ce que l’on apprend. L’année écoulée a laisser affleurer des initiatives où le savoir dispensé s’enrichit des trouvailles et des productions construites par les élèves dans et hors la classe.
De notre été s’échappent des pensées dites à voix haute sur les réseaux sociaux, sur nos mobiles. On peut se taire aussi, laisser sous silence le numérique. Notre été peut servir à cela, trouver au cœur du temps qui semble sans limite, les voies qui offriront aux savoirs des chances d’éclore, de trouver sens chez chacun. Sur les sentiers de promenade ou au cœur des vagues de l’océan, notre esprit libre de contrainte mesure enfin la douceur et la force du savoir en liberté.
Monique Royer