Le Panthéon, où repose Jean-Jacques Rousseau depuis 208 ans, lui consacre une exposition de grande ampleur pour fêter le tricentenaire de sa naissance. 200 oeuvres, manuscrits, estampes, peintures, sculptures, livres, partitions composées par l’écrivain lui même, font découvrir un Rousseau passionné par les arts. L’exposition offre l’opportunité aux visiteurs de redécouvrir le philosophe à travers plusieurs thèmes, dont certains peu exploités comme sa passion pour la gravure et la musique. Elle révèle des aspects peu connus de ce « Philosophe des Lumières » qui a profondément influencé la pensée de son siècle…et des suivants et consacre aussi toute une partie à sa gloire posthume. Elle bénéficie de prêts prestigieux consentis par les plus grandes institutions internationales publiques et privées. L’exposition » Jean-Jacques Rousseau et les arts » est à découvrir jusqu’au 30 septembre 2012, en famille, ou avec ses élèves à la rentrée.
Elle est construite eu deux parties, » Rousseau et son oeuvre », » Rousseau et son image ». Le parcours n’est pas chronologique, mais thématique afin d’explorer les relations entre le philosophe et les arts. La première partie évoque les grandes étapes de sa vie, ses principaux écrits biographiques, ses interventions directes dans le domaine artistique, écriture, estampes, musique… Le visiteur est accueilli par sa devise « Vitam Impedere Vero » ( consacrer sa vie au vrai) et une immense biographie qui présente sa vie et ses oeuvres en privilégiant les lieux et les relations qui l’ont profondément marqué et influencé.
Le premier thème abordé dans le parcours est l’Antiquité, une période , dont le philosophe s’est profondément imprégné et qui a inspiré toute sa vie. De superbes manuscrits, des lettres, des ouvrages annotés par l’écrivain lui même témoignent de sa passion pour les grands hommes, en particulier un traité non publié consacré à un parallèle de Socrate et de Caton. Il est profondément influencé par Platon dont il annote les volumes d’une édition de 1550 et dont il s’inspire pour rédiger les » Considérations sur le gouvernement de Pologne ». Mais une lettre révèle que c’est Plutarque qui est le plus cher à son coeur. Le thème suivant » Le Livre » explore la passion de l’écrivain pour le dessin. Jean-Jacques Rousseau, adolescent, suit une formation de graveur et garde toute sa vie » un intérêt pour le burin ». Il contrôle méticuleusement l’élaboration des illustrations de la « Nouvelles Héloïse », dont il donne précisement le canevas, comme pour l »Emile » et commente plusieurs frontispices de ses ouvrages. Cette attention à l’illustration de ses propres textes est sans équivalent au XVIIIème siècle. De superbes exemplaires d’ouvrages de cette époque sont exposés.
Autre centre d’intérêt primordial du philosophe la Musique car il rêve d’être musicien, et assure jusqu’à la fin de sa vie son métier de copiste. Son champ d ‘activités et sa curiosité dans ce domaine sont immenses. Son opéra « Le Devin du village » est joué à la cour et reçoit les faveurs de Madame de Pompadour. La partition dédiée à la marquise est exposée. Rousseau rédige pour l’Encyclopédie plus de 400 textes sur la musique… Il présente à l’Académie des Sciences, en 1742, un « projet concernant de nouveaux signes pour la musique » qui reçoit un accueil poli mais pas d’approbation officielle. Ce manuscrit est prêté exceptionnellement au Panthéon. Des extraits sonores des compositions sont mis à la disposition du public qui peut ainsi les découvrir. « La nature », dernier thème abordé dans cette première partie, est illustrée par de nombreux manuscrits, lettres, ouvrages, estampes de toute beauté. Ses théories sur l’approche de la nature sauvage sont longuement développées et tout un chacun peut s’imprégner des plus beaux passages de ces textes dont certains furent des best- sellers. Son modeste herbier figure à côté de ces hymnes à la nature, sur les pages de droite il collait les plantes, et à gauche les identifiait et donnait des indications sur les lieux de la collecte.
La seconde partie de l’exposition » Rousseau et son image » traite de la postérité de l’écrivain jusqu’ à la Révolution. De son vivant Rousseau s’est intéressé à ses portraits, et apprécie particulièrement celui qu’expose Maurice Quentin de La Tour en 1753. Après le décès de l’écrivain, l’art de l’estampe s’empare de son image et conçoit d’étonnantes allégories. Son tombeau dans le parc d’Ermenonville devient un lieu de pèlerinage. Et enfin il rejoint Voltaire au Panthéon le 11 octobre 1794, lors d’une grandiose cérémonie. Sa panthéonisation est une apothéose populaire et symbolique, un hommage que la Révolution rend au philosophe social. Ses ecrits ont façonné la Révolution de 1789 et les textes fondateurs de la République. tableaux et estampes immortalisent cette célébration, ce transfert d’Ermenonville à Paris qui dura plusieurs jours.
Les enfants sont les bienvenus. Beaucoup d’activités sont prévues dès maintenant et d’autres à la rentrée. Le Panthéon est accessible en visite libre ou guidée. Les visites commentées doivent être réservées. Un parcours découverte est mis gratuitement à la disposition du jeune public: Gavroche guide le jeune visiteur et lui fait découvrir d’une manière ludique le monument en dix questions. Un jeu est également proposé aux enfants sur le site des monuments nationaux. Le service d’action éducative est à la disposition des enseignants, Joséphine Marino est à leur écoute par téléphone au 01 44 32 18 01 et par mel josephine.marino@monuments-nationaux.fr .
Des ateliers sont proposés aux scolaires. La visite-atelier » Comment devient on un grand homme? critères et valeurs d’une panthéonisation » propose, aux jeunes du CM2 au lycée, de refléchir à partir d’un travail de mémoire et d’identification des valeurs citoyennes incarnées par les grands hommes, ainsi qu’ aux règles de la panthéonisation. Un copieux dossier pédagogique est à la disposition des enseignants.
Béatrice Flammang
L’exposition » Jean-Jacques Rousseau et les arts »
Le site jeune public des monuments nationaux
Le parcours découverte du Panthéon
Le site pour les enseignants au Panthéon