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C’était un des grands thèmes de la présidence Sarkozy. Il promettait 30% de boursiers dans les filières d’élite des CPGE. Le rapport de l’Inspection générale de 2010 montre que ce taux n’est pas atteint malgré le gonflage artificiel du taux de boursiers.

En 2010, le rapport de Brigitte Bajou et Jacques Fattet établit que seulement 22% des élèves de CPGE perçoivent une bourse. Un taux deux fois plus faible qu’en STS (42%) et nettement inférieur à celui des universités (31%). Encore ce taux est-il faussé par la redéfinition des bourses en 2008.  » Le déplafonnement des revenus donnant droit à l’obtention du statut de boursier a provoqué entre 2007 et 2008 une augmentation mécanique du nombre total de boursiers de l’enseignement supérieur de 50 000 nouveaux étudiants. Cette hausse du nombre de boursiers touche l’ensemble des échelons de bourses, mais principalement les échelons zéro (+66 %) ». Avec cette réforme une famille disposant un revenu de 32 440 € est déclarée boursière au taux zéro. Le rapport ne cache pas que la hausse du taux de boursiers (de 19 à 22%)  » est essentiellement due à la création de l’échelon zéro ».

Il est intéressant de voir que pour l’Inspection générale le manque d’ouverture de la filière CPGE résulte principalement des boursiers eux-mêmes. Les inspecteurs évoquent la fameuse autocensure des lycéens de milieu modeste. Cette thèse est pourtant contestée par le sociologue Sylvain Broccolichi. Dans un entretien publié le 8 décembre 2011, il nous confiait que ce « manque d’ambition » est en fait justifié par les résultats finaux de ces orientations. Ainsi en CPGE, « ils ont de bonnes raisons d’hésiter à y aller ! On peut le dire quand on regarde le résultat final et leurs chances réelles de réussite compte tenu de leurs conditions d’apprentissage. Ce sont elles qui sont fondamentalement en jeu. Apparemment il y a beaucoup de raisons de se boucher les yeux et d’éviter de se demander ce qui conditionne les apprentissages des élèves, ce qui se joue dans la classe. « 

Les inspecteurs évoquent également le rôle négatif du classement des lycées.  » La logique des classements des lycées, fondés sur des critères contestables, est l’un des freins les plus puissants à l’évolution des pratiques pédagogiques de nombre d’enseignants de classes préparatoires, ces derniers considérant qu’ils doivent avant tout alimenter leurs élèves en savoirs académiques. La mission considère qu’une réflexion approfondie devrait être menée à ce sujet afin de permettre, en particulier, de valoriser les établissements à forte valeur ajoutée au regard de l’ouverture sociale et des belles réussites offertes aux jeunes issus des milieux défavorisés ».

Mais de toutes façons c’est l’élitisme du système qui fait piétiner l’ouverture. « Plus globalement, la mission n’a pas constaté de véritables impulsions académiques, fortes et portées, qui accompagneraient les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques dans l’appropriation et la mise en oeuvre de l’objectif des 30 % de boursiers en CPGE ».

Le rapport

Article Broccolichi