Par François Jarraud
Un récent document publié par l’OCDE rappelle que l’école est un moyen efficace pour lutter contre les inégalités sociales. Certains pays y arrivent. La France doit combattre les inégalités sociales et territoriales dans le système scolaire…
« L’écart entre les riches et les pauvres s’est accru ces trente dernières années dans la plupart des pays de l’OCDE », affirme l’organisation. Et ces inégalités mettent en danger les jeunes générations. « Dans le spays où les inégalités sont fortes », continue l’OCDE, qui cite les Etats-Unis ou l’Italie, « l’avenir économique des enfants est lié au niveau de revenu des parents. Dans ces pays le contexte socio-économique joue un rôle important dans le développement des compétences des enfants ».
Or, « les politiques éducatives qui se focalisent sur le lutte contre les inégalités peuvent être un des outils les plus efficaces pour faire face à ce problème », continue l’organisation. Pour elle , « une répartition plus équitable de l’accès à l’éducation conduit à une répartition plus équitable du revenu du travail dans le pays. Les personnes avec une meilleure éducation ont un avantage compétitif sur le marché du travail ».
L’OCDE donne en exemple quelques pays comme le Canada, la Finlande, la Corée du Sud et le Japon. Or ces pays a faible inégalité scolaire sont aussi des pays à fort taux de réussite et faible taux d’élèves en échec. Leur point fort c’est d’avoir peu d’écart entre els établissements scolaires et d’offrir à tous une bonne éducation. Au Canada on affecte des ressources particulières aux établissements qui accueillent des élèves immigrés. Au Japon ou en Corée, les enseignants et les chefs d’établissement sont réaffectés dans les établissements difficiles pour assurer l’équité. En Finlande, la profession enseignante est fortement valorisée et les établissements disposent d’enseignants spécialisés pour suivre les élèves en difficulté.
Et la France ?
Ce numéro de Education Indicators in Focus ne s’intéresse pas particulièrement à la France.
Pourtant, la France est un pays où l’influence de l’origine sociale dans l’éducation est particulièrement forte d’après l’OCDE. Sur 34 pays, elle n’est plus forte que dans un seul pays (la Nouvelle Zélande). L’origine ethnique pèse aussi d’un grand poids. En moyenne dans l’OCDE il y a 55 points d’écart (aux résultats de PISA) entre un jeune allochtone de première génération et un jeune autochtone. En France l’écart est de 75 points, soit presque deux années de scolarité. Pour la seconde génération il est de 55 points contre 35. En 2012, l’OCDE indiquait que « en France, les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés sont 2,68 fois plus susceptibles d’avoir de moins bons résultats que leurs camarades de familles aisées, selon les résultats du PISA 2009, qui dépassent la moyenne de l’OCDE dans ce domaine (2,37 fois). Les élèves dont les parents sont peu instruits sont davantage exposés à ce risque (2,43 fois), et, comme dans la plupart des autres pays de l’OCDE, les élèves issus de l’immigration sont également plus susceptibles d’obtenir des résultats faibles (2,19 fois) ». On sait aussi, depuis l’étude des effets de l’assouplissement sur la carte scolaire, que les inégalités scolaires peuvent être encore plus fortes que les inégalités territoriales.
Il est d’autant plus urgent d’agir que l’investissement dans l’éducation est rentable. « Les avantages qu’il y a à investir dans l’éducation, à un stade précoce et jusqu’à la fin des études secondaires, dépassent les coûts que cela implique pour les individus et pour la société », écrit l’OCDE. « En France, les diplômés du deuxième cycle du secondaire affichent un taux d’emploi supérieur d’au moins 21 points. Face à la crise économique actuelle, le chômage des jeunes augmente et le taux de chômage est plus élevé pour les actifs qui n’ont pas fini leurs études secondaires. Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, l’instruction est devenue un investissement essentiel à la reprise économique et à la croissance à long terme ».
Pour cela l’OCDE indique des politiques à mener. L’OCDE est favorable au collège unique et hostile aux orientations précoces. Elle est hostile au redoublement, une spécificité française, et favorable à une formation professionnelle poussée des enseignants. Des choix qui font écho aux programmes des candidats à la présidentielle.
Le dernier numéro de Education Indicators
http://www.oecd.org/dataoecd/57/57/50242971.pdf
Etude OCDE 2012
http://www.oecd.org/dataoecd/3/53/49623513.pdf
Un système inégalitaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2009/106[…]
Sur le site du Café
|