Par François Jarraud
L’éducation est restée un des principaux thèmes de campagne dans les dernières semaines avant les élections. Un phénomène suivi au quotidien par le Café.
Hollande : « La revalorisation est un sujet »
« Ce sujet existe ». Vincent Peillon, responsable éducation dans la campagne de François Hollande, a confirmé le 12 avril qu’en cas de victoire du candidat socialiste la revalorisation salariale des enseignants ferait l’objet de négociations. Il a aussi décroit le calendrier des premières mesures d’après la victoire.
A une semaine du premier tour, V. Peillon dévoile ce que pourraient être les premiers mois de l’après-Sarkozy. Une revalorisation inévitable. « On ne s’interdit pas d’y penser » déclare Vincent Peillon le 12 avril à propos de la revalorisation salariale des enseignants. Le responsable éducation de François Hollande sait que « les enseignants français sont mal payés, nettement en dessous des salaires des autres pays développés ». Il sait aussi que tout effort de recrutement de nouveaux enseignants sera vain s’il n’y a pas de revalorisation. Enfin il fait le lien entre revalorisation, évolution du métier d’enseignant et réforme des rythmes scolaires. « Si on veut modifier les rythmes scolaires , avec deux semaines de vacances en moins, il faudra bien négocier une compensation salariale ». Mais la revalorisation « sera compensée par une réattribution de moyens ». Les horaires du lycée seraient revus à la baisse pour dégager ces moyens. Quant à savoir quels enseignements seront visés…
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Peillon : Des postes complémentaires aux concours
Le responsable éducation de François Hollande annoncé un recrutement supplémentaire aux concours de 2012. « Quelques centaines, voire un millier » c’est l’estimation des postes supplémentaires de professeurs des écoles qui pourraient être recrutés cette année en cas de victoire de F Hollande. Pour 5000 postes de professeurs des écoles mis aux concours, 8000 candidats ont été déclarés admissibles avant de passer l’oral ce qui laisse une marge de manoeuvre pour déclarer 5500 ou 6000 admis au lieu de 5000.
Vincent Peillon avait déjà indiqué qu’il recourrait à des listes complémentaires pour trouver les postes supplémentaires promis en cas de victoire de la gauche. La difficulté c’est le manque d’attractivité du métier et le faible nombre d’admissibles par rapport aux postes. On sait que dans le secondaire en 2011 avec 7492 admissibles pour 4881 postes au capes près d’un millier de postes n’avaient pas été pourvus, le niveau des candidats étant trop faible. Le 12 avril, Vincent Peillon nous avait dit que ce désintérêt pour le métier est « un crève coeur » pour lui. C’est aussi un défi pour une équipe qui a promis 60 000 postes supplémentaires. Dans chat sur le site du Monde a aussi annoncé un plan de résorption de la précarité à l’éducation nationale.
Dépêche afp
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L’école devant la crise de recrutement
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Hollande : Un grand plan numérique pour l’Ecole
Intervenant à l’occasion du colloque « Le numérique, moteur du changement », organisé par l’Institut Edgar Quinet, le 30 mars, Vincent Peillon a annoncé « un grand plan e-education » en cas de victoire de François Hollande. « Nous devons porter une très grande ambition pour la e-education », a-t-il ajouté. « Nous devons changer d’échelle ». Ce nouveau plan a-t-il plus de chances de succès que les précédents ?
Pourquoi un plan numérique ?
Vincent Peillon a rappelé le « retard français » en équipement principalement au primaire et dans les usages estimant que l’école doit « préparer au monde de demain ». Pour lui ce « grand plan pour la e-education » a aussi pour objectif de réformer les méthodes pédagogiques afin de lutter contre l’échec scolaire et développer l’autonomie des élèves.
Peut-on parler de « retard français » ? Le ministère refuse de participer à certaines enquêtes internationales mais il existe quand même des données nationales et internationales sur l’équipement et les usages. Selon une enquête ministérielle, le nombre d’élèves par ordinateur de moins de 5 ans est de 4 en lycée, 9 en collège, 18 en école élémentaire et 68 en maternelle. Une enquête de l’OCDE a comparé l’équipement pour els élèves de 15 ans : 12 élèves par ordinateur en France, 24 en Allemagne, 15 en Italie et 8 en Angleterre. On peut donc dire que, si l’équipement informatique du système éducatif français se situe dans la moyenne européenne, et même plutôt au dessus, il y a de très forts écarts avec un retard énorme du primaire. Le retard français concerne surtout les usages. L’étude PISA montre que 60% des élèves de 15 ans en France déclarent ne jamais utilisé l’ordinateur en classe ce qui est le plus fort taux des 24 pays et des 28 systèmes éducatifs de l’étude ! Un autre chiffre significatif tiré d’une enquête européenne montre que pour 78% des élèves de CM1 l’ordinateur n’est pas dans la classe mais ailleurs dans l’école. Le plan ministériel doit donc à la fois améliorer l’équipement au primaire et intervenir sur les usages dans l’ensemble du système éducatif.
Un programme en 5 points.
Au primaire : V Peillon estime qu’il faut lui donner la priorité pour l’équipement. Il envisage un plan d’équipement des écoles primaires dans le cadre d’un accord négocié avec les collectivités locales.
La production de produits pédagogiques serait encouragée au sein de l’éducation nationale et avec des aides pour le privé. V Peillon a notamment mentionné la production de serious games. Pour lui c’est un enjeu national. Si rien n’est fait, ce sont des produits anglo-saxons qui vont s’imposer, or « ils ne partagent pas toujours nos valeurs ». Enfin il tient à ce que ces ressources soient « validées par des pédagogues. » «
Il annonce la création d’une « e-école publique », une plate forme unique, gratuite, publique, centralisant les produits pédagogiques réalisés par l’éducation nationale et les grands établissements publics. Elle indexerait toutes les ressources et les proposerait en téléchargement gratuit aux enseignants et aux familles. Interrogé par le Café, V Peillon précise que l’Etat ne « doit pas se substituer aux associations ou aux enseignants qui produisent aujourd’hui des contenus. Il doit les aider et permettre le changement d’échelle, « faire en sorte que toutes les ressources qui existent soient fédérées ». Cette plateforme « permettra une cohérence pédagogique ».
La formation des enseignants, initiale et continue, comprendra des modules sur les usages du numérique. Cette formation sera validée dans les concours d’enseignants.
Du coté des élèves, V Peillon s’est prononcé pour l’apprentissage systématique du clavier par les élèves dès l’école primaire. Il propose que toutes les terminales générales et technologiques bénéficient d’une option numérique, une opportunité qui n’existe aujourd’hui qu’en terminales S et STI2D. Interrogé par le Café, il précise que seront enseignés l’apprentissage de l’informatique, la validation des informations sur Internet, l’utilisation de didacticiels et l’économie numérique. L’option pourrait donc être davantage tournée vers les usages que le nouvel enseignement de spécialité ISN du bac S.
Quel coût ? Vincent Peillon n’a pas donné d’estimation précise estimant que le coût final dépendrait des accords avec les collectivités territoriales.
Un énième plan ?
Le « grand plan » de F Hollande distance à coup sur son principal adversaire. Lors du discours de Montpellier, Nicolas Sarkozy avait jugé qu’Internet aggrave la crise de l’autorité. Il avait émis à plusieurs reprises des jugements négatifs à son endroit. Mais il arrive après bien d’autres programmes annoncés ces dernières années. On se rappelle par exemple du rapport du Conseil national du numérique (CNN) début mars 2012, du rapport Fourgous en 2010 ou du plan « e-educ » qui avait avorté sous Darcos en 2008. Luc Chatel lui-même parle de « plan numérique » à propos de mesures fort modestes. Il intervient juste avant la publication le 3 avril d’un nouveau rapport Fourgous sur le numérique à l’école. Le plan Hollande reprend certaines idées du rapport du Conseil National du Numérique. C’est le cas par exemple de la grande plateforme de publication de contenus ou de l’importance d’un accord entre Etat et collectivités territoriales.
Ce plan aura-t-il plus de chance que les précédents ? Ce qui a manqué à la plupart des plans numériques précédents c’était bien sur l’argent. Les crédits ministériels n’ont cessé de s’effondrer et Luc Chatel, qui avait compté il y a deux ans lancer un vrai plan numérique , a fini par abandonner. V. Peillon annonce que le financement est à trouver avec les collectivités locales. IL est clair qu’un accord avec elles réglerait la question de la maintenance du matériel qui est un vrai obstacle aujourd’hui pour changer les choses. Les plans précédents ont rencontré un autre problème : comment former els enseignants à un moment où le ministère tranche dans les crédits de formation ? Si les industriels étaient prêts à faire des efforts sur ce terrain (par exemple dans le plan e-educ), ce n’était pas acceptable par les enseignants de voir les formateurs de l’éducation nationale remplacés par du personnel privé. La relance de la formation initiale et continue promise par F Hollande renverse cet obstacle. V. Peillon a compris que l’élan vers le numérique ne peut se faire que dans le cadre d’une mobilisation de l’Ecole sur ses valeurs et ses savoir faire. C’est aussi une différence avec les plans précédents.
François Jarraud
Le programme du colloque
http://www.edgarquinet.fr/delia-CMS/institut_edgar_quinet/[…]
Le rapport du CNN
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Le plan Fourgous
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Le plan e-educ
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