Par Françoise Solliec
Comment repenser les relations entre virtuel et présentiel ? Comment mettre les ressources existantes à disposition des élèves ? Comment gérer les communautés numériques éducatives ? Le CNDP, la Dgesco se sont posé ces questions lors de la seconde journée de l’ORME 2012.
La veille, Gérard Puimatto, directeur adjoint du CRDP d’Aix-Marseille avait, au séminaire national d’accompagnement du plan numérique, brossé un rapide tableau des types de ressources, notamment de celles dites gratuites.
Il y a d’abord celles offertes par Google, dit-il, qui ne fournissent pas nécessairement de réponses aux questions posées et nécessitent des compétences non triviales pour être correctement identifiées. Il ya les ressources éditoriales, peu visibles et souvent peu adaptées, qui n’ouvrent pas réellement les pratiques. Il y a, en parallèle, des schémas de diffusion (gratuit/payant, privé/public, libre ou non) qui ne facilitent pas leur approche.
Il n’est pas simple non plus de savoir ce qu’est une ressource numérique éditoriale. Les juristes qualifient d’éditeur une personne morale prenant des engagement de responsabilité et de qualité dans la diffusion des contenus. L’élaboration du catalague Corredu a permis d’identifier une petite cinquantaine de diffuseurs dans le domaine du gratuit, en général des associations ayant inscrit cette mission dans leurs statuts. Les ressources proposées sont très insuffisantes dans nombre de domaines, moins dans d’autres comme la maîtrise de la langue. Il n’est cependant pas simple de faire ce recensement car beaucoup d’enseignants refusent la responsabilité éditoriale ou préfèrent diffuser des contenus hors ligne.
Pour Jean-Marc Merriaux, directeur du CNDP, intervenant le 21 mars à l’ouverture du colloque, il est temps, pour développer l’utilisation des ressources numériques, de repenser leur pertinence, leur mode de création et leur diffusion. Le CNDP représente avec son réseau (31 CRDP, une centaine de CDDP) une formidable force dans le système éducatif français et dispose d’un maillage qui lui permet d’être au plus près des attentes des enseignants. Selon lui, le CNDP est bien placé pour faire le lien entre tradition et modernité et intégrer dans le travail quotidien l’innovation dont l’éducation est porteuse.
Comment repenser les relations entre virtuel et présentiel ? Comment mettre les ressources existantes à disposition des élèves ? Le réseau Sceren mène un travail de fond sur l’identification des ressources et l’accès à une connaissance délmultipliée. Jean-Marc Merriaux souhaite le positionner aussi comme éditeur de ressources.
Alors que de nombreux enseignants eux-mêmes sont producteurs de ressources multisupports, comment gérer les communautés, se demande-t-il ? En particulier, comment gérer cette communauté née des rencontres de l’Orme ?
Le CNDP a aussi une mission de formation, affirme son directeur, tant en initiale que tout au long de la vie. Elle va encore être renforcée par la Dgesco et couvrir la formation en ligne, avec le développement du dispositif Pairform@nce.
Le marché de la ressource numérique en éducation n’est pas encore structuré, affirme Jean-Marc Merriaux. Le CNDP a là un rôle à jouer en contribuant à des partenariats et en associant des contenus à des services, services qui formeront une part essentielle de la demande des enseignants demain.
Pour Jacques Papadopoulos, directeur du CRDP d’Aix-Marseille, les rencontres de l’Orme sont l’expression d’une politique volontariste de l’Etat, des collectivités et du réseau Scéren. Le choix de faire porter la thématique du colloque de cette année sur les ressources numériques est en parfaite cohérence avec le plan Dune (développement du numérique à l’école) et l’existence d’un catalogue chèques ressources, CCR, pour le 1er degré. L’académie d’Aix-Marseile, avec Correlyce et Courdecol13, a en effet une longue expérience en matière de mise à disposition de ressources pertinentes pour l’éducation qui lui a valu d’être dans les académies retenues dans la première phase d’attribution de chèques ressources numériques aux écoles.
Plus de 3 500 ressources sont inventoriées dans le CCR, de taille et de nature très diverses, déclare. Jacques Papadopoulos. Par ailleurs on trouve sur Youtube ou sur les blogs des enseignants, de nombreuses ressources brutes qui ont, pense-t-il, sans doute besoin d’être didactisées.
Selon lui, ces ressources, quels que soient leur niveau et leur discipline, peuvent être classées en 3 groupes :
des ressources institutionnelles ;
des ressources éditoriales, gratuites ou payantes ;
des ressources mutualisées, créées par des enseignants dans des espaces de travail collaboratif.
Rest ensuite pour l’enseignant à intégrer ces ressources dans une séquence, ce qui n’est pas simple !
Brigitte Jauffret, conseillère du recteur d’Aix-Marseille pour les TICE, insiste aussi sur le caractère partenarial de cette manifestation. La collaboration fructueuse avec les collectivités, les CRDP, les autres services académiques, etc. font de ces rencontres un moment privilégié et incontournable.
Le projet présenté pour Dune par Aix-Marseille est un reflet du projet de l’académie, précise-t-elle. Il s’agit de confronter l’intégration du numérique aux pratiques quotidiennes afin de développer les compétences des élèves. Il s’agit aussi d’améliorer la communication entre les différents membres de la communauté, par la mise en place d’ENT. Ce projet est soutenu et porté par toute la famille numérique » de l’académie. Il est doté d’un comité de pilotage académique, décliné en comités départementaux et en comités de circonscription ou d’établissements.
Ce souci de proximité se retrouve dans l’existence systématique d’annexes spécifiques établissements dans les conventions cadre qui lient académies et collectivités. Il se retrouve aussi dans l’organisation du plan de formation qui prévoit de dispenser des formations au plus près des établissements. Il donne enfin lieu à une évaluation des usages, au moyen d’un questionnaire distribué à grande échelle aux enseignants.
Jean-Michel Blanquer, directeur de la Dgesco, n’a pu participer physiquement à l’ouverture du colloque, mais a souhaité s’y exprimer grâce à une vidéo enregistrée la veille, lors de son passage au séminaire national et à la réunion des directeurs de CRDP.
Le système éducatif français est, selon lui, dans une situation favorable pour conduire la révolution du numérique, qui doit se poursuivre et s’intensifier. La mission de transmission des savoirs va prendre de nouvelles formes et sera mieux partagée, notamment dans le domaine de la maîtrise du langage, les langues vivantes, l’évolution des sciences. Le plan numérique est un myen de créer l’écosystème qui permettra de canaliser les énergies et d’impulser ue dynamique cohérente. Une nouvelle phase de formation est décidée et des moyens spécifiques seront délégués aux académies.
Le grand emprunt est un autre élément structurant du contexte. Un nouvel appel d’offres se met en place.
Tout enseignant doit avoir un environnement numérique déclare Jean-Michel Blanquer. Celui-ci doit couvrir sa carrière (I-prof), sonétablissement ( ENT), mais aussi sa vie pédagogique (ressources).
Tout élève doit avoir un cartable numérique : des expérimentations sont en cours avec les tablettes ou autres outils et les manuels numériques.
Le système éducatif doit intégrer cette dimension 2.0 de l’interactivité et de la collaboration : c’est un enjeu fondamental, conclut Jean-Michel Blanquer.
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