Va-t-on
vers une pénurie d’enseignants ? Certes, la situation en France, où les
enseignants bénéficient du recrutement comme fonctionnaire, n’est sans
doute pas comparable avec celle d’autres pays où les conditions
d’emploi sont plus précaires. Mais la dernière livraison de l’agence de
l’Union Européenne Eurydice livre quelques éléments inquiétants, dont certains repris d’études antérieures. Nombre de pays n’arrivent que très difficilement à recruter des enseignants, notamment dans les matière scientifiques, mais aussi pour l’enseignement de la langue maternelle (Belgique, Allemagne, Hollande, Royaume-Uni…)
Une bonne part des pays d’Europe cherche à enrayer les difficultés de
recrutements en augmentant les salaires des enseignants. Deux pays font
exception : la Grèce et… la France, qui ont laissé se dégrader le
pouvoir d’achat de leurs enseignants.
Il
est cependant paradoxal de constater que l’Union Européenne cherche à
compenser la baisse de l’attractivité des métiers de l’enseignement
sans chercher à en comprendre les causes… Pourtant, ses données
fournissent des hypothèses plausibles. Ainsi, alors que les
technocrates vantent le recours de plus en plus fréquent aux
« indicateurs qualité », en renforçant la pression évaluative, pourquoi
ne citent-ils pas en exemple la si célèbre Finlande, dont les résultats
sont si souvent vantés, mais qui n’use pas d’évaluations externes pour
piloter l’enseignement, comme le montre la carte ci-dessous ? Pourquoi
ne précise-t-ils pas qu’on pourrait chercher des liens entre la
précarité grandissante de ces métiers et leur faible attractivité, dans
les pays où les enseignants sont des contractuels ?