Par François Jarraud
Alors que le candidat président a repris à son compte l’idée d’une heure de sport par jour dans le système éducatif, le Snep constate que la situation de l’éducation physique se dégrade. Le 16 février, il a annoncé son intention d’interpeller les candidats aux élections.
« On ne veut pas rester au bilan, on va faire des propositions ». Le 16 février, Serge Chabrol, secrétaire général du Snep, le syndicat largement dominant des professeurs d’éducation physique (84% des voix !) a fait les deux. Alors que Nicolas Sarkozy a repris une recommandation du rapport Lecou, celle d’une heure de sport par jour de classe, le Snep constate une net recul de l’éducation physique à l’Ecole. Depuis 2004, le nombre de professeurs d’Eps a diminué de 13%. Les remplaçants ont disparu dans plusieurs académies. Les rectorats embauchent des précaires, environ 2500, ou n’assurent pas les enseignements obligatoires, particulièrement en lycée professionnel. Presque la moitié des établissements ont connu une baisse de moyens en EPS à la rentrée. L’alourdissement des effectifs pose des problèmes de sécurité pour certaines pratiques comme l’escalade ou la natation. Celle-ci a disparu d’un établissement sur cinq. Des mouvements ont lieu dans de nombreux établissements et le Snep a diffusé un « kit DHG » pour aider les enseignants sur le terrain. Il diffuse un « Livre noir / Livre blanc » qui fait l’analyse des difficultés actuelles et 22 propositions pour développer l’EPS. Alors le Snep ne croit pas dans les promesses de N Sarkozy, d’autant que les mêmes propos avaient été tenus en 2007…
Pour le Snep, le rapport du député UMP Lecou confond sport et éducation physique. » On craint que ce ne soit volontaire avec l’idée que le mouvement sportif s’occupe davantage du sport dans l’école », nous dit S Chabrol. » On n’est pas contre les partenariats et les liens avec les associations sportives mais on tient a ce que l’EPS soit de la responsabilité des seuls enseignants d’EPS et que le sport extra scolaire reste de la responsabilité des fédérations ». Pour le Snep, le rapport a une vision transdisciplinaire de l’EPS qui n’est jamais vue comme « un travail sur la culture ». La suppression du cadre départemental pour le sport scolaire semble irréaliste au Snep puisque c’est à ce niveau que tout s’organise.
Le Snep aura l’occasion de défendre sa conception du métier. Il organise les 30et 31 mars, à Créteil, le colloque « Sport demain, enjeu citoyen ». « L’objectif c’est de comprendre le sport et son appétit vers le scolaire ». Le colloque devrait mettre au clair les rapports entre éducation physique et sport et sport scolaire. Pour y voir plus clair, le Snep invite la paléoanthropologue Pascal Picq, des sociologues, des historiens, géographes, philosophes et aussi les responsables des grandes associations sportives. « On voit bien que pour le président le sport est porteur de valeurs par essence. Nous on pense qu’il peut être dévoyé (par exemple le phénomène du dopage ) et qu’il n’est porteur de valeurs que si des éducateurs les transmettent. Pour cela le sport ne doit pas être aux seules mains des marchands ». Il y faudra sans doute plus d’un congrès.
François Jarraud
Sur le rapport Lecou