Par François Jarraud
Ouvertes par un hommage à Jacqueline de Romilly, les Rencontres autour des langues et cultures de l’antiquité organisées par le Dgesco le 31 janvier, n’ont pu échapper à l’évocation du déclin et de la disparition de cet enseignement. C’est pourtant un appel à la refondation qu’a voulu faire passer le ministre. Mais comment faire quand les rectorats raclent les fonds de tiroir et tirent sur les options ?
« Je tiens à ce que le latin et le grec se maintiennent dans notre école pour que nos enfants sachent d’où nous venons ». En ouvrant les Rencontres, Luc Chatel, dont c’est la première apparition publique depuis le décès de sa femme, a voulu convaincre les participants, plus d’une centaine de cadres et enseignants, de l’importance qu’il accorde aux cultures antiques dans l’enseignement.
Un déclin continu. C’est que la situation devient critique. Actuellement près de 170 000 collégiens découvrent les langues anciennes en 5ème. Ils ne sont plus que 123 000 en troisième et seulement 26 000 en seconde. Depuis 1996, la part des élèves choisissant cet enseignement est passée de 26 à 22% en cinquième, de 10 à 5% en seconde. Un choix qui n’échappe pas à l’élitisme. Cet enseignement est presque absent des lycées professionnels. Récemment les parents ont découvert que le choix du latin en seconde facilitait l’accès aux premières S…
Diagnostic ministériel et renouveau. « Nous souffrons aujourd’hui d’une organisation scolaire délicate : des enseignements de fin de journée, l’interprétation erronée des textes, des a priori négatifs, une époque utilitariste » explique Luc Chatel. Il aurait pu ajouter des consignes rectorales puisque dans certaines académies, les recteurs comptent réduire les options pour absorber les suppressions de postes. Le ministre n’a fait aucune annonce concrète sur ce terrain. Il a appelé à refonder ces enseignements. « Pour remédier efficacement à l’érosion, il faut repenser notre pédagogie », a-t-il déclaré, invitant les participants à « garder confiance ».
Interrogé par le Café, Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, veut faire évoluer les contenus proposés aux élèves. Le ministère a lancé un prix Jacqueline de Romilly. Il va encourager l’innovation et le développement de ressources numériques. Le ministère a la « volonté particulière » d’implanter les langues anciennes en zep. JM Blanquer pouvait donner un exemple : l’enseignement des langues de la Méditerranée au collège Pyramide à Lieusaint, où les langues anciennes rejoignent des langues vivantes méditerranéennes.
Cette image de renouveau se retrouve dans les Rencontres qui se poursuivent le 1er février. Les participants pourront écouter de nombreux universitaires. Le 31 janvier, les enseignants doivent choisir entre des ateliers sur les liens entre enseignement des langues anciennes et enseignement du français, des langues vivantes et du monde contemporain. Le 1er février un atelier sur le numérique est ouvert.
François Jarraud
Liens
Le programme des Rencontres
http://www.eduscol.education.fr/pid26171/rencontres-langue[…]
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