Par François Jarraud
Cela ne s’était pas fait depuis 10 ans. Répondant aux sollicitations des associations de parents d’élèves, Luc Chatel a annoncé à la presse le 7 octobre 2010 le lancement d’une campagne de sensibilisation des parents d’élèves pour les inciter à voter les 15 et 16 octobre prochains. Le dernier ministre à avoir organisé une campagne de ce type est Jack Lang en 2001.
C’est en présence des représentants nationaux des associations, Jean-Jacques Hazan pour la FCPE, Philippe Vrand pour la PEEP et Béatrice Chesnel pour l’UNAAPE (associations autonomes de parents d’élèves) que Luc Chatel a présenté la campagne, presse et radio, financée par le ministère, qui se déroulera la semaine prochaine.
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Hazan : » Si on veut améliorer les relations entre parents et institution scolaire, il faut que le dialogue serve et que les gens constatent le changement »
Alors que le ministère de l’éducation nationale lance, pour la première fois depuis 10 ans, une campagne pour les élections des représentants des parents d’élèves, Jean-Jacques Hazan, président de la première fédération de parents, la FCPE, nous confie sa satisfaction, ses regrets et aussi les ambitions de la FCPE pour les mois à venir.
Le ministère lance une campagne de promotion des élections de représentants des parents. C’est quelque chose qui ne s’était pas fait les années dernières. Etes vous satisfait ?
Evidemment nous sommes satisfaits. La FCPE le demandait depuis longtemps, depuis sa disparition après le départ de Jack Lang du ministère il y a10 ans. Alors on ne va pas cacher notre plaisir. Mais que le ministère fasse la promotion d’élections qui servent à alimenter ses structures, comme les conseils d’école, finalement c’est simplement normal. On demande au ministère de faire son travail : une campagne de promotion des élections et aussi une publication rapide des résultats… Après tout les élections des représentants des parents d’élèves c’est 20 millions d’électeurs potentiels. C’est beaucoup plus que certaines élections politiques qui bénéficient de campagnes officielles ! Maintenant il ne s’agit pas seulement de promouvoir les élections mais aussi de reconnaître la place des parents dans l’école.
Qu’en attendez vous ? Pensez vous que cela puisse amener les parents des milieux populaires ou d’origine étrangère à participer davantage ?
Je ne sais pas. Sans doute va-t-on augmenter le taux de participation. Mais je ne suis pas sur que ça touche les personnes les plus éloignées de l’école. Ce n’est pas la publicité qui comblera le fossé entre les parents et l’école. Cette campagne est une base de départ, pas un aboutissement. Pour changer réellement les choses il faudrait des relations plus suivies entre les parents et l’école, que la confiance se construise, que les rapports se transforment. Si on veut améliorer les relations entre parents et institution scolaire, il faut que le dialogue serve et que les gens constatent le changement. Il faut qu’ils voient que leur parole est prise en compte effectivement.
Comment se passe la préparation des élections cette année ? Il y a-t-il encore des difficultés ou des oppositions locales ?
Oui il y a exactement les problèmes habituels. Par exemple, en Picardie, un collège où la principale a entrepris de composer elle-même les listes de candidats. Un établissement en Lorraine où le chef d’établissement interdit les réunions. Et puis il y a les questions bien connues qui suivent l’élection. Celle des horaires des réunions par exemple.
Luc Chatel a aussi lancé la Mallette des parents. Quel regard jetez vous sur cette initiative ?
On n’a pas beaucoup de recul pour en parler. Le concept est bon. Trois réunions de parents dans un établissement c’est mieux que zéro. Mais intégrer les parents dans l’école suppose autre chose. Il faut construire d’autres rapports. Ne pas voir les parents que pour leur donner de mauvaises nouvelles. Leur expliquer ce qu’on attend d’eux et aussi écouter ce qu’ils attendent de l’école. Pour le moment on est un peu sceptique à propos de la mallette. On craint que ça devienne un gadget utilisé une seule fois…
Luc Chatel prend il assez en considération les parents dans le fonctionnement du système éducatif ?
D’une façon générale on peut dire que le ministère ne prend pas assez en considération la parole des parents. On le voit bien au CSE (Conseil supérieur de l’éducation). Le ministère écoute mais ne suit pas. On l’a vu par exemple sur la formation des enseignants ou les Rased…
Sur quels points souhaitez vous voir l’influence des parents renforcée ?
Il y des points sur lesquels on voudrait que les choses évoluent. C’est le cas par exemple du bien être à l’école, des conditions matérielles des élèves, des cartables. On peut encore citer la question des remplaçants, une question qui ne concerne que nous. La future circulaire mentionne la « précoccupation des parents ». Mais on voudrait plus d’information et de transparence sur ce sujet. Sur tous ces sujets, la Fcpe ne lâchera pas. Bien au contraire on va continuer à mener l’offensive.
Jean-Jacques Hazan
Président de la FCPE
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