Par François Jarraud
C’est la rentrée et les livres sur l’Ecole sont nombreux. Voilà la sélection du Café.
L’apprentissage de la lecture – Revue de l’ANAE
L’ANAE propose une approche neuropsychologique des apprentissages et sa revue publie des travaux de psychologue sou de cognitivistes. C’est sous cet éclairage que le numéro 107-108 propose une importante synthèse sur l’apprentissage de la lecture qui fait le point des connaissances sur ce sujet.
Une première partie regroupe 9 contributions qui font le point sur les mécanismes mis en œuvre dans l’identification des mots et leur relation aux troubles de lecture. Il y est question de la sensibilité phonologique, de la conscience morphologique et même de l’orthographe. Ainsi N CHaves, ML Bosse et P Largy montrent que le traitement visuel du mot entier favorise la mémorisation de l’orthographe. D’autres travaux mettent l’accent sur la mémoire de l’ordre et l’apprentissage implicite.
Une deuxième partie est consacrée à l’apport des technologies numériques à l’apprentissage de la lecture. Les articles mesurent l’efficacité de plusieurs logiciels d’aide à la lecture. ON a ainsi un numéro qui interpelle les enseignants par les éclairages qu’il apporte sur les apprentissages fondamentaux.
ANAE, n°107-108, mai juin 2010.
Le sommaire
http://anae-revue.over-blog.com/pages/anae-n-107-10[…]
Ecole et démocratie
« Ce ne sont pas les enseignants mais l’Etat qui est responsable du fait que nous ayons 4 fois plus d’élèves en difficulté que les pays qui ont su conduire de spolitiques éducatives plus équitables ». L »administration de l’éducation nationale est bien connue de Daniel Bloch, créateur du bac pro, recteur, et président du haut comité éducation économie.
Son diagnostic sur l’éducation vue de haut est évidemment éclairé. Il nous dit qu’on est loin de pouvoir atteindre l’objectif de 50% de diplomés du supérieur que l’Europe s’est fixé. Pour que ça change il n’hésite pas à prôner une redistribution des moyens au bénéfice de la maternelle et du primaire. Il est tout aussi bine avisé quand il demande de « la cohérence dans l’action locale » alors que la décentralisation a crée un certain désordre.
Bardé de staistiques, fruit d’une connaissance du système, l’ouvrage est moins convaincant quand il descend dans la classe et fait la promotion d’une méthode pédagogique unique. Grand technicien de l’Ecole, Daniel Bloch nous offre un ouvrage qui domine le sujet et présente un point de vue remarquable sur a côte.
Daniel Bloch, Ecole et démocratie, PUG, 128 pages.
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/societe/chat/2010/01/20/ecole-c[…]
L’ENT vecteur de recomposition de l’espace scolaire
A lire dans Ecole numérique n°4, une publication du Cndp, un intéressant dossier sur les ENT. Et d’abord l’article de l’inspecteur général Alain Séré. Pour luila mise en place des ENT transforme l’espace scolaire en réseau interactif et fait évoluer la nature même des établissements. D’où une réflexion sur le pilotage qui doit se faire au plus proche de l’établissement. A lire également l’article de Jean-François Cerisier qui revient sur les choix induits par les ENT. « Les choix de conception des ENT dont il faut rappeler qu’ils n’ont à priori pas été effectués par les usagers , fournissent des orientations propres non seulement à l’organisation et à la conduite concrètes des activités scolaires, mais aussi à l’instauration et au respect d’une forme scolaire particulière. En quelque sorte, c’est une vision de l’école qui est livrée clés en main ». Une réflexion bienvenue et qui a été entendue par les concepteurs de Lilie,l’ent francilien, pour qui l’accompagnement sur le terrain dès la conception de l’ENT est une priorité.
L’école numérique
http://ecolenumerique.cndp.fr/
Le dossier du Café sur Lilie, l’ENT francilien
http://cafepedagogique.net/regionales/Francilien/Pa[…]
Le rôle pédagogique du chef d’établissement
Le chef d’établissement est-il un manager ou un expert en pédagogie ? Sans doute ni l’un ni l’autre, diraient Donatelle POintereau et Yves de Saint-Do qui signent cet ouvrage sur le rôle pédagogique du chef d’établissement.
Ecrit dans une langue limpide, construit selon un plan simple (l’action dans l’établissement, dans la classe, le projet d’établissement etc.), l’ouvrage veut promouvoir l’action pédagogique. En tous cas il aidera les chefs d’établissement à ne pas abandonner leur rôle d’animateur pédagogique.
Pour les auteurs, « le chef d’établissement est un organisateur, un médiateur, un décideur : il doit faire fonctionner l’énorme structure humaine que constitue l’établissement, gérer les crises, créer et diffuser une culture commune, porter une vision stratégique. Dans un contexte scolaire en mutation, de nouvelles missions lui reviennent : assurer une vision stratégique des objectifs pédagogiques, élaborer des diagnostics internes de l’établissement et des besoins des élèves, dépasser les turbulences… » Le rôle éducatif et pédagogique est au coeur de ces missions.
Pointereau et Saint-Do, Le rôle pédagogique du chef d’établissement, Berger Levrault, Paris, 11ème , 232 pages.
Deux siècles de baccalauréat
« Il est à la mode de dire du mal de cet examen », déclare un député à la tribune. « Les élèves le trouvent trop fort, les professeurs le trouvent trop faible. Il inquiète ceux qui le passent, il ennuie ceux qui le font passer ». Ces quelques mots ne datent pas de cet été mais de 1898. C’est dire que les réflexions et les interrogations sur le baccalauréat ont une histoire et c’est celle-ci que nous fait découvrir l’ouvrage « Le baccalauréat 1808-2008 » publié par La revue du Nord et l’INRP. Il s’agit en fait de la publication des actes d’un colloque organisé à Lille par l’INRP du 14 au 16 mai 2008.
Pourtant le bac a connu de nombreuses réformes depuis sa création et plusieurs articles en présentent les étapes (1840, 1881, 1902 pour ne citer que les grandes réformes) ou analysent des dispositifs récents comme la mise en place du bac professionnel, par son « père » Daniel Bloch, ou l’évolution des épreuves de langues régionales (Youenn Michel). Dans ces évolutions récentes on lira aussi avec intérêt l’évolution du bac dans l’Algérie coloniale et surtout post-coloniale où l’examen marque la quête identitaire et les crises de régime en Algérie (Abderrahmane Rebah).
Si l’essentiel de l’ouvrage est tourné vers le premier siècle du bac, cela éclaire singulièrement les problématiques très actuelles autour de cet examen. Car de fait toutes les interrogations sur cet examen sont déjà posées avant la première guerre mondiale. Ainsi la question de la fraude fait l’objet d’un passionnant article de Philippe Marchand qui en montre les techniques déjà bien sophistiquées et le moteur : l’importance qu’a pris cet examen pour le stratégies individuelles et familiales. La fin du 19ème siècle est aussi marquée par des contestations politiques du bac auxquelles renvoie cette année la querelle sur les œuvres de de Gaulle au bac de français ou sur certaine épreuve de SVT il y a peu. Ainsi en 1892 le choix de Valmy et de Zola pour des sujets de composition est jugé scandaleux. En 1897 c’est pire. D’abord Voltaire se retrouve dans les sujets ce qui choque la France conservatrice et catholique empêtrée dans l’Affaire Dreyfus. Enfin le choix de la version latine horrifie les bien pensants : il s’agit d’un texte de Sénèque le Tragique où Phèdre avoue son amour à son beau fils… Quelques années avant, en 1890, tout un débat avait eu lieu sur le bac « loterie » et la sévérité relative des jurys (article de Jean-François Condette).
Le bac serait-il hors du temps ? Il revient à Antoine Prost de conclure l’ouvrage par une réflexion qui éclaire ce parcours. « Le baccalauréat conserve une fonction capitale mais qui a profondément changé. De positive elle est devenue négative. Autrefois il sélectionnait, aujourd’hui il exclut. Il fallait l’avoir pour faire partie des gagnants; ne pas l’obtenir définit aujourd’hui les perdants ».
Marchand Philippe (Dir.), Le baccalauréat, 1808-2008. Certification française ou pratique européenne ?, 2010 , INRP et Revue du Nord.
Commander
http://www.inrp.fr/publications/catalogue/web/Notice.p[…]
Faut-il payer les profs au mérite ?
A-t-on besoin de profs méritants ? Améliore-t-on l’efficacité de l’enseignement en haussant la paye à travers une reconnaissance de qualification ? Ces récompenses versées aux profs les plus méritants sont-elles susceptibles de faire progresser les élèves ?
La question n’est pas nouvelle mais elle renvoie à un débat politique bien présent. Une nouvelle étude publiée par l’IZA (Institute for Economic Research Munich) analyse les résultats des élèves aux tests PISA de maths et de lecture.
Pour Ludger Woessmann, la réponse à la question est positive. Oui les pays qui pratiquent la paye au mérite ont des résultats significativement meilleurs que les autres. Ainsi au test de maths de PISA, ils gagnent 25 points par raport aux autres. L’écart est identique en lecture.
Mais cela n’explique pas réellement le phénomène. Comment se fait-il que changer la paye du prof influe sur le niveau des élèves ? Est-ce parce que les profs sont plus motivés ou qu’ils peuvent être recrutés un niveau plus élevé ? Estce vraiment la paye du prof qui agit ou le fait que les pays qui utilisent ces super payes ont un niveau économique supérieur aux autres ? La conclusion est prudente : « De nouveaux travaux sont nécessaires pour identifier la relation qui sous-tend cette relation ».
Etude IZA
Faut-il payer les profs au mérite ?
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Guid[…]
Comment évaluer l’impact des TIC en éducation ?
« Malgré une décade d’investissement important dans les TIC pour l’éducation dans les pays de l’OCDE et leur utilisation croissante dans les pays en voie de développement, il reste encore des manques dans nos connaissances ». Cette étude de l’OCDE et de la Commission européenne tente de définir des indicateurs pour évaluer l’impact des TIC en éducation. Or ce n’est pas évident. Par exemple, à Hong Kong, alors qu’un très fort investissement dans les TIC a eu lieu, les changements dansla pédagogie restent rares. Mais la difficulté première c’est définir les indicateurs qui permettront de mesurer cet impact dans la perspective de la société de l’information.
L’étude
http://browse.oecdbookshop.org/oecd/pdfs/browseit/9609111E.PDF
Atlas des fractures scolaires en France
On analyse souvent les inégalités scolaires sous l’angle des statistiques. C’est une école à plusieurs vitesses que cartographient et présentent Patrice Caro et Rémi Rouault dans leur « Atlas des fractures scolaires en France ». L’ouvrage navigue dans les niveaux scolaires (de la maternelle au lycée) et dans les échelles (du local au mondial).
Alors que la recherche d’économies est en train de peser de façon cruciale sur les territoires, l’ouvrage montre les inégalités scolaires territoriales. Parmi les « bonnes cartes », signalons celle des évaluations de ce2 et 6ème, de la réussite aux examens, des ZUS, des dérogations et ségrégations scolaires. Ajoutons-y celle des rêves de carrière des écoliers. Et posons avec les auteurs la question du devenir de l’école de la République . L’ouvrage dresse le tableau d’une école qui « fonctionne à trois vitesses : une scolarisation à la carte pour ceux dont lesparents ont déjà une position sociale établie, une scolarité acceptable pour le plus grand nombre, et une scolarité par défaut pour les groupes les moins favorisés ».
Patrice Caro et Rémi Rouault, Atlas des fractures scolaires en France, édition Autrement, 2010.
Présentation
http://www.autrement.com/ouvrages.php?ouv=2746713161&P[…]
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