Par François Jarraud
Peut-on résumer une question aussi complexe en 180 pages ? L’AFAE vient de le réussir avec la publication du nouveau numéro de sa revue « Administration et éducation » (n°2010-2).
Dans un espace aussi réduit, l’Afae a su réunir des approches variées et d’excellents auteurs. Ainsi il faut lire Jean-Marc Monteil pour comprendre le poids du contexte sur les apprentissages. Là où les enseignants sont enclins à parler de dons ou de travail, il met en évidence l’importance du vécu scolaire de l’élève et aussi du contexte dans lequel il apprend. « Les performances ne se réaliseraient probablement pas au mépris de l’histoire scolaire de ceux qui les accomplissent ». Après ce premier article réellement éclairant, la revue aborde son objet sous un autre angle. C’est Olivier Houdé qui présente le développement cognitif du cerveau et montre l’importance des inhibitions dans l’apprentissage. C’est le modèle de l’escalier (de Piaget) qui est remis en question. « Se développer c’est non seulement construire et activer des stratégies cognitives nouvelles, comme le pensait Piaget, mais c’est aussi apprendre à inhiber des stratégies qui entrent en compétition dans le cerveau… Ce qui peut faire défaut à un élève ce n’est pas seulement une notion mais l’incapacité d’inhiber une autre notion déclenchée par un élément trompeur ». Puis c’est Gaëtane Chapelle qui apporte à son tour un nouvel éclairage en évoquant le lien entre inégalités sociales et inégalités d’apprentissage, notamment le poids de l’implicite. Face à cette question elle ouvre des pistes : réduire le fossé à grand coup d’enseignement explicite, ou augmenter les ressources des élèves en leur apprenant à gérer leur attention ou encore avoir une politique qui retarde le moment de la compétition. Sylvie Cadolle aborde la question du travail hors la clase et de son importance comme révélateur des difficultés de l’élève. Rien qu’aces ces artickes, que de portes ouvertes !
Mais la revue nous offre encore un autre angle de vue en proposant une table ronde sur les différences d’apprentissage selon les disciplines. Ce qui amène Roger François Gauthier à évoquer les méthodes et à leur apprentissage laissé au gré du hasard. Enfin toute une partie dela revue est dédiés aux TIC. Jonas Erin, Michel Mazaudier et Frédéric Thollon montrent que les TIC interrogent le cœur même des disciplines. Par exemple,en sciences physiques elles permettent de représenter des concepts abstraits par exemple en résolvant de façon interactive des problèmes par la simulation. L’impact des TIC n’est pas à chercher seulement dans l’organisation de l’Ecole il est aussi dans son efficacité. Florian Grenier montre l’apport des serious games aux apprentissages de base comme organiser son travail par exemple.
Bien d ‘autres aspects encore sont à découvrir dans ce petit livre. C’est dire à quel point il est stimulant et éclairant. Car ce large panorama invite les enseignants à aller voir plus loin, à entrer plus avant dans telle ou telle réflexion. On ne peut que les inviter à découvrir cet ouvrage qui nous a vraiment emballé.
Administration et éducation, 2010 n°2, Comment apprennent les élèves ?
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