Par François Jarraud et Jeanne-Claire Fumet
Les nouveaux programmes et le sréactions qu’il inspire
Le nouveau programme de seconde
L’enseignement d’exploration de sciences économiques et sociales en classe de seconde générale et technologique est paru au B.O. du 29 avril 2010.
http://www.education.gouv.fr/cid51332/mene1007270a.html
Pour l’Apses, il y a hold-up sur les sciences sociales
» Alors que la consultation « express » (en 20 jours !) sur le futur programme de première en Sciences Economiques et Sociales s’est achevée mercredi 16 juin, le ministère a déjà transmis, lundi 21 juin, aux membres du Conseil Supérieur de l’Education (CSE) une version « amendée » du programme. Le 1er juillet prochain, elle sera soumise au vote consultatif du CSE. On se demande par quel miracle le groupe d’experts a pu, en quelques jours seulement, étudier sérieusement les critiques nombreuses portées contre le projet initial », interroge l’Apses. L’association dénonce la précipitation et appelle à l’abandon de ce programme.
Mais cette association, qui est nettement représentative des enseignants, pose des questions plus profondes. « En l’absence de prise en compte de ces demandes », déclare l’Apses, « l’APSES se verra contrainte d’appeler au boycott national de ce programme et mettra tout en œuvre pour contraindre le ministère à abandonner ce projet et ainsi sauvegarder la qualité de l’enseignement des sciences sociales au lycée ». Une réforme peut-elle se faire contre les enseignants ? Ceux-ci sont-ils capables de se réapproprier du pouvoir dans les curriculum? Des questions qui intéressent tous les acteurs de l’Ecole…
Communiqué
http://www.apses.org/initiatives-actions/communi[…]
Première : L’Apses maintient la pression
Après le vote favorable du CSE sur le programme de première de SES, l’Apses, association de professeurs de SES, affirme maintenir son opposition à ce programme.
« Un programme ne peut pas être imposé contre l’avis de ceux chargés de le mettre en œuvre », affirme l’Apses, L’association rappelle que « en 10 jours seulement, plus de 1700 enseignants de SES ont signé une pétition demandant le report et la réécriture du projet de programme de première par un nouveau groupe d’experts et dans des délais adaptés. »
L’Apses estime que le projet de programme gouvernemental est mauvais et surtout qu’il est rejeté par une forte majorité d’enseignants. « Dans ces conditions », écrit l’Apses, « le Ministère aurait tort de s’appuyer sur le vote du CSE pour faire passer en force le programme « amendé ». Que le CSE n’ait approuvé le projet de programme qu’à une courte majorité de 2 voix (parmi les 54 présents, 22 ont voté « pour », 20 « contre » et 12 se sont abstenus, sur 97 membres) montre que le Ministère ne peut se prévaloir d’aucun consensus. La répartition des votes ».
Communiqué
http://www.apses.org/initiatives-actions/communiq[…]
Sylvain David : Le retour de l’encyclopédisme
Après la bataille de la seconde, la guerre de la première est déclarée. Le 25 mai Sylvain David, président de l’association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses), démissionnait du groupe d’experts qui rédigeait le programme de SES de première et dénonçait le « sabordage » des SES. Alors que le nouveau programme est publié il explique sa position et présente le programme d’action de l’Apses.
Vous avez parlé de « sabordage » à propos du nouveau programme de SES de première. Qu’est ce qui motive un mot aussi fort ?
Je pense qu’il y a bien une refondation des SES. Ce qui se dessine c’est une interprétation particulière du rapport Guesnerie qui fait du lycée une antichambre des études post bac. On va enseigner les SES comme on enseignait la musique : des gammes et une montée vers les partitions. On oublie les élèves.
C’est un programme élitiste ou inadapté aux élèves ? Socialement discriminant ?
La force de la série ES c’est la large palette d’élèves que l’on y trouve. Là on se recentre sur quelque chose qui va être sélectif, sur l’abstraction au détriment du sens des enseignements. On perd de vue à quoi ils servent.
Un exemple : l’entreprise dans le nouveau programme de première. Au nom d’un apprentissage progressif on ne cherche pas à mobiliser pour cette étude les apports des différentes disciplines. On étudie l’entreprise comme outil de production et c’est seulement à la fin de l’année qu’on revient sur l’entreprise comme organisation. On devrait plutôt croiser les apports disciplinaires pour que les élèves s’interrogent. Concernant l’entreprise on peut l’étudier à travers l’économie et la sociologie. Pourquoi séparer ces domaines d’étude ? Pourquoi ne pas dire aux élèves par exemple que la crise grecque, qui est « économique », est aussi liée au calendrier politique allemand ? Les nouveaux programmes commencent par un encadré qui présente les approches économique et sociologique. C’est bien. Mais pourquoi ne pas interroger des objets d’étude avec ce double regard ?
Poser l’économie comme une discipline de référence, pourquoi pas. Mais ça doit être un aboutissement pas un démarrage. Notre travail c’est d’amener les élèves vers l’économie pas de leur balancer l’économie comme ça. En fait avec ce nouveau programme ce qui se passe c’est le retour de l’encyclopédisme.
Peut-on dire de ce programme qu’il fait entrer l’université au lycée ?
Il creuse bien un fossé culturel. Si la filière se portait mal, si l’enseignement des SES était déliquescent je comprendrais qu’on procède à une refondation. Mais ce n’est pas ce que je vois. Il y a une volonté de tout remettre à plat qui fait peser un gros risque à la série. On va singer l’université et ce qui le révèle bien c’est l’absence de réflexion sur l’évaluation.
Qu’allez vous faire maintenant ?
On va faire ce qu’on a fait pour le programme de seconde. On va rapidement proposer un projet de programme alternatif et le soumettre avec le programme officiel au débat. On a le temps. On a un an devant nous. Mais il faut dire aussi qu’on va droit à la crise. Les premières réactions montrent que les enseignants sont très remontés contre ce programme.
Vous aviez demandé un horaire plus important, un autre cadre d’enseignement. Où en est cette revendication ?
En seconde on constate que les dédoublements sont rares dans le nouvel enseignement d’exploration. Et effectivement le nouveau programme va imposer une course aux notions au détriment de la mise au travail des élèves. Cela va à rebours de ce qu’il faudrait faire, d’une démarche de mise en recherche qui interroge l’élève.
L’objectif de la réforme du lycée c’était la démocratisation, aider à la réussite des élèves. Cet objectif sera-t-il atteint avec le nouveau programme ?
Non, on passe à coté avec cet enseignement qui pose les bases puis enrichit peu à peu. Moi j’ai envie que l’élève soit questionné sur la société dans laquelle il vit. Ces débats là la réforme les évacue en attendant que l’élève soit plus grand et maitrise bien ses notions. J’aimerais que les sciences de l’éducation prennent la parole sur cette nouvelle démarche que l’on nous impose.
Entretien François Jarraud
Liens
Seconde : Un contre-programme pour mettre les élèves en activités
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2010/NxP[…]
Par la bande on marginalise la sociologie et les sciences politiques et on évacue tout ce qui peut faire débat
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/12/20[…]
Le projet de programme de sciences économiques et sociales en classe de première ES (en consultation jusqu’au 16 juin)
http://media.eduscol.education.fr/file/consultation/88/[…]
Programmes de première : L’Apses claque la porte
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2010/05/2[…]
Une autre lecture du programme P Watrelot
http://philippe-watrelot.blogspot.com/2010/05/projet-d[…]
Deux entretiens avec des enseignants bien différents…
Les S.E.S. sur un air d’opéra
Florence Rebeschini-Aulanier est professeur agrégé de S.E.S et enseigne au lycée Cassini de Clermont de l’Oise. C’est aussi un tempérament ! Pionnière des radios libres, certifiée en arts, option audiovisuelle, elle monte depuis des années, avec beaucoup d’obstination, des projets artistiques en milieu scolaire, persuadée que ce chemin là est justement de ceux qui éduquent. Les films des élèves de son atelier cinéma ont reçu de nombreux prix. Mais c’est son travail qui relie SES et art lyrique qui lui vaut le Grand prix du Forums des enseignants innovants 2010.
C’est une curieuse idée de lier l’art lyrique et les SES. Comment est venue l’idée ?
Comme j’avais emmené une classe au théâtre du Rond Point, à Paris, j’avais reçu des invitations pour le festival Beaumarchais. Cela m’a permis de voir l’opéra » le Terrain Vague » de Benjamin Hamon. C’est un opéra d’une heure qui parle d’exclusion et de lien social. J’ai été très touchée par le thème et la musique, alors qu’à l’époque je ne connaissais pas grand chose à l’art lyrique. J’ai pensé que ce serait vraiment bien que mes élèves voient ce spectacle, pour deux raisons. D’une part il permettait de considérer le problème de l’exclusion d’un oeil neuf, loin de la façon misérabiliste ou culpabilisante que l’on rencontre trop souvent chez les jeunes ( et les moins jeunes !) D’autre part, l’art lyrique est une des pratiques culturelles les plus élitistes, et je trouvais intéressant de le proposer à des élèves venant d’une zone plutôt rurale, en grande partie classée en ZEP.
J’ai donc décidé de contacter la compagnie Pocket lyrique, afin de voir s’il était possible de travailler ensemble. En effet, une sensibilisation des élèves est souhaitable, avant de leur montrer un opéra. Les artistes sont venus dans ma classe, ont expliqué leur démarche, ça s’est très bien passé. La classe est allée voir l’opéra à Paris, et la plupart des élèves a adoré, beaucoup essayaient de chanter dans le bus. Une fille m’a dit » je ressens beaucoup d’émotion, c’est vraiment mieux qu’à la tv ! » Cela m’a donné envie de continuer.
Je me suis rendue compte que le fait d’apprécier l’art lyrique alors même que beaucoup de lycéens pensent spontanément que c’est » ringard » les plaçait dans une posture intellectuelle intéressante, les amenant à reconsidérer leurs idées reçues. Or c’est précisément une des raisons d’être des SES : analyser les idées toutes faites, les interroger, les confronter au réel, aux études économiques et sociologiques pour finir par se forger sa propre idée de citoyen éclairé. L’idée m’est alors venue de les faire travailler en liant recherche en SES et création musicale. Trouver sa voix ( soprano, alto, tenor ..), trouver sa voie ( libéral, keynésien, marxiste ..) … Etre vraiment soi, en somme.
Quels thèmes du programme peuvent être utilisés pour cet exercice ?
En première, le programme d’ECJS sur les droits et les devoirs du citoyen offre de nombreuses possibilités. Mais le programme de SES ( tel qu’il est actuellement, car malheureusement, le programme prévu pour la réforme, qui nous propose d’enseigner 170 notions en 170 heures, avec une large place pour la micro économie, ne permettra plus rien de ce genre), offre lui aussi de multiples possibilités : les catégories socio-professionnelles, qui se caractérisent par des pratiques culturelles différentes ( thème de l’opéra numéro 2 de Benjamin Hamon, Damya, que les élèves ont également vu), le contrôle social ( » le terrain vague »), Culture, sous culture et accultuation( » Kiu, un conte picard » ), le rapport aux media, la monnaie …
En Terminale, nous avons aussi travaillé la notion de classe ouvrière ( déjà évoquée en première), liée avec la mobilité sociale, et le thème des inégalités ( y compris de genre) .
Benjamin Hamon, le compositeur auteur qui travaille avec nous, a un bac B : je ne sais pas si cela explique tout ( sourire), mais le fait est que les thèmes de ses opéras sont très liés aux SES !
Que font exactement les élèves ?
Il y a plusieurs aspects : un travail de recherche très classique en SES, qui se fait en cours ( recherche de statistiques, de théories, etc), qui donne lieu à un travail d’écriture, pouvant se faire en lien avec le professeur de lettres ( cela a été le cas pour le premier court opéra » Gisèle Simon », après rencontre avec des personnes âgées en maison de retraite). La phase d’écriture est importante, car elle permet aux élèves de s’approprier la problématique, tout en étant obligés d’être compris par les autres, puisque le résultat final sera un spectacle ou un film.
Puis un travail plus artistique ; après sélection en classe du ou des textes retenus (généralement, ça se passe très bien, il y a souvent 5 ou 6 » scénaristes » pour une classe de 35), répartition des rôles. Un élève volontaire est chargé du casting. Là aussi, on voit apparaître des talents qu’on ne soupçonnait pas, des techniciens, informaticiens, costumiers , chanteurs …
Ensuite, les élèves chanteurs se débrouillent pour trouver des créneaux hors temps scolaire afin de répéter avec le maitre de chant de la compagnie, qui par ailleurs est prof de musique en collège, Joël Vancraeynest. Beaucoup de lycéens l’ont eu au collège et étaient ravis de le retrouver.
Les danseurs ( pour le film » le Bon Accueil ») ont travaillé dans le cadre de l’AS tous les mardis soirs avec leur professeur d’EPS, Mme Giacalone. Je veille à chaque fois à ce que chacun ait un rôle précis dans le projet. Il y a celui qui gère le blog de travail, le photographe de plateau, les réalisateurs, etc . Ensuite vient le temps de la post synchronisation et du montage, et enfin celui de la rencontre avec le public. Et bien entendu, le tout est ponctué par des séances avec les artistes professionnels.
Tout ceci concerne les terminales. Mais depuis 3 ans, nous travaillons également en école primaire et en collège. En effet, j’ai trouvé un véritable épanouissement professionnel auprès de la compagnie Pocket lyrique. Au bout de 20 ans d’enseignement en lycée, j’avais envie d’aller voir ailleurs comment ça se passait, sans pour autant quitter l’éducation, qui est pour moi une passion.
De plus, nous sommes dans une zone très touchée par la désindustrialisation, où des idées extrémistes rencontrent un certain succès. J’ai un côté Don Quichotte que j’assume ( sourire). Mon objectif est de lutter contre la bêtise, le racisme, le sexisme, l’homophobie, en finesse. Voilà comment j’ai eu l’idée, avec le directeur de la compagnie Pocket lyrique, d’intervenir en école primaire. Nous travaillons dans le cadre de CLEA ou de RAR. J’interviens avec une chanteuse lyrique. Je fais des SES adaptées aux petits, en les faisant parler de leurs représentations sur les immigrés, les femmes, etc, puis je leur propose des grilles d’analyse,des chiffres et des concepts qui leur montrent, par exemple, qu’il n’existe « scientifiquement » qu’une seule race humaine, que les filles ne sont pas par essence » moins douées » que les garçons, etc.
Ensuite, il y a une production collective de textes, avec l’aide du professeur des écoles, et une mise en musique. Puis l’apprentissage du chant lyrique grâce à l’artiste, une rencontre avec le compositeur, les répétitions et le spectacle. Enfin, les élèves rencontrent les personnes âgées au moment des spectacles et échangent puis goûtent avec elles.
Le procédé est à peu près le même au collège, sauf que cela se passe dans le cadre d’un CDDC, et que l’action est plus centrée sur le chant, puisque nous travaillons avec un professeur de musique. Je précise que nous travaillons régulièrement avec des enfants de CLISS et d’UPI, qui sont souvent spécialement sensibles aux voix lyriques.
Mais comment trouvez vous le temps pour ces activités ?
Il faut bien s’organiser. La partie » recherche et écriture » relève du cours. En lycée, tout le reste se fait en dehors du cours. Nous avons tourné le film » le bon accueil » trois dimanches de suite, les chansons étant enregistrées en classe pendant les pauses ou en studio. Nous travaillons aussi sur les pauses déjeuners ou bien le soir.
Lorsque les élèves sont motivés, ils ne regardent pas leur montre. Je pense qu’ils ont conscience de participer à des projets peu courants, ils en sont contents et sont généralement très enthousiastes. Nous avons également un blog » à mot de passe » qui permet d’avancer sur les projets en dehors du temps scolaire, et nous discutons régulièrement sur facebook, que j’utilise quasiment exclusivement de façon professionnelle. En école et au collège, le travail se fait principalement sur le temps scolaire.
Sur le plan personnel, je n’ai pas de décharge pour ces activités, et j’ai bien entendu aussi une vie privée. Mais il se passe souvent de petits miracles dans ces projets, qui donnent beaucoup d’énergie et incitent à continuer. Et j’aime bien l’idée de semer des graines contre l’intolérance : même si la terre est aride, j’ai la main verte ( sourire) et j’arrive à en faire pousser certaines !
Comment faites vous pour la mise en musique ?
Les créations musicales sont de Benjamin Hamon. Si les élèves ont un air en tête lorsqu’ils écrivent un texte, ils le lui chantent et Benjamin l’écrit et l’orchestre, ce qui plait beaucoup aux jeunes. Nous avons également ouvert des ateliers de musique assisée par ordinateur une année, avec un succès moyen car les participants ne maîtrisaient pas le solfège. Il faudrait réessayer en partant des sons.
Les musiques sont parfois jouées par les élèves, surtout au lycée. Les élèves aiment beaucoup l’idée de jouer une musique créée pour eux, je dis souvent en plaisantant que nous sommes l’anti Star Ac !
Quelles retombées sur les savoirs et les savoir faire disciplinaires ?
Les élèves se sont vraiment appropriés les concepts de discrimination, de stigmatisation, de violence symbolique, de pratiques culturelles différentes selon les pcs, d’autant plus qu’ils ont suivi parallèlement au projet une formation avec la fondation Léo Lagrange et ont reçu un diplôme de lycéens ressource anti discrimination, de façon à pouvoir réagir efficacement en cas de discrimination. Le fait qu’un suicide de jeune sur deux serait explicable par des difficultés à assumer une orientation sexuelle particulière me navre, et j’espère ainsi que dans mon lycée, cela se passe mieux. Les notions d’habitus et d’hexis leur sont également beaucoup plus familières, puisqu’elles sont mises en scène dans le projet.
Ils ont également progressé nettement en dissertation : ils ont compris grâce au projet l’importance de la clarté de l’expression, des transitions, etc. En effet, beaucoup ne comprennent pas pourquoi on leur demande de faire une introduction, de soigner les enchainements … Lorsqu’on travaille sur un film ou un spectacle, cela devient limpide : il faut accompagner le lecteur ou le spectateur.
Et enfin, le plus important certainement, ils ont gagné je pense une certaine ouverture d’esprit, l’habitude d’interroger leurs propres certitudes. C’est un point clé des savoir-faire en SES : se poser des questions, savoir les formuler et dépasser les idées reçues. On peut également noter des progrès notables à l’oral. Beaucoup d’élèves apprennent à s’exprimer, prennent confiance en eux, ce qui rejaillit sur l’ensemble de leurs résultats scolaires.
En ce qui concerne les autres disciplines impliquées, on peut noter des progrès notables en musique. Tous les enfants participants arrivent au collège en sachant distinguer les différentes tessitures des voix. Ils prennent également la musique plus au sérieux. Il y a beaucoup de liens à établir entre le projet et les savoirs enseignés à l’école : la respiration ( le diaphragme), les cordes vocales ( nous leur montrons des photos) et les conséquences de la cigarette, la production d’écrit, le respect de l’autre …Enfin, le travail de chorégraphie implique également des liens avec le cours d’EPS, et une grande concentration des élèves. Ce genre de projet permet aussi de percevoir l’intérêt de mener un projet sur 6 ou 7 mois, d’avoir un objectif à moyen terme, ce qui manque à beaucoup d’élèves qui se projettent dans un très court terme.
Quelles réactions des élèves et des parents ?
Beaucoup d’enthousiasme de la part des élèves – récemment, l’un d’eux m’a remercié en me disant » avant d’aller en ES, madame, j’étais un con. Je me moquais des homos, des handicapés … J’étais vraiment un con. Maintenant, les autres me disent que je suis trop un sociologue : je leur dis toujours de prouver ce qu’ils affirment, de rechercher des faits, des chiffres, de se poser des questions ! » On voit aussi des élèves se métamorphoser : une fille très timide et effacée en cours devenir réalisatrice et diriger les autres, une autre se révéler un as en informatique …
En école primaire, nous avons vécu de vrais miracles. Je pense qu’entendre une chanteuse lyrique chanter à quelques mètres de vous est une expérience bouleversante pour beaucoup d’enfants, mais encore plus pour des enfants traumatisés, murés dans le silence. Cette année, une petite fille de 9 ans qui ne parlait jamais aux adultes – ni même à la maîtresse !, s’est soudainement mise à chanter, puis à parler, et a fini par parler seule pendant le spectacle devant 250 personnes !!! Une autre année, nous avons travaillé avec des enfants de nomades sédentarisés, dont certains vivent dans une grande misère culturelle, sans musique. Au début, ils se bouchaient les oreilles, comme s’ils avaient mal, puis se sont décontractés, beaucoup ont pleuré, et à la fin ont demandé » s’il vous plait madame, chantez encore ! »
Nous avons vécu des choses similaires avec les enfants scolarisés en UPI. L’opéra provoque quelque chose de fort sur le plan émotionnel. L’étape suivante, qui est de leur faire trouver leur souffle, puis leur voix, est également très révélatrice. Certains enfants n’ont que 8 ans et sont déjà totalement ‘ noués », il faut faire un gros travail pour les aider à respirer, à gonfler leur ventre, et à sortir leur voix.
On observe -pas toujours mais souvent, de réels progrès pour bon nombre d’élèves, avec qui une meilleure relation enseignant/élèves se noue grâce à ces projets. Et cela rejaillit dans toutes les disciplines.
De plus, comme les « petits » vont chanter au lycée et en maison de retraite, comme les films des lycéens sont projetés en salle et en première partie des opéras, comme les collégiens jouent dans les films ou bien chantent avec les écoliers … Et que l’on est sur un territoire géographique assez restreint, cela crée et renforce beaucoup de liens. Cela fait deux fois qu’un enfant retrouve son arrière grand mère, qu’il ne connaissait pas, à l’occasion d’un spectacle en maison de retraite (car les enfants se présentent en donnant leur nom). Beaucoup d’émotion et de larmes à chaque fois !
Quant aux parents, si certains râlent un peu lorsqu’il faut emmener les enfants tourner un film un dimanche matin, la quasi totalité sont très reconnaissants et contents de voir leurs enfants participer à ces projets. Ils viennent en nombre aux spectacles – ce qui permet par la même occasion de sensibiliser presque toute la ville à l’art lyrique et aux idées humanistes.
Plus surprenant, certains m’ont dit que ces projets leur avaient donné une aisance verbale qui avait favorisé leur réussite au concours d’entrée dans les prépas et écoles de commerce.
Cependant, j’ai observé parfois une petite inquiétude chez les parents issus de la classe populaire. Après chaque spectacle, nous organisons un buffet, offert par les commerçants de la ville, afin que spectateurs et artistes puissent échanger de façon conviviale. J’ai entendu une mère demander à son fils de 9 ans » tu n’aimes pas mieux le rap, vraiment ? » et il a répondu » non, j’aime mieux quand les chanteurs chantent’. Elle avait l’air contrarié, je pense que le fameux » c’est pas pour nous, ça » l’explique en grande partie.
Enfin, les parents sont conscients des conséquences positives sur l’ambiance de la classe de ce type de projet : cela développe la solidarité et la cohésion. Pas de bouc émissaire ou de jeu trop perso, et donc une meilleure progression globale.
Et du coté de l’établissement ?
Au début, franche hostilité de la part d’une partie de l’administration et de certains collègues. C’était nouveau, cela faisait entrer des artistes en salle des profs (méfiance), on entendait chanter dans les couloirs, les élèves étaient enthousiastes … méfiance et bâtons dans les roues ! Il y a même eu une période de harcèlement pour que j’arrête, avec des papiers systématiquement perdus, des coups de téléphone le soir chez moi pour des prétextes étranges ( » oui, la poubelle était à droite du bureau alors qu’elle doit être à gauche, après votre cours .. »), des moqueries de certains collègues. Il faut dire qu’ils avaient déjà du mal à accepter le simple fait que j’ai un cartable à roulettes, alors un projet comme cela, c’était trop !
Heureusement, il y a tout de même eu des soutiens de la part du proviseur et d’autres collègues. Mais les débuts ont été difficiles. Cependant, je savais ce que je voulais faire, je voyais que cela fonctionnait bien avec les élèves, alors j’ai résisté.
Puis nous avons gagné plusieurs prix, deux fois le premier prix du Tremplin Régional des lycéens section cinéma, puis le prix national René Cassin des Droits de l’Homme, ce qui a renforcé les rancoeurs de certains collègues, mais amené d’autres à nous considérer avec une bienveillance nouvelle.
A présent, le projet est accepté par la plupart des membres de l’établissement. Cependant, j’évite de trop en parler, je n’affiche plus les articles des journaux en salle des profs. Je le faisais à titre informatif, mais j’ai fini par comprendre que cela suscitait de la jalousie. Peu de collègues savent pour l’instant que le projet a reçu le grand prix du Forum des Professeurs innovants. La direction de l’établissement est par contre franchement à mes côtés à présent, ce qui facilite nettement les choses, la personne la plus hostile étant partie à la retraite depuis 2 ans.
Quels développements en 2010-2011 ? Le nouvel enseignement d’exploration de seconde va t il faciliter ce détour pédagogique ?
A présent, je suis en train d’essayer de monter une option facultative de cinéma dans mon lycée, encouragée par nos premiers films. J’anime un atelier cinéma au lycée depuis un an, et je viens d’obtenir ma certification en audiovisuel. Cela nous donne un meilleur cadre, on peut plus facilement se retrouver, puisqu’il y a une heure dans l’emploi du temps.
En 2010/2011, nous espérons monter une nouvelle comédie musicale, sur le thème du lien social ( une marotte chez moi, vous l’aurez compris !), où joueraient les écoliers, les collégiens et les lycéens, ainsi que les retraités. En effet, nous voulons monter un atelier de chant en maison de retraite.
Nous avons également une demande pour intervenir en maternelle, sur le thème du respect, et en crêche. C’est nouveau pour nous, mais nous y réfléchissons. En fait, le projet se construit aussi au gré des rencontres et du hasard, et j’aime beaucoup cette dimension. Cela permet d’innover vraiment, d’essayer de nouvelles pistes. Grâce au Forum de Dax, j’ai noué de nouveaux contacts, et il est vraisemblable que cela permettra au projet » l’art lyrique contre les discriminations » de s’implanter ailleurs. Chanter tous ensemble contre l’étroitesse d’esprit … Un rêve !
Le nouvel enseignement exploratoire de SES ne nous permettra plus de faire ce type de projet. Nous perdons une heure par semaine, passant de 2H30 à 1H30. Nous pourrons évaluer les élèves, mais cela ne comptera pas pour le passage … et la sociologie est la grande perdante de la réforme, or, la plupart des thèmes exploités dans ce projet, et qui motive les élèves, lui sont directement liés. Il sera peut-être possible d’imaginer des croisements avec l’accompagnement personnalisé, mais nous perdons la dimension » classe », ainsi que l’hétérogénéité du groupe : les élèves en difficulté n’auront sans doute pas accès à ce type d’accompagnement, alors même qu’il permet parfois de débloquer des situations semblant figées.
En première également, on nous propose d’enseigner avant tout de la micro économie, ce qui n’est pas très chantant.
Je ne suis donc pas du tout certaine que ce type de projet puisse survivre dans le contexte de suppression de postes de professeurs et de reprise en main » libérale » des programmes de SES
Florence Aulanier
Entretien François Jarraud
Un exemple de court opéra :
http://www.dailymotion.com/video/xcyx5q_au-bon-accuei[…]
D’autres courts opéras sont en ligne. Pour les retrouver, tapez « Court Opéra » sur dailymotion
Tenir un blog en S.E.S. : Une expérience qui mène à l’autonomie
Comment aider à développer l’autonomie des élèves ? Pour M. et Mme Lafon, professeurs de SES au lycée Jay de Beaufort de Périgueux (Dordogne), cela passe à travers les TICE. Leur blog accompagne et révèle un projet pédagogique original et puissant.
En couple, ils ont développé un blog de S.E.S. qui se nourrit de leurs nombreuses autres activités pédagogiques qu’il faut sans doute présenter d’abord. Le couple Lafon a monté une classe PEM (projet éducation média ) en première qui collabore avec un journal local (La Dordogne libre). Il participe au groupe de l’académie de Bordeaux qui travaille sur l’usage des TICE dans l’enseignement secondaire, particulièrement sur l’accompagnement du travail des élèves en amont du cours et après la classe (en liaison avec le cours). Ils échangent avec des classes de Djibouti (djiblog) en particulier sur les questions de développement durable. Ils ont également un projet sur les relations sociales et les modes de gestion de l’entreprise avec la signature d’une convention avec le Medef Dordogne (qui a donné lieu à des interventions d’un chef d’entreprise) mais aussi avec l’intervention d’un élu salarié (un syndicaliste Sud) aux Prud’hommes. Ce sont tous ces titres qui se retrouvent dans leur pratique particulière du blog et qui justifie cet article dans le Café.
Votre blog a une dimension de formation aux usages du net qui n’est pas fréquente dans les blogs disciplinaires. Par exemple vous expliquez aux élèves comment créer un site Netvibes. Pourquoi ce souci d’aller au devant des usages des jeunes ?
Nous sommes partis d’un constat nos élèves périgourdins maîtrisent bien en moyenne Facebook mais leur usage du net est très ciblé et ne leur permet pas de bénéficier de la richesse du net .Dans un premier temps nous avons mis en ligne des ressources sur des blogs profs (par niveau) sur lesquels nous travaillons avec les élèves en cours. Mais notre objectif était que les élèves s’approprient le net , aussi nous avons construit avec eux un blog élève : les élèves ont choisi l’hébergeur , défini la charte graphique, le titre, sont rédacteurs et définissent le contenu .
La collaboration avec la Dordogne libre a enrichi le projet puisque en autonomie les élèves gèrent un blog « Nos années lycées » (http://nosanneeslycee.blogs.dordognelibre.fr ) dans lequel ils racontent la vie d’une classe de lycée en marche vers le bac. Les enseignants ont contribué au lancement de la collaboration avec La Dordogne libre mais n’interviennent pas dans la gestion du blog « nos années lycées » qui se fait en dehors du cours. La construction de la page net vibes s’inscrit dans cette logique : fournir aux élèves des outils pour leur permettre de produire leurs ressources
Vous avez aussi une pratique de formation aux médias qu’on découvre avec la revue de presse. Est-ce apprécié par les élèves ?
La page net vibes avait pour objectif aussi de faciliter la production de la revue de presse qui est conçue comme les fiches de lecture pour que les élèves produisent des ressources destinées à d’autres élèves tout en réinvestissant le cours et en l’approfondissant (c’est une revue de presse de SES) . Les élèves apprécient ce travail : ils sont volontaires pour participer à la classe Pem et à la gestion des blogs. Ils s’intègrent dans le journal du lycée. C’est un investissement lourd mais qui leur a permis de se confronter à une rédaction : une journée dans la rédaction d’un média avec la production d’une page par exemple . Le projet nous a permis d’entrer en contact avec le formateur blog de l’IJBA(institut du journalisme de Bordeaux Aquitaine) , une partie des élèves (10 ) vont partir en stage d’une semaine à La Dordogne libre : ce qui peut contribuer à créer des vocations .
Le site propose de nombreuses ressources des corrections de devoir, de la méthodologie. Comment articulez vous cours et blog ? C’est un soutien au cours ? Un support documentaire ? Une mise en bouche ?
L’équipe de SES (3 profs) dispose d’un équipement conséquent ( les 3 salles de SES sont équipées de vidéoprojecteurs et TBI (2) et une salle est équipée de 15 ordinateurs ) . Grâce à cela nous pouvons travailler systématiquement avec les élèves sur les blogs :
– les ressources sont mises en ligne en amont 15 jours avant que la séquence ne soit abordée en cours : un cours complet avec des compléments ( pour s’adapter aux attentes différentes des élèves) est accessible , les élèves travaillent dessus en autonomie
– Des thèmes sont mis en ligne qui correspondent aux éléments clés du cours (points difficiles, notions à approfondir): les élèves travaillent dessus en autonomie et interviennent en cours . Les TD informatiques interviennent en complément
– des exercices de remédiation sont proposés aux élèves en aval, voire sont construits par les élèves ( les élèves de terminale sont entrain d’élaborer des TD sur MOS solo)
Peu d’établissements inscrivent l’auto formation dans leurs enseignements. Comment ça se passe dans votre lycée ?
Le but du projet que nous menons depuis plusieurs années au lycée avec le soutien du proviseur qui nous dégage des heures ( 2 heures par an) est triple :
– Fournir aux élèves des outils qui leur permettent de s’approprier les méthodes et les savoirs : les profs suivent ainsi leur classe de la seconde à la terminale : en seconde les élèves se confrontent au blog prof dédié à la classe de seconde , avec relativement peu d’autonomie au début, puis progressivement ils complètent les cours par des exercices de remédiation ou d’approfondissement. Les blogs profs de première et terminale s’inscrivent dans la même logique en ouvrant de nouvelles possibilités : production de question de synthèse par les élèves qui les corrigent en première , production d’exercices hot potatoes en terminale
– Le deuxième objectif est donc que les élèves produisent et échangent en dehors du cours : ceux de seconde collaborent avec les élèves de la classe de première qui gèrent le blog Savoir en scène .Les élèves de première leur donnent avec le professeur de la classe des consignes sur le contenu et sur la forme des articles qui sont mis en ligne par les élèves de première .Les élèves de terminale de 2009-2010 ont progressivement passé aux élèves de première la gestion du blog. Désormais ils mettent en ligne des ressources qui ont pour but de réviser le bac mais aussi de produire des exercices . La mise en ligne de fiches de test d’exercices, de fiches de lecture , de production de sujets de bacs a pour objectif de mettre les élèves en position de producteurs qui en mettant en ligne leur travail se sentent valorisés mais jugés (cela met la pression disent-ils).
– La gestion du blog est assurée par les élèves qui sont encadrés par les profs , mais ce sont les élèves qui tiennent des conférences de rédaction : 3 rédacteurs proposent des pistes de travail , 3 élèves assurent la mise en ligne et la charte graphique du blog qui évolue au cours de l’année , trois élèves sont chargés par ceux qui écrivent les articles de trouver des photos, des vidéos,etc : une division des tâches est ainsi assurée . Cette année la collaboration avec La Dordogne libre nous a permis de confronter les élèves à des professionnels de la presse qui leurs ont passé des commandes : produire un 4 pages sur les jeunes à Périgueux par exemple . la gestion du blog de La Dordogne libre « nos années lycées » est assurée complètement par les élèves en dehors des cours. Ils ont nommé deux rédacteurs qui sont chargés d’échanger avec la journaliste des blogs (construits sur le modèle du post) et d’organiser la production des élèves.
Bien évidemment pour cela il faut un équipement suffisant ( ce qui n’est pas souvent le cas si je regarde celui dont bénéficie la majeure partie de mes collègues en Dordogne ) et un proviseur qui dégage des heures et accepte que les élèves dans un cadre défini mais avec une certaine liberté produisent et échangent avec des intervenants divers.
Il y a aussi tout une partie ECJS. Il y a t il une utilisation spécifique du blog ou des nouveaux médias dans cet enseignement ?
Tous les cours d’ECJS sont élaborés à partir de l’utilisation des nouveaux médias :
– dans le cadre du projet Pem : élaboration de la charte par les élèves et échange avec les élèves de Djibouti pour confronter les chartes (autre contexte)
– Participation à une conférence sur les nouveaux usages du net avec Y Chapelon ( fondateur du Post)
– Construction en cours d’ecjs d’un sondage sur les pratiques de lecture des lycéens périgourdins ( plus de 400 élèves de LEP, lgt et lycée polyvalent interrogés). Dans le cadre du projet développement durable engagé avec un professeur d’histoire géo, production de diaporama sur le thème de l’eau en seconde et première mis en ligne sur le blog élève
On voit peu de commentaires. Quelle position avez vous vis à vis de leur usage ?
Pas réellement de position. Nous avons peu de commentaires selon nous car les blogs prof sont d’abord conçus pour apporter des ressources à nos élèves (avec lesquels nous communiquons par les outils fournis par le rectorat) et à ceux qui sont intéressés . Les blogs prof n’ont pas l’ambition d’être des blogs de réflexion sur lesquels les réactions des internautes relèvent de l’évidence . De plus, nous n’avons pas fermé les commentaires mais pour qu’ils apparaissent nous devons les valider. Or nous y pensons trop rarement et nous répondons peu : notre ambition est de produire des ressources ou d ‘être des passeurs .
Que pensez vous des outils web2 comme Twitter, Facebook pour les usages éducatifs ?
Nous y sommes très attentifs. Nous échangeons avec le formateur de l’IJBA, M. Bougniol, qui travaille dessus avec ses étudiants. Mais pour le moment nous disposons d’autres moyens d’échange avec nos élèves ( plus institutionnels ). Par contre les blogs élèves ont un lien Facebook . Nous sommes attentistes sur ce point : le lancement d’un blog avec la Dordogne Libre a déja été la source de craintes au lycée : pour que le proviseur donne son accord les élèves qui racontent leur vie de lycéen ont été cadrés par les journalistes et les enseignants du projet. Des collègues craignent que les élèves racontent ce qu’ils font durant leurs cours…
Dans le cadre de la réforme du lycée, pensez vous pouvoir continuer à utiliser le blog l’an prochain en seconde ?
La difficulté principale c’est l’horaire. Les usages du net sont très chronophages. Nous allons continuer mais il est vrai que nous sommes inquiets sur la possibilité de faire produire des ressources par les élèves. Nous avons l’impression que pour les SES il existe un réel décalage entre le discours (les élèves deviennent les acteurs de leur scolarité) et les pratiques qui pourront être mises en oeuvre (un horaire fortement réduit, des classes plus chargées et un programme plus technique) . De plus dans notre lycée nous devrons prendre en charge l’enseignement de l’enseignement d’exploration PFEG !. Les mêmes questions se poseront en première et terminale. Un projet PEM pourra t’il encore être mené dans une première ES ? Le Clemi répond que oui. Nous sommes encore dubitatifs…
M. et Mme Lafon
Entretien : François Jarraud
Les blogs de M et Mme Lafon et leurs élèves :
Les blogs de classe
http://jaysesblogs.blogspot.com/
Savoir en scène
http://savoirenscene.blogspot.com/
Nos années lycée
http://nosanneeslycee.blogs.dordognelibre.fr/
Une sélection de ressources pour enseigner.
Le monde bascule, affirme l’OCDE
C’est un rapport très important que publie le 16 juin l’OCDE. Il transforme notre perception du monde en montrant un monde où les pays du Sud produisent la majorité de la richesse mondiale. On assiste à un basculement de la richesse.
» La croissance rapide des économies émergentes a conduit à un recentrage du pouvoir économique : les prévisions fondées sur les analyses d’Angus Maddison, économiste de renom récemment décédé, suggèrent que le poids économique agrégé des pays en développement et des pays émergents est sur le point de dépasser celui de l’ensemble des pays développés », écrit l’OCDE qui publie le 16 juin ses Perspectives du développement mondial : le basculement de la richesse. « La crise financière et économique a accéléré cette transformation structurelle de l’économie mondiale. Les prévisions à plus long terme suggèrent que les pays en développement et les pays émergents sont susceptibles de représenter près de 60% du PIB mondial en 2030 ».
Selon l’OCDE, le nombre de pays en développement convergeant avec les pays de l’OCDE est passé de 12 à 65 au début du 21ème siècle. Cela a eu plusieurs effets. Les inégalités se sont creusées dans les pays du Sud mais en même temps le nombre de pauvres (moins d’un dollar par jour) a été diminué d’un quart. La croissance des économies convergeantes affecte les autres pays du Sud.
Mais l’OCDE conclue sur une note optimiste. » Le rapport constate qu’il est possible de tirer parti davantage des liens économiques entre les pays en développement. Ces ‘liens sud-sud’, commerciaux, d’aide au développement et d’investissement, sont une source de savoir et de financement de plus en plus importante pour le développement. Par exemple, les gains potentiels dus à une réduction des tarifs douaniers entre les pays en développement – jusqu’aux niveaux prédominants pour le commerce entre les pays du nord – doubleraient presque les gains potentiels d’une réduction équivalente sur le commerce entre le nord et le sud. Somme toute, le basculement de la richesse est une bonne nouvelle pour le développement et une bonne nouvelle pour l’économie mondiale. ‘Alors que beaucoup d’observateurs pourraient voir l‘essor du monde en développement comme une menace à la prospérité ailleurs dans le monde, cela devrait être perçu plutôt comme une opportunité pour que l’économie mondiale passe à la vitesse supérieure’ a commenté M. Gurría.
Utiliser des vidéos en classe
Utilisateurs de Dailymotion, rien n’est plus banal pour nos élèves que l’utilisation de la vidéo. Pourtant ce média est encore peu utilisé en cours. Pascal Ferry-Huiban nous apprend à télécharger un journal télévisé sur Internet et à le modifier à sa guise. Ou encore à récupérer une vidéo sur YouTube ou DailyMotion pour la réutiliser en classe.
Pascal Ferry-Huiban s’adresse aux « nuls » en informatique et décrit pas à pas les manœuvres.
Mais enseigner avec des vidéos peut aussi se faire à partir des sites académiques. Ainsi, celui de Rennes propose une sélection de vidéos, par exemple venues des Amphis des lycéens, qui abordent des thèmes d’économie : la stratégie de Benetton, les retombées de la crise, etc. A Nancy-Metz, le site académique propose des exercices interactifs s’appuyant sur des vidéos. Une jolie façon de réviser !
Utiliser des vidéos
http://ses.ac-creteil.fr/cms2/spip.php?article214
Documents vidéo
http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/ses/AAM/2009/default.htm
Les amphis des lycéens Rennes
http://www.eco.univ-rennes1.fr/themes/SciencesEcoenVideos/
Nouvelle seconde : Des TD pour le nouveau programme de seconde
Alain Beitone publie sur son site une douzaine de TD et exercices conformes au nouveau programme de seconde. On trouvera, par exemple, une fiche pédagogique portant sur le thème « Marché et pollution » (Vincent Levrault), une fiche pédagogique sur le thème « Comment devenons nous des acteurs sociaux? » (Denis Colombi), un TD sur l’élasticité-prix (Emmanuel Buisson), une fiche sur la production (Christophe Rodrigues), un TD sur les entreprises et la mondialisation (Delphine Dolce), un exemple d’étude de la consommation comme marqueur social (Clotilde Tueux, Raphaël Pradeau et Catherine Piarulli).
http://www.eloge-des-ses.fr/pages/pedagogie.html
Les Classiques des sciences sociales
Bientôt 4 000 œuvres en ligne ! Les Classiques des sciences sociales publient leur 3 989ème œuvre (1 169 auteurs différents). Parmi les derniers titres : Thomas Hobbes, (1680) Considérations sur la réputation, la loyauté, les moeurs et la religion de Thomas Hobbes De Malmesbury; Lucien Febvre, Philippe ii et la Franche-Comté. Étude d’histoire politique, religieuse et sociale (1912); Thomas Paine, Le sens commun adressé aux habitans de l’Amérique (1776); Arnold Van Gennep, LE FOLKLORE. Croyances et coutumes populaires françaises (1924) etc.
Construire l’idh
L’UNDP a ouvert un site spécial sur l’IDH, une invention des Nations Unies. Il comprend u remarquable outil interactif sui compare l’IDH de n’importe quel pays à son PNB et à un pays de même niveau. Ainsi à 0,82 d’IDH, la Russie avec 15 000 $ ne fait guère mieux que le Brésil avec 10 000 $. Le Burkina Faso (1 200$) pas mieux que le Congo (400 $).
http://hdr.undp.org/fr/statistiques/acceder/idh_pib/
L’OCDE lance son SIG
Le nouveau site de l’OCDE permet d’obtenir des informations claires sur l’économie, la population et la société de l’OCDE instantanément. . Un outil remarquable puisqu’il permet d’adresser vraiment des questions a la plateforme.
http://stats.oecd.org/OECDregionalstatistics/
Apprendre la dissertation
Eric Fricot nous propose une excellente série d’exercices interactifs pour l’apprentissage de la dissertation en 1ère : reformuler le sujet, exemple d’activité.
http://ses.ac-bordeaux.fr/spip_ses/article.php3?id_article=397
Apprendre la synthèse
Une idée toute bête mais tres efficace pour savoir faire une synthèse. » L’élève doit réaliser un synthèse orale à l’aide de powerpoint après avoir au préalable classer les documents proposés pour répondre au sujet ».
http://pedagogie.ac-amiens.fr/ses/exo_cours_td/aam_2008_2[…]
Lecture d’énoncés : un logiciel pour la classe
» Les difficultés rencontrées par les élèves lors de la réalisation d’une dissertation sont diverses (et cumulables) : compréhension du sujet, mobilisation des connaissances, mise en place d’une articulation logique, rédaction. Cependant, les principaux obstacles à la réussite de leurs devoirs proviennent de difficultés lors de la lecture des énoncés des sujets. Contre-sens et hors-sujet pourraient être évités si l’élève ne se précipitait pas sans réfléchir et avait une lecture attentive et méthodique du sujet. Pour les aider à acquérir une technique qui devrait les aider à lire, moins rapidement et plus méthodiquement, les sujets et, par là même, à mieux réussir la suite de l’exercice, Lecture d’énoncés permet de « couper, coller, effacer, déplacer… » les éléments d’un énoncé pour mieux décortiquer ou reformuler le sujet. » Le logiciel, dans sa nouvelle version, est téléchargeable sur le site de Créteil. On ne peut que le recommander chaudement.
http://ses.ac-creteil.fr/cms2/spip.php?article216
Comment podcaster en cours ou hors du cours ?
Pascal Ferry-Huiban propose une véritable notice pour récupérer des émissions de radio et les réutiliser en cours. On peut même les proposer ensuite aux élèves..
http://ses.ac-creteil.fr/cms2/spip.php?article213
Les SES en podcast
La productivité, l’investissement, la croissance économique : des fichiers Mp3 à télécharger, partager et écouter, accompagnés parfois de chiffres, de définitions etc.
http://ses.ac-rouen.fr/spip.php?rubrique65
Réviser le bac
Retrouver des cours, s’entrainer aux épreuves, trouver de l’aide : c’est tout ce que propose le Guide du Bac et du brevet 2010 du Café pédagogique.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2010/bb_2010_Ses.aspx
Eduquer au développement durable
Un important dossier réalisé par les enseignants de l’académie de Besançon. Ils proposent de nombreux TD mais aussi des évaluations. Par exemple, un TD de Céline Trani sur le développement durable comme argument de vente : travail sur deux distributeurs et sur leur site internet : Leclerc et Carrefour. Ce TD peut être adapté à la classe de 1ère (stratégies des entreprises). Un TD sur la consommation de produits bio à partir de l’analyse d’une image publicitaire (niveau 2nde ou 1ère ES) par Sylvie Fohrer et Mathieu Laureys-Fresneau.
http://missiontice.ac-besancon.fr/s_e_s/Nouveautes.htm