Reconstruire un texte qu’on a du mal à comprendre, à quel prix ?
« Combien de fois devrez-vous écouter une chanson avant d’être capable d’en reconstituer le texte exact ? » Le pari pourrait paraître osé, surtout en maternelle. C Meyer-Dreux a décidé de faire vivre la situation dans son atelier, en annonçant le défi comme possible. Après une première écoute à l’issue de laquelle elle fait émerger l’essentiel de ce qui a été compris (Où? Quand ? Qui ? Quoi ?), elle donne aux différents groupes attablés dans l’atelier un stock d’images qui vont servir à reconstituer le fil de l’histoire. A l’issue de la seconde écoute, la structure de l’histoire est identifiée, les rimes des différentes parties schématisées au tableau. On peut alos rentrer dans la structure précise de l’histoire, progressivlement mise en évidence au tableau.
S’appuyant sur la nécessaire cohérence à trouver entre « ce qu’il y a à dire », et « la manière de le dire » (le style, le temps des verbes, les rimes à retrouvre, et sous la guidance ferme mais bienveillante de l’animateur, les groupes font émerger le texte. On suit pas à pas la frise des images pour retrouver la chronologie des phrases qui se succèdent, on s’interroge sur le procédé d’écriture, on entre dans le rythme de la langue de l’auteur.
L’engagement de chacun a depuis logntemps pris la place du scepticisme initial, et on va jusqu’au bout de la tâche malgré le temps qui passe, et les quelques obstacles difficiles à surmonter. S’il le faut, la tutelle et l’étayage de l’animatrice se renforcent, n’hésitant pas à prendre à sa charge une part de la tâche en donnant les rimes qui n’avaient pas été trouves ans la phase précédente. C’est la dernière ligne droite et la dernière strophe est difficile à accoucher. On s’esclaffe des incompréhensions qu’on avait pu faire à l’écoute. On perçoit de plus en plus les artifices de style, les reprises et les « bis », avant la clôture finale du « eh voilà ».
« – Vous êtres très fort quand même, vous n’avez pas eu besoin de la troisième écoute »
« – Mais vous nous avez bien aidés »
« – Heureusement, sinon, à quoi servirait l’enseignant ? » s’amuse l’animatrice avant de revenir explicitement sur les gestes qu’elle a déployés pour parvenir à gagner le défi en préservant l’estime de soi, pour mobiliser, susciter l’attente et l’écoute sélective dans le flot de l’histoire, recadrer les flottements ou remettre en contexte. « Chacun son rôle dans le partage du travail. Et pas une d’entre vous ne s’est tue… »
Un silence méditatif se fait. « Dans une langue étrangère, on serait dans un contexte assez proche : un enfant reçoit un flot non-morcelé dans lequel il va progressivement trouver des éléments, des éléments de contexte, des structures, des codes… tout comme les autres enfants qui ont à structurer le « langage de l’école » et ses spécificités par rapport à la lange « ordinaire » : compréhension, reproduction avant la production orale, suite à l’exposition répétée en situations diverses, cadrages et mise en catégorisation successifs, avant d’entrer dans la production écrite.
« On pourrait entendre à nouveau l’histoire, pour le plaisir ? » ose une participante…
A vivre, absolument. C’est beaucoup mieux que ce qu’on peut vous en reconter…
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