Par François Jarraud
Peut-on être viré de l’école à 3 ans pour ses mœurs sexuelles dissolues ? En Angleterre, oui ! Une trentaine de bambins ont été chassées de l’école à 3 ans pour divers motifs. Ca ferait sourire si le pays n’avait pas déjà trop de décrocheurs et si ce genre d’événement ne laissait pas d’empreinte dans la mémoire de ces enfants.
Le décrochage c’est le mot du mois. Pour l’UMP il faut punir les parents pour le faire diminuer. Un petit problème : le remède a déjà été essayé. Il ne fonctionne pas…
Viré à trois ans
En Angleterre, les exclusions d’enfants de moins de 6 ans ont augmenté de 6%. « Il y a un problème sérieux et grandissant avec le comportement des élèves les plus jeunes des écoles primaires et cela rend la vie impossible aux enseignants » clame dans la presse anglaise le responsable de l’éducation des conservateurs. En cause, des statistiques qui montrent 2 600 cas d’exclusion d’écoliers de 3 à 5 ans en Angleterre, en 2007-2008, soit 6% de plus que l’année précédente.
Que leur reproche-t-on ? Sur ce total on compte 30 voyous âgés de 3 ans, 830 malfaiteurs de 4 ans et 1 750 racailles de 5 ans. Ils sont exclus pour racisme, violence et même, pour 10 enfants de 4 ans et 20 de 5 ans, pour « inconduite sexuelle ». La presse britannique prend ces choses au sérieux. Le ministre des écoles remarque de son coté que la très grande majorité des écoles n’exclut aucun écolier. C’est peut-être de ce coté là qu’il faut creuser…
Article du Guardian
http://www.guardian.co.uk/education/2009/dec/31/suspended[…]
Menteurs, voleurs, sécheurs : au cabanon !
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2005/09/i[…]
Absentéisme : Faut-il punir les parents ?
« Je suis favorable à ce qu’on regarde comment améliorer l’efficacité de la loi » a prudemment suggéré Luc Chatel en réponse à une proposition du député UMP Ciotti qui demande que soit appliquée une loi de 2006 qui permet de supprimer les allocations familiales des parents des élèves absentéistes. Cette politique est-elle efficace ?
Punir les parents, une idée neuve de l’UMP. En fait, M. Ciotti ne fait que relayer une campagne lancée par X. Bertrand et l’UMP en octobre 2009. Le parti présidentiel avait mis en ligne une pétition appelant les sympathisants à demander » une meilleure application de ce volet de la loi du 31 mars 2006″ demandant la suspension des allocations familiales. Pour l’UMP, « si des absences répétées et injustifiées sont constatées chez un enfant, c’est bien la responsabilité de ses parents qui doit être engagée », il est donc légitime de sanctionner les parents.
Une méthode scolairement inefficace. Cette politique de sanction est appliquée en Angleterre depuis des années. Le pays a mis en place des mesures hyper répressives, qui vont bien au-delà de la suppression des allocations familiales. En 2007 près de 10 000 parents ont été poursuivis du fait de l’absentéisme de leur enfant. Ils risquent des amendes importantes et même la prison ferme : 133 parents ont déjà été emprisonnés. Or les derniers chiffres, publiés en octobre 2009, montrent que cette politique est totalement inefficace. Jamais l’absentéisme n’a été aussi élevé en Angleterre qu’en 2008-2009. 1,03% des heures de cours auraient été manquées, c’est le taux le plus élevé depuis qu’on l’enregistre, c’est-à-dire depuis 1994. En 2007 il était de 0,97%. D’année en année, le taux d’absentéisme ne cesse de progresser en Angleterre. A cela une raison : il y a des motifs sérieux à l’absentéisme. On ne luttera pas contre lui simplement en imaginant que les élèves sont paresseux, les parents incultes et démissionnaires et les profs ennuyeux. Une petite visite sur le terrain, dans les établissements où ce taux est le plus important, pourrait amener les élus UMP à sortir de leur position de donneurs de leçons de morale pour aller sur le terrain social.
Mais électoralement cohérente. La cible réelle de cette mesure ne semble donc pas être un souci d’intégration scolaire des enfants des classes populaires, bien davantage frappés par ce fléau que ceux des classes favorisées. A quelques semaines des régionales, cette mesure participe d’une campagne qui vise à stigmatiser les familles populaires qui sont aussi parfois « d’origine » immigrée. Elle n’empêche d’ailleurs pas le même parti de vanter un dispositif qui vise à rapprocher parents et collèges…
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-41358710@7-37,0.html
Pétition UMP
http://www.u-m-p.org/petitions/allocation-parents_09-10-16/
Les derniers chiffres anglais
http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/education/8316146.stm
Une étude souligne l’intérêt d’une politique d’implication des parents
Une étude montre l’efficacité pour un établissement scolaire de travailler sa relation avec les parents. Expérimenté en 2008 dans l’académie de Créteil, le dispositif « Mallette des parents » a été salué par le président de la République lors de ses vœux. C’est qu’il vient de faire l’objet d’une évaluation par des experts de l’Ecole d’économie de Paris (E Maurin, N Guyon, M Gurgand et F Avvisati).
Il s’agit d’un « outil de communication partagé entre l’institution, les intervenants de laMallette et les parents pour faciliter leurs échanges », explique le rectorat de Créteil. « La réussite scolaire des élèves dépend d’interactions multiples entre la famille, l’école et l’environnement. La clarification des rôles de chacun a pour objectif de créer des synergies entre tous les acteurs, au service de la réussite scolaire des élèves ». Le dispositif consiste en trois réunions débats réunissant parents d’élèves de 6ème et acteurs du collège, axées sur l’aide que le sparents peuvent apporter aux enfants, les relations avec le collège et la connaissance de son fonctionnement.
Selon l’étude , « le premier effet notable de ce programme est un surcroît d’implication des parents auprès de l’institution scolaire et un eplus forte implication auprès de leurs enfants à la maison ». Les parents contactent davantage les enseignants et sont moins convoqués. Les élèves sont moins punis, ont davantage de distinctions décernée spar l’établissement. « L’écart entre les parents des classes bénéficiaires et témoin est de même ordre que celui qui existe entre les familles de cadre et les autre sfamilles ». De plus le changement de comportement gagne les élèves dont les parents ne participent pas au projet.
Mais le dispositif a aussi une limite forte. Si le climat scolaire s’améliore par contre les résultats scolaires ont peu affectés. » Il existe un impact sur certains résultats scolaires en français, notamment pour les exercices les plus simples, à la portée des élèves faibles. Mais dans l’ensemble, l’effet de cette intervention sur les résultats scolaires assez ténu » . » Ce n’est pas très surprenant », note l’étude, « dans la mesure où l’intervention agit d’abord sur les motivations et les comportements, ce qui ne peut avoir d’influence sur les résultats scolaires qu’à plus longue échéance ». Un argument qui semble quand même poser une limite à l’étude. La conclusion semble plus assurée et plus générale : « Le difficile rapport de certains parents à l’école n’est pas une fatalité sociale ».
Etude
http://www.parisschoolofeconomics.eu/spip.php?article882
La mallette des parents
http://www.ac-creteil.fr/jahia/Jahia/site/rectoratCre[…]
A propos des droits des Roms à l’éducation
« Nous, syndicats enseignants et associations nous nous rassemblons aujourd’hui en collectif pour dénoncer la situation scandaleuse et méconnue des enfants roms, dont plusieurs milliers en France restent exclus du droit à l’éducation, 20 ans après la Convention internationale des droits de l’enfant ». Lancé en novembre dernier par plusieurs associations et mouvements, dont le SNUipp-FSU, la FCPE , RESF. l’ICEM, DEI et Solidarité laïque, cet appel a du mal à trouver son audience si l’on en juge par le faible nombre de souscripteurs de la pétition (56 !).
Elle demande » que les maires respectent à la lettre leur obligation de « dresser la liste de tous les enfants résidant dans leur commune et qui sont soumis à l’obligation scolaire.» (Code de l’Education -Art. L131-6), que les Conseils Généraux prennent au sérieux leur mission de protection de l’enfance.., que les Inspections Académiques ne se contentent pas d’attendre les demandes d’inscription que font remonter les associations mais se soucient des enfants pour lesquels personne n’a entamé de démarches, et qu’elles mettent ensuite à disposition les moyens adaptés pour les accueillir immédiatement dans les établissements ».
La pétition
http://www.mesopinions.com/Appel-du-collectif-p[…]
Un sénateur UMP demande le droit de fouille sur les élèves
S’appuyant sur l’assassinat d’un lycéen au Kremlin Bicêtre, le sénateur Christian Cambon a demandé que les chefs d’établissement aient un droit de fouille sans limite sur les élèves. « Il faut renforcer le rôle des chefs d’établissement… : ils connaissent les élèves perturbateurs et violents » a déclaré M Cambon. « Aujourd’hui, les directeurs ont le droit de contrôler le contenu des sacs de classe mais l’élève peut s’y opposer. Les agents de sécurité dans les aéroports ont plus de pouvoir ! L’élève ne devrait pas pouvoir se soustraire au contrôle ». Le gouvernement a estimé la solution peu pratique les élèves entrant et sortant des établissements en foule…
Compte-rendu Sénat